La Tour d'Ivoire - Tome 4

Les dieux de jadis - Partie II

« Plus personne n'a le droit d'ignorer que les grands orateurs sont nés d'un défaut d'élocution et les héros d'une faiblesse, autrement dit, que notre nature commence toujours par creuser un trou là où elle veut édifier une montagne »

Robert Musil

Lysandre m'emmena dans les sous-sols du Palais, où de vastes arènes s'étendaient à perte de vue. Des centaines de soldats s'y entrainaient.

-Nous avons aussi des espaces d'entrainement extérieurs, mais j'ai toujours préféré venir ici, m'expliqua calmement Lysandre.

Nous nous avançâmes vers une arène un peu plus grande que les autres, où, à ma plus grande surprise, je reconnus Sam qui se battait avec une femme. Le Prince Julius les regardait avec attention un peu plus loin.

Lorsqu'ils nous virent arriver, ils cessèrent automatiquement le combat, s'inclinèrent devant nous et posèrent leurs armes.

Sam souriait. Bien que dégoulinant de sueur et à bout de souffle, il semblait heureux.

-C'est donc ici que tu te caches ? lui demandai-je en riant.

Il rougit. Plaqua ses cheveux roux sur l'arrière de son crâne et se retourna vers la femme. Âgée d'une cinquantaine d'années, elle arborait bon nombre de fines cicatrices sur sa peau noire. Grande et élancée, elle possédait des muscles dessinés et un regard d'acier.

-Je leur ai parlé de ma volonté de devenir soldat, m'expliqua Sam.

-Et je suis venue le trouver pour estimer son potentiel, termina la femme d'une voix sèche.

Elle se tourna vers moi et inclina brièvement la tête à mon attention.

-Mon nom est Célénya Naviria. Cheffe des armées de la Nation d'Argent.

-Enchantée, répondis-je.

-Célénya exerçait déjà ce rôle lorsque mon père était roi, expliqua Julius. Je n'ai jamais rencontré meilleur combattant qu'elle.

Célénya avait rassemblé sa chevelure argentée - sûrement les avait-elle teints, c'était la mode ici - en une longue tresse qui lui arrivait jusqu'au bas du bassin.

-Et donc ? demanda Lysandre. Ce garçon a-t-il le potentiel requis ?

Célénya dévisagea brièvement Sam.

-Il l'a. Sans aucun doute. Mais il a beaucoup de choses à apprendre. À son âge, les jeunes hommes d'ici sont déjà des guerriers aguerris. Tu auras beaucoup de choses à rattraper, mon garçon.

Les yeux bronze de Sam s'illuminèrent.

-Rien ne me ferait plus plaisir, répondit-il. Si Era est d'accord, évidemment.

Tous les regards convergèrent vers moi, tandis que mes yeux papillonnaient, étonnée que Sam me demande la permission.

-Euh... oui, oui, évidemment.

-Assez parlé, fit Lysandre en claquant dans ses mains. Il faut que nous montrions à Era comment de vrais guerriers se battent. Je vais de ce pas me changer.

Deux gardes arrivèrent soudain et Lysandre s'éclipsa avec eux, quelques minutes plus tard, il revint revêtu, comme Julius et Célénya, d'une armure. Fronçant les sourcils, je m'approchai et touchai sa surface polie.