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« Okay les garçons, j'ai besoin que vous soyez à 100% dedans aujourd'hui parce que cette scène est très, très importante ».

Gabrielle les avait pris à parti ce matin, avant qu'ils n'aillent enfiler leur tenue, pour bien faire entrer dans leur esprit le rôle crucial de la séquence qu'ils s'apprêtaient à tourner.

« C'est la scène de réconciliation, celle où, après des semaines à s'éloigner de Léo, Isaac se rend compte qu'il tient à lui plus qu'à n'importe qui d'autre, plus qu'à un ami, et décide de revenir vers lui ».

Les deux garçons hochèrent la tête, bien conscients de l'importance de cette scène qui représentait l'apogée du récit, le dénouement de mois de frustration entre les deux personnages.

Gabrielle les avait prévenu dès le début que cette scène serait différente des autres, qu'elle serait plus physique pour ainsi dire.

Elle débutait de manière assez anodine, avec Isaac qui demandait à Léo de le rejoindre dans leur salon pour qu'ils aient une discussion. Puis cette conversation très attendue se retrouvait finalement vite interrompue, les deux garçons se sautant dessus, incapables de supporter encore un instant la distance qu'ils s'étaient imposé.

La séquence évoluait ensuite très rapidement jusqu'à ce que les deux garçons finissent ensemble dans le lit de Léo, leurs vêtements éparpillés aux quatre coins de l'appartement.

Pour la scène d'intimité qui suivait, la production leur avait proposé d'être remplacés par des doublures, puisqu'on ne distinguait pas clairement leurs visages dans la pénombre de la chambre.

Maxime avait décliné la proposition, estimant que personne d'autre que lui ne se serrait mieux à même d'incarner ce moment de vulnérabilité vécu par son personnage.

Sidjil, quant à lui, avait longuement hésité, un peu séduit par l'argument de Maxime. Mais il s'était finalement résigné à laisser quelqu'un de plus aguerri jouer la scène à sa place, pas totalement à l'aise à l'idée de se mettre figurativement comme littéralement à nu devant tant de gens. 

Maxime se retrouvait donc à troquer son partenaire de jeu habituel pour une doublure, Eliott, qui ne ressemblait que vaguement à Sidjil.

Quand on lui avait annoncé la nouvelle, il s'en était d'abord réjouit, puisque jouer une telle scène avec Sidjil lui semblait être la pire forme de torture qu'on puisse lui infliger.

Mais maintenant qu'il se retrouvait sous le corps d'un autre, le souffle d'Eliott venant s'échouer contre son cou, il en voulait presque à Sidjil d'avoir renoncé à tourner cette scène avec lui. Il aurait aimé que ce soit les mains du toulousain qui se glissent autour de sa taille, et sa bouche qui descende le long de son torse.

Il fit tout pour rester concentré, tout pour ne pas rompre avec son personnage. Mais il n'arrivait pas à être Isaac sans son Léo. Frustré et incapable de rester plongé dans la scène, il ouvrit finalement les yeux, les posant involontairement sur Sidjil qui se tenait juste à côté de Gabrielle.

Le plus grand le regardait fixement, les bras croisés et la mâchoire serrée. Maxime ne parvenait pas vraiment à décrypter son état d'esprit. Une partie - sûrement un peu irrationnelle - de lui y voyait de la jalousie, tandis qu'une autre lui soufflait que Sidjil devait simplement être mal à l'aise devant un tel spectacle.

Quand leur regard se croisèrent, Maxime se retrouva incapable de détourner la tête, comme prisonnier de l'aura qui entourait le toulousain. Une sensation étrange l'envahît alors, il avait l'impression que le corps d'Eliott avait été remplacé par celui de Sidjil et que c'était ses lèvres qu'il sentait se balader sur sa peau.

Les touchers qui le laissaient jusqu'alors indifférent éveillèrent alors en lui des sensations nouvelles, à tel point qu'il cambra légèrement son dos pour se rapprocher encore davantage de l'autre corps. Sans rompre le contact visuel avec Sidjil, il laissa s'échapper de ses lèvres un soupir seulement à moitié simulé.

« Coupé ! Maxime c'était génial sur la fin mais ça serait encore mieux si tu pouvais garder les yeux fermés. On peut la refaire comme ça ? ».

La remarque de Gabrielle brisa d'un coup la tension qui s'accumulait jusqu'alors entre les deux hommes et ils détournèrent tous les deux le regard, le rouge aux joues.

Du coin de l'œil, Maxime vit que Sidjil avait l'air d'hésiter - sûrement à quitter la pièce pour échapper à l'atmosphère pesante qui y régnait désormais. Mais non, au lieu de marcher vers la sortie comme le prédisait Maxime, le toulousain se dirigea d'un pas décidé vers Gabrielle.

Malgré le volume plutôt faible de leur voix, la conversation parvint aux oreilles de Maxime, qui ne faisait de toute façon pas beaucoup d'efforts pour feindre de ne pas les écouter. Dire qu'il fut surpris d'entendre ce qu'était allé lui demander Sidjil aurait été un euphémisme.

« Finalement, ça me dérange pas de participer à la scène », annonça le toulousain d'un ton assuré qui ne laissait aucune place à la contradiction. 

« T'es sûr ? », lui demanda tout de même Gabrielle, surprise de le voir soudainement changer d'avis. « Sid, ça change absolument rien pour moi. Le plan ne sera pas moins bien avec ta doublure, te force pas pour ça ».

« Oui vraiment je veux le faire, pas pour le plan mais pour moi. J'ai envie de me prouver que je suis capable de tout jouer, même ce qui me sort un peu de ma zone de confort ».

« Bon, c'est comme tu le sens... », concéda finalement la réalisatrice. « Mais si tu changes d'avis il y a pas de soucis, on reprendra avec Eliott, ok ? ».

Sidjil hocha la tête pour montrer qu'il prenait au sérieux la proposition de Gabrielle.

« De toute façon je sais que Maxime va me mettre à l'aise, pas vrai Max ? », lâcha-t-il en se tournant pour lancer un regard au garçon qui était resté figé sur le lit pendant tout l'échange.

Maxime avala difficilement sa salive avant d'acquiescer et d'adresser à Sidjil un sourire qui se voulait rassurant (mais qui ressemblait sûrement plus à une grimace).

En se levant du lit pour laisser sa place à l'autre comédien, Eliott, qui avait évidemment remarqué l'état dans lequel l'avait mis l'annonce de Sidjil, murmura au corse un « Bon courage », une légère lueur d'ironie faisant briller ses yeux.

Maxime lui adressa un regard reconnaissant, bien conscient qu'en effet, il aurait besoin d'un peu de courage pour affronter le moment à venir.




⋆౨ৎ˚⟡˖ ࣪

dsl d'arrêter le chapitre là j'avoue c'est grave frustrant mais faites un peu marcher votre imagination en attendant que je ponde la suite hihi

les guys c'est pas la meilleure invention du monde les ponts ? genre 5 whole days off je pouvais pas rêver mieux je vais pouvoir avancer un peu cette histoire (entre deux chapitres de mon mémoire lol)

l'écriture c'est étrange comme activité parce qu'on remarque tellement plus facilement les faiblesses d'un texte que de tout autre production, genre une poterie un peu ratée on lui trouvera un petit charme alors que ça serait jamais le cas pour un texte bancal

bref je divague mais en tout j'espère que je m'améliore un peu plus avec chaque chapitre et qu'on s'éloigne des pots cassés

frontière [maxime x djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant