Après la pluie reste le mauvais temps

Chapitre 17 : Parenthèse fruitée

Ysaline faisait les cent pas sur le large trottoir de l'avenue, devant le commissariat. Elle tournait en rond depuis presque une heure, nerveuse, une légère brise agitant ses cheveux tandis qu'elle attendait Jason. Le cœur battant, elle essayait de contenir l'inquiétude qui la rongeait depuis plusieurs jours. Elle avait à peine pu le voir depuis l'incident, et ces jours passés presque sans nouvelles l'avaient plongée dans des questionnements sans fin. Pourquoi est-ce qu'il ne lui répondait pas ? Pourquoi ne l'avait-il pas laissée l'aider, être à ses côtés ? Ils venaient tout juste de se retrouver après des mois, et il semblait réinstaurer une distance entre eux. Enfin, peut-être qu'elle se montait à nouveau la tête. Après tout, Jason devait avoir l'esprit bien trop occupé par la situation. Elle était juste un peud éçue d'être tenue à l'écart.

Quand il franchit enfin les portes du commissariat, le visage tiré et les traits marqués par la fatigue, il s'arrêta net en apercevant Ysaline. Un mélange de surprise et d'épuisement passa sur son visage puis il fronça légèrement les sourcils quand il la rejoignit à grands pas.

— Ysaline ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Il avait l'air surpris, presque sur la défensive, comme s'il ne s'attendait pas du tout à la voir, encore moins ici, à ce moment-là. Elle s'approcha de lui, son cœur se serrant un peu plus à chaque pas. La distance qu'elle ressentait entre eux ces derniers jours devenait presque palpable maintenant qu'elle était face à lui.

— Je suis là pour toi, comme je te l'ai promis.

— Mais comment tu as su où me trouver ?

— J'ai harcelé Spencer d'appels et de messages pour savoir ce qu'il se passait, vu que tu ne me répondais pas. Il a fini par me dire que tu étais ici cet après-midi et je suis venue et... J'ai attendu.

Jason semblait hésiter, se détournant légèrement et Ysaline tourna également la tête, se mordant l'intérieur de la joue. Elle n'en avait fait qu'à sa tête, comme toujours. Peut-être qu'il aurait préféré être seul. Mais il avait besoin d'être accompagné, même s'il ne le reconnaîtrait jamais.

— Tu veux que je parte ?

Sans attendre la réponse de Jason, elle fit un pas de plus vers lui, l'obligeant à la regarder.

— Tu me manques, continua-t-elle. Je sais que tu es pris dans cette histoire avec la police, et je comprends que ce soit compliqué. Mais je veux être là pour toi. Ne me laisse pas dehors comme ça, s'il te plait.

Jason passa une main sur son visage, comme pour effacer la fatigue qui pesait sur lui. Ysaline pouvait voir les doutes dans ses yeux. Elle le savait, il n'avait jamais été du genre à se confier facilement, encore moins dans une situation aussi délicate. Mais elle savait aussi que s'il continuait à tout garder pour lui, ça ne ferait qu'empirer.

— Je ne veux pas t'imposer ça, Ysaline, C'est déjà assez compliqué comme ça pour toi. Tout ce chaos autour de moi, je ne veux pas que ça te touche. Et je suis désolé de ne pas pouvoir être avec toi, alors que toute cette histoire avec...

Ysaline secoua la tête, le coupant dans sa tirade.