Rébellion éteinte

16 2 0
                                    

Titus restait immobile devant le sarcophage sinistre, le regard directement fixé sur l'Imperator. Sa posture, bien que réservée, trahissait une détermination nouvelle, celle d'un garçon de douze ans qui commençait à comprendre le poids de sa propre volonté. Il n'y avait pas de peur apparente dans ses yeux, seulement une résolution tranquille, celle de quelqu'un qui, malgré son jeune âge, avait décidé de ne plus se soumettre sans lutte.

L'Imperator, un sourire narquois étirant brièvement ses lèvres, observait son fils avec une curiosité mêlée de défi.

— Je vais te donner une petite leçon pour Yule, annonça-t-il d'une voix douce qui contrastait étrangement avec la dureté de ses yeux.

— Je...

— Tu ? interrompit rapidement l'Imperator. Qui t'autorise à parler ?

Le ton de sa voix bascula aussitôt de la douceur feinte à une autorité glaciale, coupant court à toute réplique. Titus avala difficilement, mais maintint son regard défié sur son père. Il y avait en lui un désir fervent, celui de réclamer une vie choisie, pas imposée.

— Viens avec moi. Je vais t'expliquer pourquoi tu n'as pas ton mot à dire, continua l'Imperator en se tournant vers une porte dérobée de la salle.

Sa démarche était calme, presque pédagogique, comme s'il s'apprêtait à dérouler une évidence longtemps ignorée.

Titus le suivit, chaque pas résonnant sur le sol froid du palais comme un écho à son conflit intérieur. L'air était chargé d'une tension palpable, celle d'un imminent affrontement. L'Imperator conduisit Titus dans une salle en pierre noire, ronde, cachée sous le palais. Titus se figea en fixant les quatre sarcophages au centre, debout l'air de se regarder dans un silence glacial.

— Regarde bien, Titus. Ces sarcophages ne sont pas simplement des outils de punition, mais de réaffirmation de notre contrôle et de notre pouvoir. La flamme que tu vois dans celui de 51 est un feu qui ne consume pas la chair mais consume la rébellion, renforçant l'obéissance et l'endurance, expliqua l'Imperator, son regard fixé sur le sarcophage où la flamme blanche brûlait silencieusement.

Titus observait, son cœur battant à tout rompre tandis que la réalité des Ombres, ces gardes du corps personnels de son père, devenait plus tangible. Il savait de la compassion qu'ils pouvaient ressentir; 51 en était la preuve vivante, un guerrier réduit à un état de soumission pour avoir montré un moment de faiblesse, de pitié pour lui. Un an plus tôt. Ça faisait un an que cet homme était là.

— Pourquoi lui ? murmura Titus, ses yeux ne quittant pas les flammes qui dansaient derrière les minces ouvertures du sarcophage.

— Parce qu'il a oublié sa place. Parce qu'il a oublié que la compassion est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre, rétorqua l'Imperator, son ton dénué de toute chaleur. Nous sommes les gardiens de l'ordre, Titus. Nos émotions ne doivent pas interférer avec notre devoir. C'est une leçon que tout membre de notre famille doit apprendre, et que tu apprendras aussi.

Titus sentit un frisson d'horreur lui parcourir l'échine, non seulement à l'idée de la souffrance de 51, mais aussi à la pensée qu'un jour, il pourrait se retrouver enfermé de la même manière pour une faute perçue ou réelle.

— Et si je refuse ? Si je refuse de devenir ce que vous voulez que je sois ? demanda Titus, sa voix tremblante mais déterminée.

L'Imperator se tourna lentement vers lui, une lueur froide dans ses yeux. Il s'approcha de Titus, sa présence imposante semblant remplir l'espace entre eux.

— Refuser n'est pas une option, Titus. Ce n'est jamais une option. Tu es mon fils, l'héritier de tout ce que nous avons construit. Ton devoir est de perpétuer notre légende, pas de la remettre en question. Si nécessaire, ces sarcophages t'enseigneront la discipline que tu refuses d'embrasser. Autant de fois que nécessaire.

Invisible III - Titus SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant