Tu te hais si fort.
Ton corps s'alourdit, chacun de tes pas t'éloignent de plus en plus d'elle.
Tu ne veux plus avancer, pourquoi avancer ? Pourquoi, sans sa présence à tes côtés?Tu n'arrives plus à arrêter tes pensées. Peut-être est-ce la drogue, ou perds-tu la raison?
Les couleurs vives de ton téléphone sont peintes écarlates par tes empreintes digitales; les marques maudites de tes doigts tremblants, de tes ongles sales à l'odeur de sang. Tu as envie de te gratter et la substance intensifie tous tes gestes. T'en es au point de creuser ta peau, creuser jusqu'à en mourir.
Tu aurais dû mourir longtemps avant ce jour; les sonates du répondeur percent tes tympans comme d'infimes piqûres de rappel.
- Putain, répond, je t'en prie...
Mais tu n'as plus le choix maintenant. Le froid infiltre tes plaies, rougit ton nez; amplifie davantage cette envie de fumer que tu t'es mis à détester, celle qui te ramène à tout ce que tu étais, qui te fait ressentir la moindre de tes cellules endolories, jusqu'au plus petit centimètre.
La seule chose qui anesthésiait ta poitrine, qui te permettrait d'oublier qu'elle n'est plus là, que tout s'arrête là.Retour à la case départ, le corps blotti contre cette bouche d'aération qui souffle de l'air chaud, cherchant encore à ressentir un peu de douceur. Un placebo; quelque chose d'autre que des larmes pour recouvrir tes joues. Ce sentiment d'échec, d'impuissance, t'insupporte.
Mais qu'est-ce que tu peux faire d'autre? Tu cherches, entre les phares bien trop aveuglants des bagnoles sur lesquels tes yeux rouges se reflètent, une sortie de secours qui grogne dans le bruit d'un moteur, qui se cache dans la nuit noire. Sans espoir.
Mais il n'y a nulle part où trouver ce peu d'amour. Tu le sais.
Tu l'as toujours fui et cherché, tournant en boucle le même vinyle pour arriver à comprendre une chanson dont, même après tant de cercles, tu n'arrives à saisir les sons. Mi-doux, mi-cruels. Courroux ou don du ciel, tu en as autant peur que tu la désire; tu te figes sous la neige sans comprendre ce que tu veux. Tu pourrais faire demi-tour, tambouriner à sa porte dans l'espoir qu'elle
t'aime de nouveau.Mais tu doutes que ta carcasse cassée en tant d'éclats, depuis tout ce temps, ne puisse réparer quoi que ce soit.
VOUS LISEZ
Le rouge
Short StoryTu te hais si fort. Ton corps s'alourdit, chacun de tes pas t'éloignent de plus en plus d'elle. Tu ne veux plus avancer, pourquoi avancer ? Pourquoi, sans sa présence à tes côtés? Tu pourrais faire demi-tour, tambouriner à sa porte dans l'espoir q...