aléa

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Maxime était stressé, évidemment qu'il était stressé. Il attendait la fin de la conférence de presse comme un condamné attend sa peine. Il n'avait qu'une hâte : enfin confronter Sidjil. Mais l'interview semblait s'éterniser, les minutes s'écoulant avec une lenteur rarement égalée.

Pas tellement attentif à ce qu'il se passait autour de lui, il se reconcentra immédiatement en entendant une des journalistes présentes dans l'assemblée prononcer le nom de son personnage.

« Ma question concerne la relation entre Isaac et Léo. À mes yeux, et je pense à ceux de beaucoup ici, elle paraît très réelle et- ». Elle se racla la gorge, semblant un peu gênée de poursuivre sa question. « Désolée si c'est indiscret, mais je me demandais si vous vous inspirez de votre propre relation, puisque vous semblez tout aussi proches hors caméra, ou vous jouez simplement très bien la comédie ? »

Un murmure collectif se propagea à travers la pièce, tout le public étant curieux de savoir ce qu'allait répondre les deux comédiens. C'était une question que tous se posaient, intrigués par la dynamique entre les deux hommes, mais personne n'avait jamais eu le courage de la leur poser, la jugeant un peu déplacée.

Maxime cherchait désespérément un moyen de contourner la question, de brouiller les pistes qui devenaient visiblement bien trop évidentes. Mais avant de pouvoir formuler une quelconque réponse, il fut devancé par Sidjil qui se saisit du micro posé devant lui.

« Bah vous savez quoi, parfois je me pose un peu la même question quand je me retrouve tout seul avec Max et qu'il continue à me regarder avec des étoiles dans les yeux », répondit-il sur un ton railleur et avec un regard appuyé au corse, provoquant un rire dans toute l'assemblée.

Sa réponse sonnait vrai, un peu trop vrai. Et Sidjil avait maintenu leur contact visuel un instant de trop, comme pour bien lui faire comprendre qu'il voyait clair dans son jeu.

Maxime sentit une sensation soudaine de nausée l'envahir. Il parvint à coller sur son visage un semblant de sourire, pour ne rien laisser transparaître de l'effet que la réponse de Sidjil avait eu sur lui. Mais, sous cette façade, il se sentait mortifié. Il pensait avoir gardé précieusement pour lui ses sentiments, au moins aux yeux de l'intéressé, et le fait que Sidjil les balaye du revers de la main, s'en servant comme d'une vulgaire chute à sa blague, lui retournait l'estomac.

Toute idée de se confier à Sidjil l'avait quitté. Apparement, il n'avait rien besoin de lui dire, apparement l'autre homme se doutait déjà de ce que Maxime ressentait pour lui. Et visiblement ça l'amusait de savoir que Maxime s'était entiché de lui. Peut être que Sidjil s'imaginait que c'était une attirance éphémère, un truc qui lui passerait comme c'était venu. Si seulement il savait que Maxime ne pensait qu'à ça depuis des mois, il éviterait peut être d'en rire.

Maxime resta distrait pendant tout le reste de l'interview, et les journalistes abandonnèrent rapidement l'idée de lui poser des questions après qu'il ait demandé à l'un d'eux de se répéter trois fois.

Il sursauta en entendant des applaudissements s'élever dans la salle à la fin de l'échange et suivit mécaniquement le reste des comédiens quand ils se réunirent au bord de la scène pour prendre une photo. Malgré les grands signes que lui adressait Sidjil pour qu'il vienne le rejoindre au milieu du rang, Maxime resta obstinément planté à l'extrémité de la scène.

Quand les flash cessèrent de les aveugler, il salua la salle d'un signe de la main puis recula lentement vers le rideau avant de s'échapper dans les coulisses à la première distraction.

En marchant vers la loge qui lui était réservée, il se débattu pour enlever son pull dans lequel il avait l'impression d'étouffer. Son soulagement quand il se libéra enfin du vêtement fut de courte durée et bientôt il sentit son cœur s'accélérer et ses mains devenir moites.

Il était au bord d'une crise de panique et se trouvait pathétique de réagir ainsi pour une histoire aussi stupide, ce qui ne faisait qu'alimenter son mal être. Le voilà qui retombait dans cette spirale qui lui était malheureusement bien trop familière. Comme l'ouroboros qui se mord la queue, il provoquait son propre malheur.

A travers le brouillard confus dans lequel il était plongé, il entendit des pas précipités se rapprocher de lui. Quelqu'un l'avait suivi.

En se retournant furtivement il aperçut une longue chevelure blonde et la déception en constatant que c'était Gabrielle, et non Sidjil, qui l'avait suivi s'ajouta à la peine qu'il ressentait, son cœur se serrant encore davantage.

Sans un mot, Gabrielle lui prit la main et le guida le reste du chemin vers la loge, le faisant s'asseoir sur le fauteuil dans lequel il avait été maquillé quelques heures plus tôt.

Maxime détourna immédiatement le regard, ne pouvant supporter d'apercevoir dans le miroir son reflet qui ne pouvait être que pathétique, avec ses yeux débordant de larmes.

Gabrielle s'accroupît devant lui et posa ses mains sur ses genoux, dessinant à travers son jean des motifs abstraits dans un geste rassurant. Elle l'aida à reprendre une respiration normale, inspirant exagérément fort pour lui montrer l'exemple. Il se trouvait ridicule, à se faire materner par quelqu'un d'à pas peine plus vieux que lui, mais il lui était aussi terriblement reconnaissant.

Quand il fut enfin calmé, sa respiration ralentie et ses larmes à peu près séchées, la réalisatrice prit enfin la parole, parlant d'une voix douce, à peine plus fort qu'un murmure.

« Max, je suis désolée pour Sid ».

Ses mots, pourtant pleins de bienveillance, ne firent rien pour adoucir sa peine. Au contraire, il avait l'impression d'être pris en pitié et ça ne faisait que confirmer ce qu'il savait maintenant pertinemment : il n'avait strictement aucune chance avec Sidjil.

« J'ai remarqué à l'instant où je vous ai vu ensemble qu'il y avait quelque chose de précieux entre vous ». Elle s'interrompit pour chercher ses mots, prenant les mains de Maxime dans les siennes « Et Maxime, je suis désolée. J'étais aveuglée par l'envie de réaliser quelque chose de bien, de vraisemblable, mais ça justifiait pas d'exploiter votre relation comme je l'ai fait ».

Elle renifla quelques fois, ne prenant même pas la peine d'essuyer les larmes qui coulaient le long de ses joues, et le cœur de Maxime se brisa de voir son amie dans un tel état pour un truc donc il se sentait seul responsable. Ils devaient avoir l'air bien bêtes, tous les deux, à pleurer à chaudes larmes en se tenant par les mains.

« Je m'en veux, j'ai l'impression de vous avoir emmené au fond d'une impasse. Je pensais vous aider. Vous donner un coup de pouce. Mais au final j'ai juste tout gâché, je suis tellement désolée Max ». Sa voix déjà vacillante, céda totalement sur la fin de sa phrase, alors que ses larmes se multipliaient.

« Gabrielle... ».  Maxime se pencha pour la prendre dans ses bras, le cœur serré à la vue de son visage froissé de douleur. « T'y es pour rien Gab, ça fait des années qu'il y a ce non-dit entre nous, je savais que ça allait forcément mal finir un jour ou l'autre », la rassura-t-il en frottant son dos.

Quand les sanglots qui secouaient jusqu'alors le corps de Gabrielle se transformèrent en de simples reniflements, Maxime se détacha d'elle pour la regarder, encadrant son visage de ses mains.

« Maintenant sèche moi ces larmes », lui ordonna-t-il en lui tendant un mouchoir dans lequel elle se moucha bruyamment. « Et puis sois good vibes un peu Gab ! ».

Sa remarque eut le don d'arracher un petit rire à la réalisatrice et Maxime se félicita intérieurement d'avoir réussi à lui remonter le moral.

« Ça va aller ? », lui demanda-t-elle, sa voix inquiète.

« Bien sûr que oui », répondit Maxime en hochant la tête mais sans trop savoir si c'était elle qu'il essayait de convaincre ou lui-même.

Bien sûr que ça irait. Il n'avait pas tellement le choix, si ?





⋆౨ৎ˚⟡˖ ࣪

aïe aïe aïe j'ai eu du mal à le sortir ce chapitre
j'ai l'impression que vous allez me détester à faire tourner l'histoire en rond comme ça mais croyez moi ça vaut le coup!! on va l'avoir notre happy ending les gars

breeeeef j'espère qu'il vous a plu quand même et que vous avez pas trop envie de les claquer mdrr

love you mes choux 🫶🏻

frontière [maxime x djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant