Sous le rosier des murmures

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Harry observait Titus avec une lueur de tristesse dans les yeux. L'éclat d'intérêt et de curiosité qu'il avait vu chez le garçon l'année précédente semblait avoir disparu, remplacé par une ombre de résignation qui pesait lourdement sur ses jeunes épaules. Lors du banquet de rentrée à Poudlard, alors que les autres élèves riaient et partageaient des histoires estivales animées, Titus s'était assis silencieusement à sa table habituelle de Serpentard, ignorant presque les festivités autour de lui.

Il n'avait même pas pris le temps de regarder les plats disposés sur la table, des mets qui, l'année passée, l'auraient au moins poussé à observer, sinon à goûter. Cette fois, il était allé directement à son banc, posant ses mains sur ses genoux sous la table, le regard fixe, perdu dans un lointain que seul lui pouvait voir. Son comportement était celui d'un enfant contraint de grandir trop vite, portant le poids d'un monde qu'aucun jeune de son âge ne devrait avoir à supporter.

Harry ressentait un pincement au cœur en le voyant ainsi. Il savait que les deux mois d'été n'avaient probablement pas été cléments pour Titus. Malgré leurs efforts pour lui offrir un refuge à Poudlard pendant l'été, Titus avait été renvoyé au palais de l'Imperator, un endroit que Harry savait être plus une prison qu'un foyer pour le garçon.

Le professeur s'approcha doucement de la table de Serpentard, son regard ne quittant pas Titus. Il posa une main réconfortante sur l'épaule du garçon, espérant transmettre un peu de la chaleur et de la sécurité que Poudlard s'efforçait d'offrir à tous ses élèves.

— Bienvenue à la maison, Titus, murmura-t-il doucement, assez bas pour que seul le jeune garçon puisse entendre. Poudlard est toujours ton refuge, n'oublie jamais cela.

Titus leva brièvement les yeux vers Harry, et pendant un instant, un faible éclat de reconnaissance scintilla dans son regard sombre avant de s'éteindre presque aussi vite qu'il était apparu. Il hocha légèrement la tête, acceptant le soutien silencieux de son professeur, même s'il ne pouvait exprimer ce que cela signifiait pour lui.

Harry prit place à la table des professeurs, gardant un œil sur Titus tout au long du repas. Il savait que les prochains mois seraient cruciaux pour aider Titus à se réadapter à la vie à Poudlard, et peut-être, juste peut-être, à retrouver un semblant de l'enfance qu'il méritait. Mais pour l'instant, Harry pouvait seulement offrir sa présence, un rappel constant que Titus n'était pas seul dans ce grand château de mystères et de magie.

Harry reprit ses habitudes, surveillant son élève. Chaque jour, il regardait le rosier, et s'inquiétait de ne pas voir Titus. Le garçon suivait en classe mais il semblait n'avoir plus d'intérêt pour autre chose. Harry tentait de le faire participer dans ses cours, mais Titus restait muet, et plus d'une fois, son professeur l'avait vu trembler, se tenir la tête et parfois saigner du nez. Chaque fois, Titus essuyait le sang et reprenait alors un visage passif, sans émotion.

Un mois sans voir une lueur de joie, d'espoir et même de curiosité dans les yeux bleus de Titus.

La pluie tombait en rideaux denses sur le parc de Poudlard, chaque goutte résonnant contre le sol mouillé comme un rappel des lourdes pensées qui pesaient sur l'esprit de Harry. Lorsqu'il aperçut Titus, assis seul sous la pluie devant son rosier, son cœur se serra. Le garçon semblait perdu dans ses pensées, isolé dans son propre monde de douleur et de résignation.

Sans hésiter, Harry s'empressa de sortir, sa baguette en main, et conjura un parapluie transparent qui se forma au-dessus de la tête de Titus, le protégeant de l'averse. Il s'approcha lentement, son regard empli de préoccupation.

— Titus, tu ne devrais pas rester sous la pluie comme ça, dit-il doucement, en s'asseyant à côté de lui sous le parapluie.

Titus leva vers lui des yeux empreints d'une fatigue profonde, mais un petit sourire timide se dessina sur ses lèvres lorsqu'il vit le parapluie. Cependant, le sourire fut de courte durée, remplacé par une grimace de douleur alors qu'une goutte de sang coulait lentement de son nez. Cette fois, il ne tenta pas de l'essuyer ou de la cacher.

Invisible III - Titus SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant