Un nouveau spectre à Poudlard

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Titus restait immobile, ses yeux fixés sur la malle où ses uniformes étaient soigneusement rangés. Chaque pièce de tissu vert et argent était un rappel tangible de l'avenir qui l'attendait, un avenir dicté non par ses désirs, mais par les volontés impérieuses de l'Imperator. Il savait que Serpentard serait sa maison ; c'était là que les ambitions de son père seraient le mieux servies, où il pourrait cultiver et affiner les qualités requises pour devenir un dirigeant impitoyable et efficace.

Les elfes de maison s'affairaient en silence, leurs mouvements rapides et précis. L'un d'eux leva les yeux vers Titus, une lueur de compassion voilée rapidement par une obéissance craintive. Ils connaissaient la réputation de l'enfant devant eux, un jeune prodige élevé dans les ombres, destiné à une grandeur sombre et puissante. Un enfant obéissant, rapportant tout manquement si son père lui ordonnait. Un garçon soumis qui acceptait toutes les demandes de son maître.

— Tout est prêt, maître Titus, murmura l'un des elfes d'une voix tremblante.

Titus hocha simplement la tête, son expression neutre ne trahissant aucune des pensées tumultueuses qui pouvaient l'agiter. Il savait que ce soir, il franchirait les portes de Poudlard non pas en tant qu'étudiant curieux de découvrir un monde de magie, mais en tant que mission stratégique de l'Imperator. Il rapporterait les rumeurs du château à son maître. Il répéterait chaque mots critiques envers son père. Sa formation avait été rigoureuse, chaque jour de sa vie façonné pour en faire le parfait instrument de pouvoir. Il n'avait pas le luxe de l'excitation ou de la peur ; il ne connaissait que la discipline et la détermination.

La chambre était silencieuse à part le léger froissement des tissus et le murmure des elfes. À l'extérieur, la nuit tombait, et avec elle, l'heure de son départ approchait. Titus jeta un dernier regard à son sarcophage, ce lit de métal froid qui avait été son seul compagnon durant tant de nuits, chaque contour et rune gravée à l'image de son corps et de son destin. C'était une prison autant qu'une couche, et bien qu'il fût sur le point de la quitter pour un temps, il savait que l'emprise qu'elle représentait ne le quitterait jamais vraiment.

— Est-ce que je dois emporter quelque chose de plus ? demanda-t-il aux elfes, sa voix ne montrant aucune trace d'émotion.

— Non, maître Titus, répondit l'elfe qui avait parlé plus tôt. Tout a été préparé selon les instructions de l'Imperator. Vous avez ce qu'il vous faut pour exceller. Les potions sont dans la malle. N'oubliez pas de vous l'injecter chaque soir.

Les elfes refermèrent la malle, scellant ainsi les derniers préparatifs de son départ. La potion pour le nourrir plutôt qu'avoir le plaisir d'avaler quelque chose. Il avait ordre de continuer à la prendre même loin du sarcophage.

Enfin, le moment venu, il prit la malle, la sensation du cuir et du métal contre sa main renforçant la réalité de son départ. Les elfes s'écartèrent, leurs yeux baissés, tandis que Titus sortait de la chambre avec une assurance apprise, mais non ressentie. Chaque pas vers la porte était un pas vers un nouveau chapitre de sa vie, un chapitre écrit par d'autres, pour des fins qui dépassaient souvent sa compréhension et défiaient ses désirs les plus profonds. Désirs qu'il avait appris à taire, à refouler au plus profond de son esprit.

Ce soir, il rencontrerait d'autres étudiants, d'autres enfants qui partageaient son âge mais pas son fardeau. Il savait que parmi eux, aucun ne porterait les chaînes de destinées aussi lourdes que les siennes. Chaque sourire, chaque rire qui résonnerait dans les couloirs de Poudlard lui rappellerait ce qu'il n'était pas : juste un autre élève.

Dans le couloir qui menait à l'extérieur du palais, deux des Ombres, les gardes du corps personnels de l'Imperator, attendaient silencieusement. Titus, malgré la tension qui serrait son estomac, ne montrait aucune émotion en passant à côté d'eux. Il reconnut immédiatement le masque sculpté de 51, celui d'un muet, semblable à ceux des deux autres humains qui composaient cette garde d'élite. La présence de ces Ombres symbolisait le pouvoir et la portée de l'Imperator, rappelant constamment à Titus l'absence totale de liberté dans sa propre vie.

Invisible III - Titus SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant