10. L'arrivée

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J'ai tellement chaud dans ce carrosse que ça m'étouffe. Vivement que la fraîcheur du soir soit    là ! J'espère que l'on ne va pas trop tarder à rentrer ; je n'ai pas envie de camper dans une forêt remplie d'espèces différentes. Rien que l'idée me donne la chair de poule. Les paysages sont si beaux et variés ; j'aperçois même des lapins gambadant et je souris bêtement.

— Alors, madame, on apprécie le paysage et le trajet ? Je sursaute en entendant la voix d'Hélios. Oh, que veut-il encore, celui-là ? Toujours à apparaître où il ne faut pas. Je soupire et le regarde droit dans les yeux, en arquant un sourcil.

— Nous allons sûrement arriver très tard. Le coucher du soleil va bientôt arriver. Le soir, dans nos contrées, il y a beaucoup de bêtes sauvages, donc si vous entendez des bruits, c'est normal. N'ayez pas trop peur. Au pire des cas, appelez-moi, je serai là pour vous rassurer, me dit-il en m'adressant un clin d'œil tout en avançant sur son cheval.

Il est complètement malade de ce type, mais au moins, il m'a renseignée sur notre position. Si le coucher du soleil arrive, c'est qu'il est bientôt 22 heures, et il a dit que nous arriverions tard, donc peut-être 3 ou 4 heures du matin. Il me reste donc 6 ou 7 heures à rester assise dans ce carrosse. J'ai mal au dos et j'ai envie de faire pipi. Ce n'est pas possible, je ne pense pas pouvoir me retenir plus de 10 minutes.

Je regarde autour de moi, cherchant désespérément. Les arbres défilent, majestueux et indifférents à mon inconfort. Chaque minute semble durer une éternité. J'essaie de me distraire en observant les jeux d'ombres et de lumières dans la forêt, mais l'envie pressante ne fait que s'intensifier. Je prends mon courage à deux mains et crie à travers la petite fenêtre du carrosse.

— Hélios ! Arrêtez le carrosse, s'il vous plaît !

Il se retourne, surpris, et tire sur les rênes de son cheval. Le carrosse ralentit et finit par s'arrêter. Hélios se rapproche de la fenêtre, une expression inquiète sur le visage.

— Quelque chose ne va pas, madame ?

Je rougis légèrement, gênée d'admettre mon besoin, mais je n'ai pas le choix.

— J'ai besoin de... faire une pause. Un arrêt d'urgence.

Il sourit, comprenant immédiatement. Il descend de son cheval et ouvre la porte du carrosse.

— Très bien, madame. Suivez-moi, je vais vous trouver un endroit discret.

Je descends du carrosse avec précaution, mes jambes engourdies protestant contre ce brusque changement de position. Hélios m'accompagne jusqu'à un bosquet à quelques mètres de là, me laissant ensuite seule pour préserver ma pudeur.

Une fois soulagée, je retourne vers le carrosse, me sentant mieux. Hélios m'attend avec un sourire amusé.

— Tout va bien, maintenant ?

Je hoche la tête, reconnaissante.

— Oui, merci. Nous pouvons repartir.

Nous remontons dans le carrosse, Hélios donne un coup de talon à son cheval. Nous nous remettons en route, les roues crissant doucement sur le chemin de terre. Le ciel commence à se teinter de couleurs orangées alors que le soleil se couche lentement. La fraîcheur du soir apporte un peu de réconfort et je me pelotonne dans un coin du carrosse, essayant de trouver une position plus confortable. Hélios chevauche à côté du carrosse, son regard scrutant les environs avec vigilance. Malgré ses airs agaçants, je dois admettre qu'il a quelque chose de rassurant.

La nuit tombe, les bruits de la forêt deviennent plus intenses. Des hululements de chouettes, des craquements de branches... Chaque son semble amplifié dans l'obscurité. Mais je me sens un peu plus sereine, sachant qu'Hélios veille. Le trajet continue dans une atmosphère plus calme. La lumière de la lune éclaire faiblement la route et les étoiles commencent à scintiller au-dessus de nous. Je laisse mon esprit vagabonder, bercée par le rythme régulier du carrosse et les sons apaisants de la nuit. Au bout de quelques heures, alors que la fatigue commence à se faire sentir, Hélios ralentit soudainement son cheval. Intriguée, je me penche pour voir ce qui se passe. Devant nous, un ruisseau traverse la route. L'eau scintillait sous la lueur de la lune et l'endroit paraissait presque magique.

L'union ForcéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant