La Tour d'Ivoire - Tome 4

Rencontre - Partie I

"Si tu es blessé par autrui, tu peux oublier la blessure. Mais si tu le blesses, tu t'en souviendras toujours. "

Khalil Gibran

Iris

-Enfin une Ivoirienne capable de tenir une foutue épée ! s'exclama Myriam Devon.

Iris resserra sa prise autour de la garde de son épée, prête à affronter le prochain assaut de la Rubis.

-Ne soit pas aussi crispée, Dolora, continua-t-elle, tu vas te briser un doigt à force de serrer ton épée si fort.

La jeune femme relâcha sa prise, non sans avoir envoyé un coup d'œil meurtrier à Myriam.

Voilà des semaines qu'elle avait commencé à s'entrainer avec la Rubis. Tout comme Morgan, elle passait ses journées à affuter son corps, son esprit et ses méthodes de combat. En tant qu'ainés des Familles, Morgan et Iris avaient suivi des cours poussés en art du combat. Même si son amant ne s'y intéressait pas et possédait un talent très limité, ce n'était pas le cas d'Iris, qui avait toujours excellé dans tout ce qui se rapprochait aux combats.

Seth Sarkis était un homme de parole. Après avoir élaboré ensemble le plan pour aider Era à s'évader, il avait « relâché » Morgan et Iris, leur permettant de se déplacer librement dans le camp, sans pour autant pouvoir partir, évidemment. La première chose que Seth avait exigée était qu'Iris et Morgan soient capables de se battre, de se défendre. Myriam Devon n'avait pas eu vraiment le choix lorsqu'elle avait dû devenir leur professeur, et si Iris en jugeait par son humeur massacrante durant les premières séances, elle n'avait pas dû apprécier ce rôle.

S'il vous prend la fantaisie de nous trahir, leur avait dit Seth d'un ton tranchant, Myriam Devon se fera une joie de vous exécuter elle-même. C'est compris ?

Oh oui, Myriam aurait été capable de la tuer sans l'ombre d'un remords. La jeune Rubis lui parlait peu, mais elle avait vite compris que c'était également elle qui avait été chargée d'apprendre à Era à se défendre. Et apparemment, sa meilleure amie n'avait pas brillé dans cet art. Iris ne put s'empêcher de sourire en imaginant son amie face à cette tigresse aux yeux rouges.

-Pourquoi souris-tu, Dolora ? Ta propre faiblesse te fait-elle tellement rire ? lança méchamment Myriam.

Iris avait compris que la Rubis piquait plus qu'elle ne mordait, et elles savaient toutes deux qu'Iris n'était pas faible. Myriam était une professeure exigeante, et Iris, une élève talentueuse. Iris le savait très bien. Morgan peinait beaucoup plus qu'elle.

-J'imaginais simplement Era tenant une épée à la main.

Myriam lui lança un coup d'œil curieux, avant de sourire.

-C'était un spectacle des plus hilarants, je dois bien l'avouer.

La Rubis fit des petits moulinets pitoyables avec son bras, imitant son amie.

-Elle ne pouvait pas tenir plus de deux minutes une épée à la main, s'esclaffa Myriam. En revanche, elle se débrouillait avec une dague, et avec un arc, elle devenait redoutable.

Iris sourit et hocha la tête.

-Era était la meilleure tireuse de la Tour, même si elle dirait qu'Ayaan et moi étions meilleurs qu'elle. Elle a un don.

-Mais elle n'a pas ta force, fit remarquer Myriam en la dévisageant. Tu es certes plus petite qu'elle, mais elle est frêle, pas toi.

-C'est normal, la défendit Iris. Les ainées des Quatre Familles subissent un entrainement spécial. Nous devons être capable de tuer à main nue. Les cadets n'ont pas le même entrainement, ils apprennent à tirer et les bases de l'autodéfense, rien de plus. On ne veut pas faire d'eux des guerriers ni des dirigeants.