Chapitre 4 : Le goût âpre du passé

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La vision d'Ysaline se brouilla. Comment ça un problème avec EMPC ? Elle leva des yeux paniqués vers Amanda.


- Amanda, je... Une urgence je dois y aller. Je te promets qu'on en reparlera et que je n'ai presque rien à me reprocher !


Elle ne se rendit même pas compte qu'elle avait déjà traversé l'open-space et entrait dans l'ascenseur. Ce n'était pas une discussion qu'elle voulait avoir avec ses collègues autour, surtout vu la situation.

Elle rappela Jason qui décrocha presque instantanément. Quand elle entendit sa voix, la colère prit le dessus sur la curiosité et le stress.


- On peut savoir à quoi tu joues ? C'est quoi cette photo de moi sur le site de Goldreamz ? Tu sais à quel point ça va me nuire ?

- Je ne sais pas de quoi tu parles. Mais ce n'est pas le plus important pour le moment.


Il n'y avait pas une once de sarcasme de sa voix. Ysaline se figea. Qu'est-ce qui pouvait être plus
important que ça ? Ah oui, EMPC.


- Je pense qu'il serait mieux d'en parler en personne.

- Non. Accouche. Qu'est-ce que tu as fait ?


Elle entendit un soupir agacé de l'autre côté.


- Ce matin j'ai reçu un email.

- C'est bien Jason, tu veux que je t'explique ce qu'il faut faire après ?

- Je ne plaisante pas. J'ai reçu un mail d'une adresse bidon qui parle de toi.

- Quoi ? Mais pourquoi ?

- Je ne sais pas. Mais ça concerne la raison qui t'as poussée à quitter ton précédent emploi. Plus en détails que ce que tu m'as raconté.


Ysaline ne comprenait pas. Quel intérêt ? Pourquoi maintenant, et pourquoi Jason ?


- Il y a aussi des photos de toi et lui. Et des photos que tu n'as pas forcément envie de voir circuler. Ce n'est pas vraiment le pire.


Son sang ne fit qu'un tour. Un trop-plein d'informations tourbillonnait dans son esprit et elle n'arrivait à rien assimiler.


- Il faut que tu saches que je ne suis pas le seul destinataire. Il y a aussi Devon. Ta mère si je me fie au nom. Et plusieurs autres directeurs d'agence d'événementiel de la région.


D'un coup, sa vision se troubla complètement et elle ne vit plus qu'un immense écran blanc. Ses oreilles bourdonnaient et elle n'entendait plus le son qui sortait de son portable. Elle resta figée longtemps, comme dans un autre monde. Elle coupa la phrase qu'elle n'entendait de toute façon pas.


- Ok. Merci d'avoir prévenu. Je vais voir ce que je peux faire. Bonne journée.


Elle raccrocha et, comme un automate, elle retourna dans les bureaux de Devenementiel alors que sa vue était toujours fortement diminuée. Elle voyait comme à travers une serrure.

Elle arriva dans l'open-space, pâle comme la mort. Tous les regards de ses collègues se tournèrent vers elle, qui était restée plantée entre deux bureaux.

La porte du bureau de Devon s'ouvrit brusquement et il sonda rapidement la pièce avant que son regard ne s'arrête sur Ysaline, choquée. Elle balbutia, à peine audible :

- On m'a dit.


Devon lui fit un signe de tête, l'air secoué lui aussi. Elle entra dans son bureau et il referma la porte derrière elle.


- Devon, je ne comprends pas ce qu'il se passe. Pourquoi quelqu'un ferait-il ça ?


Elle trembla jusqu'à la chaise sur laquelle elle réussit difficilement à s'asseoir.

Après la pluie reste le mauvais tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant