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Dix minutes après être sorti du cours du professeur Keen (ou étaient-ce vingt minutes ? Harry ne pouvait en être certain), il était assis à un bureau de la salle de Métamorphose et les élèves s'installaient pour le cours qui allait débuter. Ron et Hermione échangèrent un regard auquel Harry ne prêta pas attention, et Ron s'installa à côté de lui tandis qu'Hermione prenait place au bureau derrière eux à côté de Neville.

Pendant le cours, Harry focalisa le peu d'attention et d'énergie qui lui restait sur ce que leur montrait le professeur McGonagall - ils essayaient aujourd'hui de changer des pies en téléphones sorciers, rien de très difficile, heureusement.

« Comme l'expression l'indique très justement, les pies sont très bavardes et font donc des moyens de communication excellents, expliqua le professeur McGonagall en haussant la voix pour couvrir les jacassements des volatiles. Vous vous rendrez rapidement compte que la principale difficulté consiste à faire en sorte que l'animal arrête de bavasser pendant les quelques instants dont vous aurez besoin pour opérer la métamorphose. Et surtout, faites bien attention...
- Aïe ! s'exclama Neville en se tenant l'index qu'une pie venait d'attaquer d'un coup de bec.
- ... de ne pas vous faire pincer les doigts. »

Malgré le vacarme ambiant, Harry ne put s'empêcher de bailler à plusieurs reprises pendant les explications du professeur McGonagall, ce qu'il fit le plus discrètement possible en cachant sa bouche avec ses mains. Ron s'y était mis aussi, et baillait à s'en décrocher la mâchoire sans tenter de le cacher. Il n'était pas le seul : plusieurs élèves baillaient et certains dodelinaient de la tête comme s'ils avaient du mal à rester éveillés. Nott avait laissé tomber sa tête sur l'épaule de Parkinson, qui semblait garder les yeux ouverts avec difficulté. Zabini avait posé sa tête sur ses deux mains, tandis que Malefoy avait déjà les yeux fermés, un air endormi et détendu sur son visage d'ordinaire si crispé et hautain. Il semblait presque vulnérable et Harry ne put s'empêcher de remarquer que cela lui donnait un air adorable.

Le cerveau embrumé de Harry marqua une pause. Vulnérable ? Adorable ? Malefoy ? Il chassa ces pensées perturbantes aussi vite qu'il le put et reporta son attention sur la classe. Même Hermione semblait avoir toutes les peines du monde à garder les yeux ouverts et n'y parvenait qu'au prix d'un énorme effort de sa volonté. Tous les élèves semblaient atteints d'une sorte de léthargie, et Harry se rendit compte que même le jacassement des pies avait cessé. Ces dernières avaient l'œil morne et se mouvaient avec difficulté comme si elles étaient au bout du rouleau. L'une d'elle esquissa même ce qui ressemblait à un bâillement, mais Harry mit cette vision sur le compte de son imagination. De ce qu'il savait, les oiseaux ne baillaient pas, si ?

Le professeur McGonagall prit la parole d'un ton las :

« Que vous arrive-t-il aujourd'hui ? demanda-t-elle. J'ai rarement vu une classe de métamorphose de pies aussi éteinte. »

Elle conclut ces quelques mots par un bâillement. Si l'esprit de Harry n'était pas si engourdi, il aurait remarqué que de mémoire d'élève, on n'avait jamais vu le professeur McGonagall se comporter de façon aussi peu digne - voir Rusard faire une déclaration d'amour aux jumeaux Weasley aurait été moins étrange. Mais il était trop fatigué pour s'y intéresser plus longuement. En fait, il était si épuisé qu'il sentait la fatigue irradier de son corps par vagues. Et le reste de ses camarades ne semblait pas en meilleur état - l'instant d'après, la tête de Ron tomba avec fracas sur son bureau et il commença à ronfler bruyamment.

Cela sembla réveiller le professeur McGonagall qui s'exclama d'une voix forte :

« MONSIEUR POTTER ! »

Toute la classe sursauta, sauf Ron qui continua de dormir à poings fermés en poussant des ronflements sonores.

« Je sais que vous êtes épuisé, et ce que vous faites sur votre temps libre ne me regarde pas, mais je vous interdis d'endormir ma classe ! » tonna le professeur.

M'accorderas-tu cette danse ? (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant