Leçons de l'Imperator

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Titus était assis au pied de son sarcophage, les yeux fermés, appréciant les effets de la potion. La douleur s'estompait lentement, remplacée par une sensation de flottement apaisant.

— J'ai augmenté la dose, dit une voix basse.

Il ouvrit les yeux et fixa son père, puis les Ombres, s'arrêtant sur 51. L'Imperator se tenait là, imposant, ses yeux perçants observant chaque mouvement de son fils.

— Je sais, dit l'Imperator. Ce n'est pas sa faute. Il a toujours eu... une petite faiblesse et surtout une incapacité à voir plus loin.

Titus se leva, ses muscles encore engourdis par la potion. Il fixa Narcisse, au milieu des autres, le regard baissé, les épaules affaissées.

— Il peut être utile...

— Non, coupa l'Imperator. Tu sais que non.

Titus acquiesça, résigné.

— Et... le professeur Henry ?

L'Imperator posa une main sur l'épaule de Titus, son regard adouci par une rare once de pitié.

— J'ai hésité, avoua son père. Mais une Ombre... suffit amplement... En plus... Castor se fait vieux... Il n'a jamais été très bon en maléfice. Et 51... Un regret... Mais... ce n'est pas sa faute.

Titus sentit une vague de tristesse l'envahir en regardant le masque de 51.

— Est-ce la mienne ? murmura Titus. Ils...

Il détourna les yeux de 51, cherchant des réponses dans les regards des autres.

— Elle a dit que... que j'étais son fils.

L'Imperator soupira profondément, comme si le poids du monde reposait sur ses épaules.

— C'est vrai. Et lui... il a été mon fils... Un rayon dans le cœur d'un homme qui n'a pas le droit d'aimer. Et toi non plus, Titus. Le pouvoir demande des sacrifices.

L'adolescent hocha la tête, sentant une compréhension nouvelle se former en lui. Il fixa les mains de l'Imperator, des mains puissantes et déterminées. Titus savait qu'il devait devenir encore plus fort.

— Quels sont vos désirs ?

— Tu vas m'assister pour... ton oncle.

Narcisse gémit, ses larmes coulant silencieusement sur ses joues. Titus observa cet homme, son oncle, qui se sacrifiait par peur et espoir mêlés.

— Oui, père, dit l'adolescent. Bien sûr.

L'Imperator tapota le crâne de Titus avec une tendresse glaciale.

— Aucun regret, murmura le mage. Viens.

Titus connaissait le chemin par cœur. Ils se dirigèrent vers la salle ronde, celle avec les sarcophages. Ses pas résonnaient doucement sur le sol froid, une sombre détermination gravée sur son visage.

— Tu dois comprendre, Titus, dit l'Imperator en marchant à ses côtés. Le pouvoir demande des sacrifices. Narcisse le sait maintenant.

Titus hocha la tête, sentant le poids de la responsabilité s'alourdir sur ses épaules. Il savait que pour devenir l'héritier de l'Imperator, il devait abandonner toute trace de faiblesse, toute émotion humaine. Il devait devenir une âme sans joie, sans peur, sans haine, sans amour, plus puissante et impitoyable que n'importe quelle autre.

Ils arrivèrent dans la salle ronde. Narcisse fut traîné jusqu'à un sarcophage, maintenu par deux Ombres. Il marmonnait une prière, alors qu'il était placé dans le sarcophage.

Invisible III - Titus SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant