Death Crowns

Chapitre 3

          

Chapitre 3

Elena

"Cher journal, aujourd'hui, on est samedi, c'est le week-end. Et bizarrement, je réfléchis. Ce qui m'arrive vraiment très rarement. Enfin, ma mère m'a dit que je devais être honnête dans mon journal, mettre mes pensées au nu. J'ai énormément de mal à faire ça. Elle m'a ajouté qu'il était fait pour ne pas que je fasse semblant, pour faire sortir le « vrai moi ».

Alors je vais l'écouter. Donc, cher journal, je te présente Elena Sanchez version 2.0 !

Je n'ai aucun souvenir de mon enfance en réalité. D'après maman, elle a été très dure et c'est en soi une bonne chose que je n'en garde pas le souvenir. Moi, j'aimerais savoir ce qu'il m'est arrivé, même si ça fait mal de savoir que j'aurais pu vivre des choses atroces. Et j'ai aussi failli ne pas survivre à l'adolescence.

À l'école. Depuis la troisième, j'enchainais crises d'angoisses et de stress avant de monter dans le bus. Je ressens un sentiment étrange, et il envahit chaque partie de mon corps. Il tord mon ventre, embrouille ma tête, paralyse mes doigts, siffle mes oreilles, floute la vue et fait trembler mes doigts.

Je me sens vaciller à chaque pas que j'effectue dans ces couloirs sans fin, sombres, dénués de quelconque once de vie. Un endroit où je sens que tous les regards sont posés sur moi, que tout le monde rigole de moi.

Moi, moi, moi. Vous pensez que je suis égoïste à dire toujours moi ? Peut-être que oui, pour certaines choses. Par exemple, je suis égoïste envers ma mère. Je veux retrouver mon père, sans me soucier de ce qu'il a fait à ma mère pour nous avoir.

Je pense qu'elle m'en voudra toujours d'essayer de trouver une trace de lui, que je la dégouterais toujours de lui ressembler. Peut-être qu'elle a peur de moi ? Peut-être qu'elle ne m'aime pas ?

Rose et moi sommes des enfants issus d'un viol. Ce serait très probable qu'elle nous déteste, qu'elle nous rejette, qu'elle ait peur de nous. Mais au lieu de ça, elle a toujours fait comprendre à Rose qu'elle l'aimait. Surement parce que c'était une mini-elle. Et moi une minie violeuse. C'est ça ?

Sauf que moi, je ne ferais jamais ce que mon père a fait. Ma mère ne méritait en aucun cas ça. Sa plainte n'a même pas été reçue, car elle n'avait pas dit « non ». Justice de merde. Il aurait mérité d'aller en prison.

Et mon côté égoïste aurait dit : « S'il va en prison, je saurais où il est. » Mais mon côté bienveillant lui en veut encore : pour le viol. Il a détruit ma mère. Son petit cœur d'or maintenant brisé, ses yeux d'ange maintenant sombres et vides, son sourire innocent maintenant effacé.

Wow, je crois que j'en ai assez dit pour aujourd'hui, et je dois me préparer pour le shooting photo qui m'attend. Aujourd'hui, j'ai une petite fille de 9 ans qui vient ! C'est ma préférée, elle s'appelle Ashley et est atteinte de trisomie 21.

...

– Maman, je suis rentrée ! (personne ne répond) Maman ?

J'entendis des rires venant de la cuisine.

— Oh, t'es là, désolé, on ne t'a pas attendu pour faire les cookies. Déclara-t-elle sans vraiment être sincère.

— Mais vous m'aviez promis de m'attendre, c'est moi qui les fais le mieux !

— C'est bon, Elena, tu ne vas pas en faire tout un plat, ce n'est pas une gamine. Rala ma sœur les mains dans la pâte.

– Attends, il faut que je te dise un truc. En privé, désolé Rose. Ajouta maman.