L'adresse qu'on lui avait indiqué au téléphone menait à un grand immeuble de la banlieue de la ville. L'ambiance était pâle en comparaison de la maison luxueuse de Kennedy que Wolfgang avait pris l'habitude d’appeler son nouveau chez lui. Il se présente à l'interphone puis se rend au dix-
huitième étage où une femme lui ouvre la porte; son regard est rendu asymétrique par le contour foncé qui assombrit l'une de ses paupières.
Bien qu'elle le toise, Wolfgang la regarde en retour avec une certaine pitié avant de pénétrer l'appartement. L'extérieur du bâtiment ne payait pas de mine, mais l'intérieur était soigneusement décoré d'une tapisserie rouge et d'une luminosité des plus tamisée.Le brun grince les dents au son du nourrisson qui hurle dans la pièce d'à côté. Un homme, bien entouré d'au moins quatre autres de sa taille, attendait Wolfgang depuis la salle de séjour, les mains dans les poches.
D'un signe du regard, il sembla envoyer la femme s'occuper du bébé, ce qu'elle fit non sans un râle caverneux. Cette dame semblait ivre de on-ne-sait quelle substance.
– Tu as ce que je t'ai demandé?
Wolfgang tourne son regard, blafard, avant de nerveusement fouiller son sac. Celui-ci lui est dérobé par l'un des sbires avant qu'il n'ait le temps de prendre dans ses mains une partie des précieuses économies qu'il avait accumulé, pendant tout ce temps, pour donner à ses frères un meilleur avenir.
Les hommes analysèrent le contenu du sac avec un sourire satisfait.
– C'est un bon paquet de pactole...Tu as bien bossé, Wolfgang. finit-il par avouer. Je
pensais pas que tu m'amènerais une telle somme aussi vite...
– Vous allez m'épargner?...Comme vous l'avez promis?
– Avant ça, j'ai un autre service à te demander.Le garçon lève des yeux confus vers l'inconnu qui semble lui indiquer de la main une pièce voisine; la pièce de laquelle émanait les cris stridents qui le repoussaient tant.
D'un pas hésitant, Wolfgang se dirigea doucement vers cette chambre, ou il vit la femme qu'il avait croisé précédemment, secouer vigoureusement un nourrisson dans ses bras.– Mais tu vas te taire?! Tu vas te taire?!
– C'est...Il avait envie de vomir.
Le nourrisson avait en tout point le visage de Kennedy. La même peau, le même nez, le même regard, dans lequel il pouvait revoir tous ses mensonges.Wolfgang n'en croyait pas ses yeux.– Donne-lui, Christina.
– Quoi?...Wolf acceuille le bébé pleurant dans ses bras avec maladresse.
– Mais, mais, je ne peux pas m'occuper d'un enfant! Je vais me faire défoncer, si je me ramène chez moi avec un gosse!
– C'est le gosse de ton copain non? Prends-le! s'exclame la femme saoule avant de quitter la chambre en titubant.
– Mais je peux pas! J'ai pas les moyens, je-, je-, il va détruire ma vie-...Aux larmes de l'enfant finissent par se mêler celui de son porteur, poussé à bout.
Mais cela ne sembla pas attendrir le moins du monde son bourreau.– Ecoute-moi bien, Wolfgang...
Les sanglots du garçon s'étouffent net une fois confrontés au regard froid et meurtrier du chef de gang, qui se faisait bientôt rejoindre par ses associés armés. Wolf dévisagea un à un ces hommes vidés de toutes émotions, jusqu'à ce qu'elles se retrouvent aspirées de son propre corps également, et que ses yeux se reposent sur le bébé.
Ce bébé au visage familier, le fruit du seul amour qu'il n'a jamais eu.
Ce visage qui à lui seul résumait toutes ses souffrances, ce visage qu'il avait eut envie d'embrasser, et qu'aujourd'hui, avait envie d'étriper.– ...Est-ce que je te laisse vraiment le choix? demanda froidement l'inconnu.
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Le rouge
Storie breviTu te hais si fort. Ton corps s'alourdit, chacun de tes pas t'éloignent de plus en plus d'elle. Tu ne veux plus avancer, pourquoi avancer ? Pourquoi, sans sa présence à tes côtés? Tu pourrais faire demi-tour, tambouriner à sa porte dans l'espoir q...