Satan Était Un Ange

Macho

ELIJAH

Je me réveille au alentour de 17h. Daphné est toujours paisiblement endormie dans le lit, complètement enroulé dans sa couette, comme un petit sandwich. Elle me fait de la peine, cette petite n'a rien demandé, c'est un ange dans un monde rempli de démon, elle fait de son mieux et ce n'est jamais assez. Elle me fait un peu penser à mon frère.

Il me manque.

Nous avions une relation assez particulière, j'ai toujours essayé de le protéger de tout ça, mais cet idiot fonçait tête baissée. Lorsque j'avais 20 ans, je suis parti de la maison suite à l'horrible proposition de mon père de me marier avec une inconnue, malheureusement pour moi il m'a très vite retrouvé pour ensuite m'envoyer dans un camp militaire pendant presque 3 ans. A partir de ce moment-là, j'ai été très éloigné de mon frère et notre relation s'est amoindrie.

Nous étions très proches et j'ai toujours eu l'objectif de le protéger, malheureusement j'ai échoué à mon rôle de grand-frère : je savais que contrairement à moi il n'avait pas les épaules pour gérer tout ça, je l'ai lâché et résultat il est mort d'une crise cardiaque, surement due à toute la pression qu'il n'était pas capable de supporter. Contrairement à moi, il n'a jamais voulu diriger l'une des entreprises familiales.

Je m'en veux de lui avoir infligé pareille chose à porter seul, je n'étais même pas là pour lui.

Alors c'est pour me racheter que j'ai finalement accepté ce mariage, faire ce que j'aurais dû faire depuis le début, et je dois également dire que travailler dans notre entreprise m'a toujours plus que fait rêver.

Je sors doucement du lit pour ne pas réveiller Daphné et je rejoins la cuisine dans le salon. Je meurs de soif.

J'ouvre le frigo pour en sortir une bouteille de jus d'ananas et je m'en serre un verre. Je déteste me lever à des heures pareilles, ma journée est complètement décalée maintenant. Durant les quatre jours de notre lune de miel je compte préparer le terrain pour mon arrivée à WillMed, c'est dans cinq jours à peine.

Je sors mon portable de mon pantalon, que je n'ai d'ailleurs toujours pas retiré et j'envoie un message pour que l'on m'envoie les chiffres de vente de cette année, j'ai besoin d'y jeter un coup d'œil pour savoir si nos stocks seront suffisants cette année. J'actionne la machine à café tandis que je cherche dans les placards de quoi bouffer quand j'entends du bruit venant du couloir.

J'ignore la venue de Daphné et je laisse couler mon café dans ma tasse, lorsque je me retourne je la découvre les cheveux emmêlés, la trace de l'oreiller sur sa joue, et se frottant les yeux.

On dirait une enfant qui sort du lit, elle est mignonne dans son pyjama rose.

- Il est quelle heure ? Demande-t-elle.

Elle a la voix d'un ange. Sa voix caresse délicatement mes oreilles avec la douceur du velours, chaque syllabe est prononcée avec une délicatesse exquise. Elle est également teintée d'une certaine sensualité, avec des nuances subtiles qui captivent mon attention comme de tous ceux qui ont la chance de l'entendre. C'est une voix qui évoque des images de douceur et de tendresse, comme un doux murmure à l'oreille qui éveille les sens et fait vibrer l'âme.

Je baisse les yeux sur mon téléphone :

- Il est 17h22.

Elle acquiesce faiblement et se tourne légèrement pour regarder la maison.

Elle est belle. Ma femme est belle. Ses cheveux blonds en bataille, retombent en cascade sur ses épaules, ses yeux de biche s'arrêtent sur chaque objet de la maison dans une observation qui m'a l'air précise.