Chapitre 28

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Regulus se pinça l'arête du nez en voyant la porte d'entrée se refermer et entendre le son caractéristique d'un transplanage. Son fils venait de péter un câble une fois encore mais ce n'était que des mots. Entre Potter père, Potter fils, Lupin, le jeune Dursley, le dernier Weasley... Il était étonné qu'il n'y avait pas encore un blessé. En plus d'une semaine, c'était étonnant au vu de l'animosité palpable dans l'air.

« Et tu le laisses partir comme cela ? » demanda James Potter.

« Il est grand et débrouillard, » répliqua l'Assassin en haussant des épaules. « De plus, il a besoin de changer d'air avant de tuer quelqu'un. Laisse mon fils tranquille au lieu de mettre ses nerfs à l'épreuve. Tu ne pourrais rien récolter de bon. »

« C'est mon fils et tout ce que tu diras n'y changera rien ! »

« Je suis son père dans son coeur et par le sang. Et là-dessus, ce sont les Gobelins qui vont faire en sorte que je gagne car tu as abandonné la chair de ta chair à des bourreaux. J'en ai marre de me répéter Potter. C'est fatiguant. Tu nous fatigues ! »

« Et là, où va-t-il ? »

« Dans l'endroit qu'il choisira pour se calmer, » répondit évasivement Regulus.

« Et tu n'as pas une idée ? »

« J'en ai plusieurs mais je ne m'inquiète pas pour lui. Il sait se défendre et sait comment me contacter en cas de problème. Il a besoin d'être seul pour décompresser. »

Il secoua la tête et retourna au salon pour terminer son café. Il posa simplement son téléphone sur la table et s'assura de sa batterie avant de retourner à la lecture du journal. Il envoya juste par acquis de conscience Raven faire un tour du côté du Continental pour être sûr. Mais avec McNair dorénavant hors course, Harry n'était pas en danger immédiat, encore moins au Continental. Enfin, normalement. Il échangea un regard avec Severus et Sirius en soupirant. Le premier ne dit rien, il savait parfaitement qu'Harry pouvait se débrouiller seul, quant au second, il s'en remettait à son jugement puisqu'il connaissait parfaitement son fils et que, d'un autre côté, il était dans son droit, quoi que Potter puisse répéter inlassablement.

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Harry buvait un soda dans un coin discret du bar du Continental de Londres. Il observait les autres sans vraiment les voir, vaguement alerte dans le cas d'un danger potentiel. Il se détendait juste. Les filières de l'Hôtel étaient un peu comme son deuxième foyer. Il s'y sentait bien et relativement protégé. Pas comme dans leur petite maison de Russie mais les règles étaient si rarement enfreintes que cela transformait les lieux en une sorte de sanctuaire.

Cela faisait quelques heures qu'il y était. Quelques heures de paix, loin des Potter. Il se demandait comment il aurait fait pour leur survivre durant tout ce temps alors qu'en une semaine, il ne pouvait déjà plus les voir en peinture. Il soupira et se pencha encore distraitement sur le bloc de feuilles qu'il avait sorti plus tôt. Il gribouillait des choses sans grand intérêt. Des fois, cela ne ressemblait à rien, à d'autres moments, il était pris d'un coup de génie et faisait un beau croquis qu'il rangeait dans un tiroir de sa chambre.

En ce moment, cela ressemblait plus à quatre personnes attachées à des poteaux qui subissaient le supplice des flammes, le sort réservé aux sorcières. En même temps, il avait représenté une femme rousse, un homme aux cheveux sombres et deux adolescents, un blond et un brun. Tous étaient la proie des flammes. Il commençait à dessiner derrière ces quatre bûchers, une foule en grisaille, cachée par la fumée des flammes. Les personnes semblaient apprécier le spectacle, levant les bras avec joie et en signe de victoire. Derrière encore, il avait refait de mémoire le contour du château de Poudlard.

« Tu as des idées bien étranges ce soir, Zmeya, » fit une femme en s'installant en face de lui.

Il leva les yeux quelques secondes pour découvrir l'identité de son interlocutrice. Il s'agissait de White, une femme d'une quarantaine d'années aux cheveux noirs et à la peau pâle. Elle l'avait très souvent gardé et aidé dans son apprentissage moldu, surtout dans le domaine des maths.

« Bonsoir, Blanche Neige, » dit-il avec un sourire.

Elle sourit au surnom qu'il lui avait donné bien des années auparavant. Il n'avait jamais su comment elle s'appelait et même si elle connaissait son prénom, depuis qu'elle savait qu'il s'était fait un nom, elle n'utilisait plus que ce dernier également.

« Comment vas-tu ? »

« Bien. Je suis intriguée de te voir seul. Généralement ton père est là. »

« Mon père a quelques ennuis et se fait discret, » confia-t-il en buvant une gorgée de son verre.

« Oh ... Et ça, c'est ce que tu réserves à ceux qui lui cherchent des problèmes ? » demanda-t-elle en montrant le croquis.

« Non. C'est trop ... voyant pour moi. Et ce n'est pas vraiment le genre de personnes à ... » Il soupira. « C'est compliqué, » ajouta-t-il en s'appuyant sur le dossier de son fauteuil et reprenant distraitement son dessin.

« Cela semble t'affecter. C'est rare. Tu veux en parler ? »

Harry hésita un instant avant de parler. Il connaissait Blanche Neige depuis longtemps et tant qu'il ne disait pas de nom, il ne risquait rien.

« Tu sais que mon père m'a adopté. » Elle hocha la tête. « On a retrouvé ma famille et ils sont relativement insistants quant à l'idée que je revienne vivre chez eux. »

« Tu ne veux pas ? »

« Non. J'aime la vie auprès de mon père. Certes, mes parents biologiques pourraient m'offrir une vie calme et ont plus que les moyens de m'entretenir mais ... J'ai appris que j'avais été abandonné au profit de mon frère. »

« Ton frère ? »

« J'ai un frère jumeau. Et ils ont fait un choix entre lui et moi. »

« Et tu n'apprécies pas l'idée, » comprit Blanche Neige.

« Pas vraiment non. Ils ne veulent pas comprendre qu'à cause de leur décision, j'ai très mal vécu le début de mon enfance et que j'en garde une profonde colère pour un certain type de personnes. »

« Donc, tu les dessines en imaginant le supplice du bûcher pour eux ? »

« Tu as tout compris. »

« C'est ta famille ? »

« Ma famille est le Fantôme et ma maison le Continental, Blanche Neige. Je m'y sens chez moi, en sécurité. Eux, ils ne veulent que récupérer une pièce qui pourrait leur causer des ennuis si elle se décide à ouvrir la bouche devant certaines personnes. »

« Tu es le fils de personnes importantes, » comprit-elle.

« Plus que le citoyen lamdba mais pas autant que la reine d'Angleterre, » confirma évasivement Harry.

« Alors deux options s'offrent à toi, » dit-elle avec un sourire. « Enfin, trois, mais tu as déjà rejeté la troisième. La première, tu pars dans un autre pays et tu te fais oublier le temps qu'ils fassent leurs recherches et renoncent. »

« Je ne fuis jamais, Blanche ... »

« Je sais. Ce qui te laisse donc la seconde option, à savoir leur faire face, jouer les rebelles et rester toi-même, la personne que tu es devenue en pénétrant dans le Continental, le fier fils du Fantôme. A un moment ou à un autre, avec ta renommée dans notre milieu, ils vont s'en mordre les doigts et ils vont très vite lâcher l'affaire en comprenant qu'ils risquent plus en voulant te garder qu'en te laissant voler de tes propres ailes. »

Harry pouffa un bref instant à l'idée. Elle n'était pas si mauvaise. Au contraire, elle était même excellente.

« Je devrais peut-être voir pour prendre un travail ou deux dans les prochains jours, » fit-il, pensif.

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Les sorciers de l'hôtel continental  by memepotter952504Où les histoires vivent. Découvrez maintenant