Sa Majesté était imposante, et son image incarnait l'autorité même. Mais le ton avec lequel elle s'était exprimée suffit à décrédibiliser sa souveraineté même. La colère du roi s'était soudainement effacée, et bientôt il se mit à converser en toute amicalité avec le jeune garçon. Ce-dernier exposa sa situation et, quand il eut fini de lui parler, le roi prit la parole :
« Je ne connais qu'une personne capable de remédier à ta mésaventure. Rends-toi auprès de Dame Fée. Sa magie pourra certainement te ramener chez toi. »
Le roi le confia à l'un de ses soldats d'élite, lequel n'était autre qu'un chat que l'on avait soigneusement paré d'une épée et habillé d'une paire de bottes. Non sans la moindre surprise, celui-ci parlait. Il parlait même un peu trop :
« Vois-tu, s'était-il adressé à lui en quittant le palais, la jeune fille que tu vois pleurer sur les marches là-bas a conquis le cœur du prince héritier simplement parce qu'elle a enfilé une pantoufle de vair à son pied ! »
Et il se mit à glousser dans ses moustaches. Tout au long du trajet, il lui raconta toutes sortes d'histoires du pays. Des histoires que le lecteurs a sans doute déjà ouïes, mais qui n'auront jamais été aussi bien racontées que par le félin. En bon animal de cour, ses récits ne juraient que par le soupir de princesses et par le claquement des armes de leurs amants.
Si bon conteur qu'il était, ils finirent par atteindre la demeure de la fée sans même s'en apercevoir. Il s'agissait d'une ravissante petite maison siégeant au milieu d'une clairière. Un ruisseau sillonnait l'étendue d'herbes fraîches qui l'entourait. Dans les arbres, les oiseaux piaillaient, et le vent bruissait sur les plantes.
Le chat frappa à la porte, mais personne ne vint ouvrir. Non sans agacement, il réitéra son geste plusieurs fois. Après avoir longuement insisté, il finit par se résigner à son absence : « Madame est sûrement partie prendre l'air ! »
Ils entreprirent alors de remonter le ruisseau en espérant la rencontrer sur son chemin. Après plusieurs minutes de marche, ils croisèrent le pas d'une jeune fille. Le chat ne put s'empêcher de l'interroger :
« Bonjour, mademoiselle ! N'auriez-vous pas aperçu Dame Fée ? Car voici que nous la cherchons en ces lieux.
— Pour sûr que je l'ai aperçue ! répondit-elle aussitôt. Je m'en reviens de la source où je l'ai abreuvée d'un peu d'eau. »
Et pendant qu'elle prononçait ces mots, une poignée de diamants s'échappa de sa bouche. Non sans étonnement, ils ramassèrent les bijoux et les lui remirent. Après l'avoir remerciée, ils poursuivirent leur chemin en direction de la source.
Une seconde jeune fille apparut sur leur chemin, mais celle-ci, contrairement à la précédente, était remarquablement bien vêtue. Le chat l'interpella à son tour :
« Bien le bonjour, ma dame ! N'auriez-vous pas aperçu Dame Fée ? Car voici que nous cheminons à sa rencontre.
— Je ne crois pas messieurs. Je m'en reviens de la source où je n'ai croisé qu'une vieille femme sans la moindre allure de fée. »
Et alors qu'elle prononçait ces mots, un crapaud s'échappa de sa bouche. Intrigués, nos voyageurs continuèrent leur chemin jusqu'à la source. Lorsqu'ils arrivèrent, Dame Fée était là.
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Histoires de mon enfance
Historia CortaAu XVIIe siècle, un jeune garçon se retrouve soudainement transporté au pays des contes. N'ayant d'autre perspective que de s'en échapper, il fait la rencontre de plusieurs êtres familiers qui acceptent de lui venir en aide. Mais ceux-ci lui font ég...