Hell's Snakes MC #2 : Pax & Charlotte

Les Ténèbres de Folkstone

Pax

Il est presque onze heures quand je franchis l'enceinte du club, le trajet qui devait durer moins d'une heure m'a pris le double de temps à cause des travaux. Je suis accueilli par une tornade blonde, la première dame.

- J'espère pour toi que tu as une bonne explication. Tu es attendu à la chapelle.

- Comment va Charlotte ?

- Je ne sais pas, Pax.

- Comment ça tu ne sais pas ? L'angoisse me submerge, je pensais qu'elle l'aurait appelé quand je suis partie.

- Elle n'était plus là ce matin, on s'en est aperçu en nous levant il y a trente minutes. Elle a pris le van, elle ne répond pas au téléphone.

- J'appelle Bolingbrook, elle a dû prendre le chemin du retour.

- Inutile, ils sont là. Personne n'a de nouvelles.

C'est quoi encore ce délire ? Charlotte ne connait pas le coin, je ne vois pas où elle aurait pu aller. J'entre à sa suite et me dirige vers la chapelle. À peine ai-je passé la porte que cette fois, c'est l'ouragan qui s'abat sur moi.

- Logan, je t'aime comme un frère, mais je jure tous les dieux que je vais te buter bordel !!! Comment tu vas ? J'ai pas le temps de répondre qu'elle secoue sa main. Non, tu sais quoi? Tu me répondras quand j'aurai retrouvé ma meilleure amie et que je saurai si je dois prendre de tes nouvelles ou bien décidé de ce que je vais faire de ton corps !

- Pax, mon frère, on va la trouver. Est-ce qu'elle t'a appelé ? Me dit Shadow

- J'ai plus de batterie.

- Est-ce que tu sais où elle aurait pu aller ? Je prends le chargeur que me tend Liam et attends que mon téléphone se rallume.

- Non, elle avait prévu de rendre visite à la gamine, mais pas avant cet après-midi, elle ne connait rien ici, je ne vois pas où elle aurait pu aller. Elle a peut-être juste eu besoin de prendre l'air ? Tentais-je, mais je sais qu'ils ne sont pas dupes, tout comme moi-même si j'essaie de m'en convaincre.

Mon téléphone met un temps fou à se rallumer, il faut dire qu'entre la flotte et la batterie HS, il est probablement même mort. Des coups frappés à la porte interrompent le silence qui s'est fait. C'est Sarah.

- Il y a quelqu'un qui demande Logan.

Voilà, je l'avais dit, ce mauvais putain de pressentiment. Qui peut bien venir me chercher ici putain ?

- Mme Pears ?

- Désolé de débarquer à l'improviste mon p'tit, mais je l'ai retrouvé endormie dans ma serre quand j'allais arroser mes légumes.

- Qui ?

- Elle avait ce papier sur elle avec cette adresse. On a mis un peu de temps avec ma vieille carcasse et mon tacot, on est un peu longue, j'ai eu beau appuyer sur le champignon ces vieilles machines n'en font qu'à leur tête comme mon Alfred.

- Madame Piers, qui ?

- Ah oui, oh pardon. Céleste. Elle m'a seulement dit de l'emmener ici et de prévenir personne que c'est l'instruction qu'elle a reçue alors, j'ai fait. Je m'apprête à avancer quand elle me saisit par le bras. Logan, elle n'est pas belle à voir. L'impact est violent, il me consume, mais cette fois, je ne serais pas le seul, il va souffrir et il va mourir.

J'approche à petit pas, rempli d'appréhension. J'ouvre la porte arrière et ce que je vois me glace le sang, me ramène des années en arrière.

- Logan, ce n'est pas Éden. D'accord ? Et elle est en vie, elle est juste endormie. Ressaisis-toi s'il te plait, on doit la retrouver. Me dit Ava.

Une demi-heure plus tard, mon téléphone s'est rallumé et Céleste nous a parlé. On est sur la route. J'espère qu'il n'a pas touché à un seul de ses cheveux. Toute rationalité m'a déserté, je ne ressens plus rien, j'ai vidé mon esprit, il s'attend au pire, ne reste de moi plus qu'une coquille vide. Je ne survivrai pas sans elle. J'avance avec l'impression de revivre cet instant, appréhendant le moment où je découvrirai son corps, sans vie. Je ne fais gaffe à rien, les limitations de vitesse, les stops et même les feux deviennent invisibles, je trace droit dans les enfers. Je fonce avec un seul but, qu'il paie. Pour Éden, pour Céleste et pour elle. Quand on arrive et que le panneau Folkstone apparaît, je jure que c'est la dernière fois que j'y mets les pieds. Cette ville m'a beaucoup apporté, mais toujours plus de malheur.

Mes frères me suivent, certains à voitures d'autres à moto histoire de ne pas trop attirer l'attention, on n'oublie pas qu'on n'est pas chez nous et même si Liam à passé un coup de téléphone au Shérif de Folkstone, on n'est pas à l'abri. Quelques centaines de mètres me séparent encore de l'endroit fatidique, j'ai revêtu mon masque, je le savais, m'attacher me ferait souffrir. Je n'aurai pas dû, je n'aurai jamais dû. Sans ça, elle ne serait pas là. C'est ma faute encore.

On se gare un peu plus loin, on continue à pied, lorsque j'arrive devant la maison la première chose que je remarque ce sont les volets clos, chose inhabituelle puisque mon père les ouvre dès son réveil soit très tôt le matin, et sa voiture est toujours là ainsi que le van. Je cours sans réfléchir, sans écouter le plan que nos près mettait en place, je cours comme si ma vie en dépendait, je défonce la porte d'un coup de pied, arme en main. Et le flash black me fait sombrer, je casse tout encore et encore, je veux m'arracher le cœur à main nu.

- Non non putain non !! pourquoi putain pourquoi ?!?! Hurlais-je

Charlotte est là, allongée à même le sol, les chevilles encore attachées à la chaise qui s'est cassé la gueule. Elle est blême, blanche, froide, immobile. Comme Éden. Éden. Charlotte.Charlotte. Éden. Leurs visages se superposent et je ne réponds plus de rien, je cogne encore et encore, mes mains sont en sang, mais ce n'est pas suffisant, je ne veux plus souffrir, si je le veux. En fait, je sais plus, je crois que je ne veux plus ressentir. C'est deux bras qui m'encerclent et me sortent de ma folie.

- Calme-toi mon frère, elle est en vie. Elle respire d'accord ! Et ce fils de pute aussi.
Ava nous attends au QG, elle va s'en sortir, mais tu dois lui faire confiance. On embarque ton vieux.

Je refuse que quiconque la touche, je m'approche d'elle, je la prends le plus délicatement possible, j'embrasse son front, il est froid, pâle, froid, pâle comme la mort. Les ténèbres, elles sont là, elles me tiennent, m'aspire. Je dépose ma belle dans le van, je l'observe et je referme la porte sur cette image, sur elle, sur nous.