le Deuil

79 13 8
                                    

La dernière fois que je l'ai vue, c'était devant son cercueil. Elle était une femme dans la trentaine, cheveux bruns, longues, retenus en champignons sur la nuque. Elle était de ce genre de femme capable d'émouvoir un coeur d'homme par un simple baiser sur la joue. Elle n'était même pas malade, une femme à fleur d'âge, mais le destin à cette fâcheuse tendance de changer le cours des choses.
Ce sont ses yeux si magnifiques à l'époque, d'un bleu presque gris, attentifs à tout, pleins de vivacité, qui m'ont attiré vers elle.Je me rappelle encore de ce jour là,de la manière dont je l'ai abordée , cela a été un véritable désastre. C'est la faute de mon regard provocateur qui a presque réussi à la faire fuir.
Mais ce petit incident était le déclencheur de cette belle journée pour moi et autant qu'elle selon son argument il y a si longtemps.
" À l'époque j'ai été attiré par ce bel homme, mais lorsqu'il ouvra la bouche, je me suis dit 'QUEL BÊTE DE FOIRE!' Mais bon, mon comportement, ma façon d'être, le reste était entre les mains du destin.

À partir de cet argument, j'ai réalisé que l'amour que je ressentais pour elle n'était pas basé uniquement sur son apparence physique , mais également sur sa magnifique personnalité. La personnalité d'une femme capable de rendre un homme de tout chagrin, libre.

Aujourd'hui, Je suis désemparé à l'idée de la regardée s'en voler vers les étoiles.
Devant son cercueil, je reste perplexe face à sa mort. Et la question es ce de ma faute ? Ne cesse de tourner dans ma tête.
Lorsqu'on remonte le temps d'une semaine avant que sa vie s'achève, elle m'a demandé d'apporter plusieurs ingrédients dont le plus principale que j'ai oublié. Elle m'avait réprimandé comme une mère le ferait. Elle avait insisté que j'y retourne mais j'avais protesté en disant :
" Arrête de m'embêter, oui, arrête ,si tu veux quelque chose t'a qu'à y aller l'acheter."
Et sur le coup elle était partie à ma place et n'était jamais revenue.

Je ressens une profonde culpabilité de l'avoir laissé partir, et je reconnais que mon comportement a été indigne. Malgré les encouragements de mon entourage ,je reste inhérent face à la situation.
Je regardais encore le cercueil , et mes larmes ont coulé abondamment, comme un torrent sans vouloir s'arrêter. Et un ami proche m'approcha ,m'a alors confié dans le but de me consoler:
_ Stanley, on dit que les funérailles sont faites pour les vivants, non pour les morts, et ce n'est que trop vrai. Nous ne pleurons pas seulement sur les disparus mais aussi sur nous-mêmes, sur la brièveté choquante de la vie, sur tous les faux pas que nous commettons en descendant le chemin de l'existence, tels des étrangers dépourvus de repère et de cartes. Je comprends ta douleur.

Les magnifiques phrases extraits d'un livre que j'ai lu ,n'ont malheureusement pas suffit à atténuer ma profonde tristesse. Mais pourtant cela m'a incité a resté debout pour regarder le cercueil s'enfonçant dans la terre, et, j'observais avec solennité le pasteur récitait un passage de l'apocalypse :

Et Dieu essuera toute larme de leurs yeux.
Et la mort ne sera plus,ni deuil,
Ni pleurs, ni souffrance ne seront plus
Car ce qui s'est passé s'en est allé.

A ce moment précis ,j'ai éprouvé une forte sensation, j'ai eu du mal à avaler ma salive. Ni deuil, ni pleurs, ni souffrance... Elle méritait une meilleure destinée, le droit de vivre sa vie. Si Dieu existait vraiment,il aurait pu reconnaître l'importance de cette femme qu'il a laissé partir. En une fraction seconde , j'ai réalisé que Dieu était mort , expliquant ainsi la multitude de catastrophes qui frappent notre monde.

Lorsque mes jambes ont commencé à fléchir et que je me suis sentie incapable de rester debout , j'ai fait appel à mon ami Marc pour m'accompagner. Malgré ses citations parfois excessives, il a su ce montrer compréhensif, courtois et attentif à mon besoin de me détendre. C'est ainsi qu'il m'a conduit jusqu'à un bar au croisement de la 73 ème rue de l'avenue d'Amsterdam Avenue a Flushing Meadow, juste sous l'axe d'un supermarché. Et sur le coup, j'ai  consommé de l'alcool  excessivement dans le but d'oublier le passé.

Mon Harceleur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant