COMBIEN DE JEUNES PARENTS GÈRENT COMME DES PROS ?

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Je retourne à la fac et retrouve Jade. Dès que je la vois, un sourire éclaire mon visage. Elle est adossée à un mur, son téléphone à la main, l'air concentré. Quand elle me remarque, elle lève les yeux et me fait un signe.

« Salut toi ! » dit-elle en rangeant son téléphone dans son sac.

« Salut ! » répondis-je en lui faisant la bise. « Prête pour une longue journée ? »

Elle rit. « Oh, absolument. Rien de mieux que de traîner dans cette fac de merde. »

Nous commençons à marcher vers notre salle de cours. En chemin, nous discutons de tout et de rien. Jade me raconte les derniers potins du campus.

« T'as entendu ce que Julie a fait vendredi soir ? » me demande-t-elle, les yeux pétillants de malice.

« Non, raconte ! » dis-je, curieuse.

« Apparemment, elle s'est fait choper en train de... » commence Jade, mais sa phrase est interrompue par l'apparition de Julie elle-même, à l'autre bout du couloir. Nous nous taisons, échangeant un regard complice.

Une fois en classe, nous nous installons à notre place habituelle, au fond de la salle. Jade commence à dessiner des petits gribouillis sur son cahier pendant que le professeur prépare son matériel.

« Regarde qui voilà, » murmure Jade en désignant discrètement un groupe d'étudiants près de la porte. « Les trois mousquetaires du club des prétentieux. »

Je glousse. « Quel bande de bouffon. Toujours à se pavaner comme s'ils étaient les rois du monde. »

« Grave, » acquiesce Jade. « Surtout Tom. Il se prend vraiment pour j'sais pas qui. »

« C'est clair, » dis-je en secouant la tête.

Le cours commence, et nous essayons de nous concentrer, mais nos échanges de regards et de sourires complices nous ramènent toujours à nos petites discussions et critiques silencieuses.

À la fin du cours, nous sortons ensemble, toujours en train de papoter. Jade s'étire en levant les bras au ciel. « Allez, on se fait un café avant le prochain cours ? J'ai besoin de carburant pour survivre à cette journée. »

« Avec plaisir, » dis-je en riant.

Nous nous dirigeons vers le café du campus, une petite échoppe accueillante où les étudiants se retrouvent pour discuter, travailler ou simplement faire une pause. Nous commandons deux cappuccinos et trouvons une table dans un coin tranquille.

Jade reprend la conversation là où elle l'avait laissée. « Donc, Julie... » commence-t-elle, un sourire espiègle sur les lèvres.

« Oui, qu'est-ce qu'elle a fait cette fois ? » dis-je, impatiente d'entendre la suite.

« Eh bien, tu sais qu'elle sortait avec Max, le mec de l'équipe de rugby ? » dit Jade en sirotant son café.

« Oui, oui je vois qui, » acquiesçai-je.

« Alors, apparemment, vendredi soir, ils étaient à une fête chez Léo, et Julie a fini par se disputer avec Max. Elle était tellement vénère qu'elle a décidé de pécho Lucas, son meilleur pote, devant tout le monde pour faire rager son mec. »

Je suis bouche bée. « Sérieusement ? Mais c'est une salope. »

Jade hoche la tête, les yeux pétillants. « Oui, et apparemment, Max les a vu, et il est parti devant tous le mec qui crier et tout. »

Je ne peux m'empêcher de rire. « C'est tellement Julie, ça. Toujours à faire des trucs à la con pour se faire remarquer. »

« Je sais, c'est une vraie drama queen, » dit Jade en souriant. « Mais bon, moi ça me diverti.»

« Franchement, je ne peux pas me la voir, » dis-je en secouant la tête.

Jade rit. « T'inquiète, t'es pas la seule. Elle a le don de taper sur les nerfs de tout le monde. »

Nous continuons à papoter et à critiquer ceux qu'on ne peut pas supporter dans cette fac. C'est notre petit rituel, une manière de relâcher la pression et de rire des absurdités de notre quotidien.

Devant notre café, je décide d'annoncer à Jade que je suis enceinte. Je prends une profonde inspiration avant de lâcher la bombe.

« Jade, j'ai quelque chose à te dire, » dis-je, le cœur battant.

Elle lève les yeux de son téléphone, curieuse. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? »

Je joue nerveusement avec ma tasse avant de parler. « Je suis enceinte. »

Les yeux de Jade s'illuminent immédiatement et elle pousse un cri de joie, attirant les regards des autres clients du café. Je lui fais signe de se calmer.

« Shhh, pas si fort ! » lui dis-je en riant nerveusement.

« Désolée, » dit-elle, baissant le ton mais toujours excitée. « C'est incroyable ! Félicitations ! »

Je souris, touchée par sa réaction, mais mon expression se trouble rapidement. « Merci, mais... j'ai des doutes, Jade. »

Elle pose sa main sur la mienne, ses yeux remplis de compassion. « Raconte-moi tout, » dit-elle doucement.

Je lui explique mes craintes, ma panique quand j'ai découvert la nouvelle, et mes inquiétudes sur notre capacité à élever un enfant. Jade écoute attentivement, hochant la tête de temps en temps.

« C'est normal d'avoir peur, » dit-elle finalement. « Mais tu sais quoi ? Je te vois bien avec un gosse. Et puis, plein de gens ont des mômes tôt et s'en sortent très bien. Regarde autour de toi, combien de jeunes parents tu connais qui gèrent ça comme des pros ? »

Je soupire, reconnaissante de son soutien. « Oui, mais c'est tellement un gros changement... »

« C'est sûr, » répond-elle. « Mais t'es pas seule. T'as Antoine, t'as moi, tu t'en sortiras. »

Je hoche la tête, touchée par ses mots. « Merci. Ça me rassure de savoir que t'es là. »

Elle sourit. « Toujours. Maintenant, dis-moi, comment Antoine a pris la nouvelle ? »

Je ris en me rappelant sa réaction. « Il était super content. Mais il m'a aussi dit que si je ne voulais pas le garder, il me soutiendrait quoi qu'il arrive. »

Jade hoche la tête, son sourire s'élargissant. « C'est un mec bien. Vous allez y arriver, j'en suis sûre. »

Après avoir terminé nos cafés, nous retournons en classe pour le cours suivant. Le reste de la journée passe rapidement, entre les cours et les discussions avec Jade. Finalement, la douce sonnerie retenti pour annoncer la fin de la journée, et nous nous dirigeons vers la sortie du campus.

« Une journée de plus de passée, » dit Jade en soupirant de soulagement.

« Oui, et une de moins à endurer, » répondis-je en riant.

CHEMIN VERS LA RÉSILIENCE // BAC NORDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant