L'union Forcée

7. Nuage

Thalia

C'est agaçant de voir toutes ces servantes tourner autour de moi pour me pomponner. Il est bientôt 17h, dans une heure sera le grand moment. Ça doit faire environ 4h que je porte déjà ma robe de mariée, je ne comprends pas pourquoi je dois la mettre si tôt alors que nous allons échanger nos vœux à 18h. À cause de toute cette agitation, je n'ai pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner. Je pense que je vais faire un tour dans les cuisines. Je vois Élise ramasser des bouts de tissu, il est préférable que je lui dise, sinon tout le monde va être à ma recherche.

- Élise, je vais faire un tour dans les cuisines pour grignoter quelque chose.

Je la vois prendre un air horrifié, faisant tomber ce qu'elle avait ramassé depuis quelques minutes.

- Oh, ma lady, je suis sincèrement désolée. L'idée de vous rapporter votre petit déjeuner m'est complètement sortie de la tête, dit-elle en portant ses mains vers sa bouche.

- Voyons, Élise, tu sais très bien que je ne t'en voudrai pas pour si peu, lui dis-je en lui adressant un sourire pour la réconforter.

- Je suis vraiment navrée, je vais de ce pas vous chercher un encas.

- Non, ça ira. Je pensais aller voir Nuage, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. Comme c'est mon mariage et que ma punition est levée, je n'ai plus à être enfermée ici. Je me lève sans attendre qu'elle puisse en dire davantage.

Peut-être aurais-je dû retirer ma robe pour éviter de la salir, mais après tout, ce n'est pas si grave. Je veillerai à faire attention. Notre cuisine est réellement splendide, ce qui n'est guère surprenant puisque mon père est un adepte de la bonne cuisine. C'est pourquoi nous avons le meilleur pâtissier et cuisinier du pays, Alberto Cuistin.

En entrant dans la cuisine, mes yeux s'écarquillent devant la profusion de délices qui s'étalent sur les étagères et le plan de travail. Des arômes alléchants chatouillent mes narines, tandis que mes papilles s'émoustillent d'avance. Des plateaux de pâtisseries finement décorées rivalisent avec des plats fumants et colorés, témoignant du talent incontesté d'Alberto Cuistin. Des bols débordant de fruits frais côtoient des fromages odorants, créant un tableau appétissant et invitant, habituellement, il y a n'a pas autant, ça doit être tous les préparatifs pour le mariage, au moins, je suis sûre de ne pas avoir faim.

Une petite pâtisserie me tape dans l'œil au coin d'une table, il me semble que ce soit une pâtisserie française, le macaron, enfin peu importe, je vais en prendre quelques-uns et prendre une pomme et une carotte pour Nuage. Je me dirige vers les écuries, le chemin de pavé résonne sous mes pas. À l'intérieur, l'odeur chaude du foin m'accueille. Nuage hennit doucement en me voyant arriver, impatiente de recevoir sa collation. Je lui tends la pomme et la carotte, qu'elle dévore avec enthousiasme. Pendant qu'elle mange, je profite de ce moment paisible pour brosser sa robe soyeuse et lui murmurer des mots doux.

Clac clac clac

J'entends des bruits de sabots, qui résonnent dans le calme matinal. C'est une scène habituelle, quelqu'un profite certainement d'une balade à cheval. Mais en ce jour si important, le jour de mon mariage, cela semble étrange.

- Thalia, que fais-tu ici ? Ne devrais-tu pas être en train de te préparer ? Une voix douce me tire de mes pensées. C'est Scott, avec son sourire chaleureux qui réchauffe toujours mon cœur. Je me retourne vers lui, arborant un sourire en retour.

- Scott ! Je trouvais étrange que quelqu'un sorte un cheval aujourd'hui, mais c'était donc toi. Je suis prête depuis ce matin, je m'accorde juste un peu de repos. Que t'arrive-t-il ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette, surtout pour quelqu'un qui adore monter à cheval.

Il ne fait que du cheval quand il est peiné...

- J'aimerais discuter avec toi, Thalia. Il me tend la main, mais j'hésite. Accepter sa proposition signifierait affronter mes sentiments refoulés, et c'est déjà assez difficile comme ça.

- Désolé, Scott, je vais devoir décliner. Élise doit sûrement être inquiète, et je suis déjà en retard. Je repousse sa main délicatement et lui adresse un sourire timide avant de contourner pour rentrer au palais.

- Thalia !

Le cri de mon prénom me fait sursauter. Je me retourne, surprise. C'est la première fois que je le vois aussi déstabilisé.

- Scott que t'arrive-t-il ? Tu ne te sens pas bien ?

Je le vois rouge de gêne alors qu'il s'apprêtait à dire quelque chose, il n'a pas eu le temps de le faire. J'entends Élise crier mon prénom avec à ses côtés mon frère. Je me retourne pour leur faire signe de la main, mais Issac semble être en colère. Je jette un coup d'œil en arrière pour voir ce que Scott fait, mais je le vois partir au loin. Mentirais-je si je disais que le voir s'éloigner ne me faisait rien ?