18. Vengeresse

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Souvenirs de Harrison.
3 ans et demi plutôt.

­­— Tu pourrais faire l'effort de remplir ton frigo quand tu invites quelqu'un. Le seul aliment, c'est de la salade qui tire la tronche, se plaint Luke en fouillant les placards.

— J'ai des dettes à rembourser, espèce de merde. On ne fait pas tous les cons à se battre dans des foires.

Les assurances n'ont pas couvert la moitié des frais médicaux de ma mère, je tente de m'en débarrasser au plus vite afin que cette histoire de cancer soit derrière moi, quitte à être sur la paille.

Elle est décédée il y a plus d'un an d'un second cancer qui a rappliqué plus vite que le premier n'est parti. J'aimerai ne plus avoir la crainte de cette maladie aux tripes, j'ai vécu si longtemps avec elle en tant qu'ennemi que maintenant qu'elle s'est envolée avec ma dernière famille, je la sens me poursuivre.

Il est temps de couper les ponts pour de bon.

— Je te l'ai dit. Si tu veux du fric, je t'en donne, Harris. On va commander, hein, parce que ce n'est pas dans ton garde-manger qu'on va se rassasier.

— Ton fric est sale, j'ai suffisamment baigné dans des occupations louches pour une vie.

Il s'approche pour m'apporter une tape brève à l'épaule.

— Le jour où tu mettras ta fierté de côté tu sauras que je suis là, c'est ça de prit.

Je n'ai jamais mis les pieds dans le club de boxe où il traîne, je ne compte pas le faire.

Avant d'y entrer, Luke a reçu une liste d'instructions bien suffisante pour m'écarter un maximum de ce qui l'attend. Nous avons tenté de l'en dissuader, Imani et moi, rien à faire.

Je respecte son choix, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment. Il se défend plutôt bien pourtant, il parvient à gagner dans la plupart des cas.

— Pizza ? Sushi ? Mexicain ? il m'interroge, son téléphone à la main. Non, tu sais quoi, je prends sushi. C'est le plat préféré d'Imani. D'ailleurs, envoies-lui un message pour lui demander si elle est partie du boulot.

Il s'éloigne pour passer l'appel de la commande. Je ne bronche pas et transfère à Imani son message.


***
🥊🥊🥊

Imani est arrivée il y a une demi-heure, Richard il y a un quart d'heure et la commande il y a cinq minutes. Nous sommes tous les quatre autour de la table du salon, à manger dans nos barquettes, moi et Luke sur le canapé, Imani en tailleur par terre et Richard sur le pouf.

C'est l'un de ces moments, qu'on passe ensemble à rigoler. Comme une famille. J'en profite car ils sont tout ce qu'il me reste, et j'ai vite appris que toute bonne chose a une fin.

Luke me charrie, il dit que je suis trop sentimental, or il sait que j'ai raison. Nos relations se sont forgées au fil des années, sans eux je serai seul.

Certes il resterait Logan, mais il squatte plus l'une des pièces de mon appart qu'autre chose, trop occupé à vivre au jour le jour. La preuve, je ne l'ai pas croisé de la semaine.

Richard m'a recueilli quand je devais joindre les bouts pour ma mère, je manquais d'argent et de temps. Combiner les cours et mon job de caissier me prenait toutes les heures des journées. Je n'arrivais plus à emmener ma mère à l'hôpital pour ses soins. Il m'a trouvé à l'âge de quinze ans, derrière mon bureau de caisse, des poches sous les yeux, une calculette et des factures impayées sur les genoux.

WAGERS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant