Dangereuse obsession

LIBÉRATION

              "Si avant je voulais que mon père soit encore en vie ce n'est plus le cas."

                                                                             JUDITH

Je m'écroule au sol. Mon père baigne dans son sang et la situation me ramène à celle de l'été dernier. Sauf que cette fois c'est vrai. Mon père est mort.

Mon père est mort. Mon père est mort. Mon père est mort. Pour de vrai.

Je n'y crois toujours pas et pourtant... Ça me fait moins mal.

Mes larmes et mes cris sont une réelle libération : de la colère envers lui, le chagrin d'avoir perdu quelqu'un de cher, le bonheur de pouvoir avoir la vie sauve et de pouvoir me reconstruire, la peur de ne vivre qu'avec ma mère pour de vrai...

Mais du bonheur principalement. Ma libération.

Si avant je voulais que mon père soit encore en vie ce n'est plus le cas. Évidemment je suis peut-être égoïste de le penser mais après avoir vu ce qu'il était réellement, il est mieux là où il est.

La grande main de Adam me caresse chaleureusement le dos, et je fais mon deuxième deuil. Le deuxième deuil de la deuxième mort de mon père.

    - Judith...  Ryle m'observe, penaud.

Adam lui hurle de se taire. Sa colère contre Ryle n'a jamais été si réconfortante. Il ne me crie pas dessus, ses mots sont forts, mais pas contre moi : pour moi. 

Mes larmes ne coulent plus mais mes poumons hurlent.

Quelques minutes plus tard, le corps de mon père est transporté jusque dans une salle vide. Une salle vide et laide : à son image.

    - Judith... On devrait y aller...

Adam ne voulait pas forcement que l'on parte, il voulait surtout que j'arrête de fixer le cadavre de mon père. Une vision qui ne m'échappera jamais plus.

    - Je suis désolé Judith, pour tout ça. Tu ne le méritais pas. Tu n'as jamais mérité tout ce qui s'est passé... 

    - Je sais.

Je n'avais rien d'autre à dire.

 En fait, je me sentais plutôt vide. J'avais perdu quelq'un oui, mais cette personne était mauvaise.

    - Il n'était pas bon, mais c'était ton père... C'est normal de te sentir vide.

Il avait sorti ça d'un ton léger, comme si il avait enlevé le poids qui me pesait. Il lis en moi.

Je me suis tournée si vite vers lui qu'il quitte la route des yeux pour me regarder, me voir.

    - Je t'aime Adam.

Il souris et se concentre à nouveau sur la route. Sa main chaude caressant mon genoux.

Je me sent en sécurité, avec l'homme qui m'a sauvé d'une mort certaine et en quittant le lieu de la mort de mon père.

Rentrer à l'hôtel avec Adam est risqué, surtout quand Eve nous observe d'un regard plus qu'accusateur.

    - Vous étiez ensemble? 

    - Pardon?

Adam ne me laisse pas la parole, je ne me sent tout bonnement pas capable de la confronter pour le moment.

    - Vous rentrez ensemble, où étiez-vous?

    - Ça te regarde peut-être??

    - Je pense que ça intéressera le directeur du moins.