Invisible III - Titus Snow

Le prix de la résistance

Harry avança lentement dans les couloirs de Poudlard, ses pas résonnant sur les dalles anciennes de l'école. Chaque écho semblait lui rappeler le poids des responsabilités qui reposaient sur ses épaules. L'infirmerie, un lieu normalement associé au réconfort et à la guérison, lui paraissait aujourd'hui aussi intimidante qu'une salle d'interrogatoire.

En entrant, il fut accueilli par l'odeur familière d'antiseptiques et de potions de guérison. Madame Losca, l'infirmière de l'école, était déjà à son poste, triant méthodiquement des fioles et des bandages. Elle leva les yeux vers lui, son expression sérieuse adoucie par un sourire bienveillant.

— Professeur Henry, je suis contente de vous voir. Avez-vous des nouvelles de Titus ? demanda-t-elle avec une douceur maternelle.

Harry soupira, la fatigue de ces dernières semaines se lisant clairement sur son visage.

— Pas directement, répondit-il. J'espère en savoir plus aujourd'hui. Drago... le directeur Malfoy, m'a dit de venir ici... Il accueille les élèves...

L'inquiétude dans la voix de Harry était palpable. Il s'assit sur l'un des lits de l'infirmerie, son regard se perdant un instant dans le vide avant de revenir sur Madame Losca.

— J'ai peur pour lui, avoua-t-il. Ce que l'Imperator est capable de faire... je ne sais pas si nous pourrons le protéger ici à Poudlard.

Madame Losca posa une main rassurante sur l'épaule de Harry.

— Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, professeur. Poudlard a toujours été un refuge, pas seulement un lieu d'apprentissage. Nous trouverons un moyen de veiller sur Titus, affirma-t-elle fermement.

Leurs échanges furent interrompus par l'ouverture des portes de l'infirmerie.

Titus franchit le seuil de l'infirmerie, son allure hésitante et son expression tiraillée entre la douleur et la détermination. Son bras droit, soigneusement enveloppé de bandages noircis, était maintenu contre son torse comme pour protéger une blessure invisible mais profondément douloureuse. Drago Malfoy, qui le suivait de près, avait un regard sombre, chargé de non-dits.

Harry se leva précipitamment à la vue de Titus, son cœur se serrant à la vue de son élève ainsi meurtri. Sans attendre, il s'approcha, son expression à la fois inquiète et colérique.

— Titus, mon Dieu, qu'est-ce qui s'est passé ? s'exclama Harry, jetant un regard interrogateur à Drago.

Drago secoua la tête, son visage grave.

— C'est le message de l'Imperator, commença-t-il, la voix basse. Il veut nous faire comprendre que toute interaction que nous pourrions avoir avec Titus qui va à l'encontre de ses ordres aura des conséquences directes sur lui.

Madame Losca, avec une efficacité professionnelle, invita Titus à s'asseoir sur l'un des lits d'examen. Elle commença doucement à défaire les bandages, ses doigts agiles et expérimentés manipulant avec soin le membre blessé du garçon.

— C'est un avertissement, continua Drago, le regard fixé sur les mains de Madame Losca qui révélaient progressivement l'étendue de la blessure. Chaque fois que nous tentons de le protéger, de l'encourager à être plus que ce que son père veut qu'il soit, Titus paie le prix.
Harry, se tenant près du lit, fixait Titus avec une intensité brûlante, ses yeux promettant protection et vengeance silencieuse.

— Nous ne pouvons pas le laisser souffrir ainsi, murmura-t-il. Nous devons trouver un moyen de le protéger sans aggraver son sort.

Titus, le visage pâle et marqué par la fatigue, regarda Harry puis Drago. Il resta silencieux, ses yeux exprimant plus que les mots ne pourraient jamais le faire. Son regard se posait alternativement sur Harry et Drago, transmettant une détresse silencieuse et une supplication muette. Il savait les risques que chaque mot prononcé, chaque geste de rébellion, pouvaient engendrer non seulement pour lui mais aussi pour ceux autour de lui, notamment 51, dont le sort semblait irrévocablement lié au sien.