Une mésaventure de Renart - I

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Les récits du Moyen-Âge ont longtemps rapportés les aventures d'un jeune renard dont on n'avait su donner meilleur nom que celui de Renart. Ce modeste sobriquet suffisait à désigner cet animal plein de ruse. Petit enfant, il n'était pas rare de se faire conter les aventures de cet animal sournois, et plus particulièrement les tribulations qu'il entretenait avec le loup Ysengrin.

Spectacle divertissant dépourvu de morale, la figure de Renart n'en demeure pas moins associée à celle de l'enfant. En cela, j'entends que les récits de XIème siècle rapportent les aventures d'une créature soumise à la pleine satisfaction de ses désirs, n'obéissant à d'autre maîtres que soi-même.

Qui n'a jamais gardé l'image du perfide qui patiente la venue de sa proie ; qui, une fois prise au piège, la défie de ses railleries ; et qui, s'en retournant chez lui, l'abandonne à son trépas ?

Ce n'est certes pas un récit louable de morale, et pourtant vous y avez ri. Vous avez pris autant de plaisir à tourmenter sa proie que le renard. Vous vous en êtes rendu aussi coupable par le simple fait de lire ses propres machinations. Et c'est ce qui a fait la renommée de ces histoires. Les gens n'ont eut de cesse de guetter les récits de ses aventures. Et rapidement, l'on entendit parler de lui partout en France, et même à l'étranger.

Pourtant — fort aise de vous décevoir, l'une de ses aventures est restée inconnue du grand public. Et j'ose affirmer que ce n'en est pas la moindre. C'est pourquoi — dans ma grande bonté, je me propose de vous la raconter afin de vous permettre de rire un peu plus encore du malheur des autres.

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