La Louve

5.

Soudain, Carla interpella quelqu'un. Ce fut la seconde fois, que je croisais son regard.

- Gaïa, je te présente mon frère, Henry.

Quelles étaient les chances de le recroiser ?

Ses yeux... J'avais l'impression de me perdre dedans et de m'y retrouver en même temps.

Etais-ce possible que quelqu'un puisse avoir cet effet ?

Mon cœur, sembla battre légèrement plus fort que d'ordinaire.

- Enchanté. Carla, dis-je.

- De même, répondit-il.

Me tirant de mes pensées, une troisième personne s'approcha. C'était un homme en fauteuil roulant, dans un costume gris et portant une cravate bleue. Une perfusion était installée en hauteur, reliée à son bras. Sûrement la personne, qui était la raison de notre présence ici.

- Voici mon père, dit ma patronne.

- Monsieur, enchanté.

- Egalement, mademoiselle.

Il nous regarda toutes les deux et reprit la parole :

- Joli choix de couleur, j'apprécie ! C'est si triste, tous les autres ont mis du noir.

Je jetais un œil vers les invités et en effet on aurait dit que monsieur était mort.

« Une ambiance mortelle ! » Bon... pas terrible comme jeux de mots...

C'est alors, que je remarquais que son frère était parti rejoindre sa famille dans la pièce principale.

- Venez, nous avons installé un buffet !

- Dans ce cas, je vous suis avec plaisir, dis-je.

Carla sourit.

- Je meurs de faim, murmurais-je à son intention.

Elle rit.

- Contente que la nourriture te mette en joie.

- Pardon, est ce déplacé ?

- Non, pas du tout. Je t'embête.

- Bien, parce que je comptais quand même manger. Je suis une invitée, ce serait malvenue de refuser.

Elle me donna un coup d'épaule.

- C'est super que tu sois venue !

- Je sais, dis-je en saisissant un petit pain à la saucisse.

Soudain, mon amie fit un pas en arrière et bouscula une femme qui apportait des verres colorés. « Etaient-ils tous maladroits dans cette famille ? »

Me surprenant moi-même, j'étais intervenu et avais rattrapé le plateau. Aucun récipient n'avait renversé son contenu.

- Merci ! Dit la jeune femme.

- De rien, répondis-je encore secouer.

- Sacré réflexe, me complimenta Carla.

- J'en suis étonné moi-même.

Je ne m'étais pas rendu compte que le plateau aller se renverser, comment avais-je pu réagir aussi vite ?

Je regardais mes mains qui tremblaient.

- Est-ce que ça va, Gaïa ?

- Oui, je vais juste aller prendre l'air un instant, ça ira ?

- Oui, oui vas-y.

Je ressortis de la maison pour m'installer sur un banc, dans le jardin de devant.

Je pris de grandes inspirations et mes doigts cessèrent de bouger.

Je me saisis la tête entre les mains, regardant le sol.

Puis, des chaussures noires apparurent devant mes yeux baissés.

- J'espère que ce n'est pas ma famille qui vous a fait fuir.

J'avais reconnu sa voix avant même de relever la tête.