8. Douloureux

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Je vais faire mon entrée dans cinq minutes. L'atmosphère est tendue, je ressens une certaine nervosité. J'ai essayé de me résigner et de voir les choses positivement, après tout, je n'ai pas d'autre choix que d'accepter cette union. Peut-être que si je fais les choses correctement, ce ne sera pas si terrible. Certainement que ce mariage sera une réussite, et qui sait, sûrement que je pourrais finir par l'aimer. Mon père devrait bientôt venir me rendre visite. La dernière fois que je l'ai vu, c'était le jour où il m'a enfermée dans ma chambre pour ne pas l'avoir écouté. Cela me rend triste, car nous avons une bonne relation, mais les pressions de notre royaume et des guerres l'ont transformée. Je sais qu'il ne veut que mon bien, mais malheureusement, ses valeurs traditionnelles et ses idéaux sur le rôle de la femme ne sont pas toujours faciles à accepter. En parlant de lui, je le vois hésitant au bout du couloir. Un mélange d'émotions envahit l'atmosphère. Mon sourire compatissant semble toucher quelque chose en lui, et ses yeux reflètent l'émotion de voir sa seule fille vêtue de sa robe de mariée. Lentement, il fait un pas vers moi, son expression exprime de la tendresse et de la réflexion.

— Ma jolie princesse, tu es splendide. Dit-il larmoyant. Je préfère ne rien dire et le regarder, ce n'est pas parce que c'est mon père et que je l'aime que je cautionne ces actes. Il reprend la parole.

— Thalia avant que tu signes pour ce mariage, j'aimerais m'excuser auprès de toi. Je m'en veux terriblement de m'être emporté de telle sorte sur toi, j'étais tellement dévasté par les événements que je n'ai pas eu le choix, je ne veux pas que notre relation finisse comme ça. Je t'aime ma chère fille.

Je le vois s'avancer vers moi pour me prendre dans ses bras, j'ai hésitée à lui dire une énième fois que je veux refuser ce mariage mais je savais que ça ne servirait à rien. Je préfère le prendre dans mes bras, je veux ressentir une dernière fois sa chaleur,  le serrer de toutes mes forces contre moi. Qui sait quand sera la prochaine fois que je le verrai ? Je suis au bord des larmes, c'est ce dont j'avais le plus besoins : que l'on me parle, que l'on m'explique, que l'on m'aime, que l'on ne m'abandonne pas.

— Mais moi aussi, je t'aime, papa. Lui dis-je d'une voix tremblante qui risque à tout moment de me trahir.

Après une étreinte, je vois ma mère à nos côtés qui peine à retenir ses larmes et qui m'enlace à son tour. Ce geste me rend plus forte pour affronter mon mariage. Père revient vers moi et me tend son bras. Je comprends que c'est le moment, je m'écarte de ma mère, je repousse avec mes doigts les 2, 3 larmes qui risquent à tout moment de tomber et prends le bras de mon père. Les grandes portes ornées d'or et de fleurs s'ouvrent lentement, mon père entreprend sa marche solennelle, mon cœur bat la chamade. Je sens le regard de mes proches posé sur moi, et le poids de la responsabilité qui accompagne chacun de mes pas. Je me concentre, en fixant mes yeux au sol, n'osant pas relever la tête.

J'ai l'impression que tout ne se passe pas comme prévu. Tout est beaucoup trop calme pour ce genre de festivité. Je relève un peu la tête malgré moi et aperçois des regards sombres rivés sur moi. La salle se remplit de murmures. Une atmosphère pesante. J'aimerais me cacher sous ma robe. Je tourne mon regard vers mon père, il semble ne pas comprendre la situation. Nous avons fini notre entrée dans la salle. Il n'est pas là. Je déglutis, j'ai peur, je deviens rouge de honte. Pourquoi n'est-il pas là ? Que se passe-t-il ? Je ne veux pas être la demoiselle délaissée par son mari dès le 1ᵉʳ jour. Même s'il ne voulait pas de moi, comment peut-il me faire ça ? On aurait pu s'arranger plus tard. J'ai du mal à respirer, je ne sais pas où regarder. Un gros grincement se fait retentir, les portes de la salle se rouvrent, il est là ? Je me retourne délicatement et redresse la tête soulagé et assez contente de ne pas être délaissé. Je vois un homme blond aux yeux rouges, d'une sensualité captivante, entouré d'une aura magnétique. Ses cheveux d'or encadrent un visage sculpté, où l'éclat carmin de ses yeux intrigue. Son charme et sa présence envoûtante attirent les regards, son allure élégante et son sourire charmeur séduisent instantanément.

— Je me présente, Hélios, bras droit du seigneur Karantaque, je suis là pour signer le pacte à sa place. Il s'avance et prend la plume dans ses mains.

PARDON?! Pardon...

Je tombe des nues. Tout le monde dans la salle ouvrent grand la bouche, les murmures reprennent, des yeux observateurs me scrutent, des ricanements éclates, j'angoisse. Je n'attends pas une seconde de plus. Je prend la plume pour signer. Un blanc s'installe, Hélios me tend la main, je la prends et nous sortons de cet enfer.

L'union ForcéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant