Chp1 - Débutons - 18 de Douce Vie, 1492.

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J'ai décidé d'écrire pour ne pas oublier cette nouvelle partie de ma vie. Je dis nouvelle, mais de l'ancienne je ne garde que des bribes éparses, floues, parsemées de givre et de mélodies, de spasmes sanglants et de souvenirs incomplets, mais de cela nous pourrons parler plus tard.

Hier nous nous sommes retrouvés, tous ensemble, tous ceux et celles qui avaient composé notre compagnie. Les revoir, leurs sourires, leurs voix, tout était précieux. Délicieuse surprise, j'ai presque honte de l'avouer, j'ai reçu de petits cadeaux et, réellement, j'étais si heureuse, vous n'imaginez pas à quel point. Je n'ai aucun souvenir de fêtes de saison, de célébrations d'heureux événements, mais il est évident que j'étais aussi euphorique qu'une enfant aux fêtes du soleil d'or.

Entre autre chose, Gayle, notre merveilleux Gayle, prodige et mage de son état, m'a offert un petit coffret aussi commun qu'enchanté. À l'intérieur une longue plume d'écriture, cerclée d'argent et éternellement prête à écrire. Nul besoin d'encre, juste le contact d'un papier et le geste d'un conteur. La petite boîte qui ne paye pas de mine renferme également un carnet, celui-là même dont je noircis les pages à cet instant. Dernier détail, mais pas des moindres, Gayle a enchanté ce coffret avec le même sort que celui qui nous permettait sur la route de déplacer tout un camp sans difficulté. Cette boîte possède une contenance bien plus vaste que son apparence ne le laisse présager et il ne pèse quasi rien. Un bien beau présent vous en conviendrez.

Notez que j'ai également collecté nombre de câlins, aussi éphémères que précieux, ainsi qu'un charmant petit canard en bois. Oui, vous pouvez me jalouser, je vous l'accorde.

Mais j'aurais dû débuter cette page autrement, je le réalise maintenant.

Avant de poursuivre, permettez que je revienne sur mes premiers mots. Effectivement un dragon a béni ma lignée. Ne me demandez pas si cela a eu lieu il y a deux millénaires de cela ou trois cents ans, je n'en ai aucune idée. De mon enfance je ne me remémore que des airs sans paroles; de ma filiation je ne connais que la partie maudite imposée par Bhaal, alors songez, une éventuelle famille au-delà, c'est tout à fait hors de ma portée. Comment puis-je l'affirmer alors? Et bien des lignes d'écailles claires courent de chaque côté de mon visage, autour de mes yeux et sur le haut de mes joues. Ça c'est pour ce qui est visible. Moins évident de prime abord, une magie ancienne et vive m'habite, ce qui me confère quelques qualités naturelles dans le maniement de la trame.

Que vous ai-je dis ensuite? « Je suis une sadique Drow » . Hum. Je dirais objectivement je suis bien Drow, donc Drow, oui. Concernant le second point, personnellement je ne me crois pas sadique mais je suppose que des siècles de terreur et la force des préjugés pourraient arguer le contraire. Disons que c'est une semi vérité que je vais laisser à votre appréciation. .

Ensuite, «rejeton damné de Bhaal ». Non, plus désormais. Rappelez vous, cela me coûtât même la vie.

Pour finir, « salut de Baldur's Gate », concluons rapidement: en partie. J'ai peut-être bien sauver la citée mais n'en doutez pas c'était un travail d'équipe.

Je préfère que tout cela soit clarifié avant que la déception de découvrir la vérité n'assombrisse votre humeur.

Maintenant venez. J'essaierai de ne pas vous agacer trop en allant et venant entre les jours présents, les journées passées avec mes compagnons d'aventure et les souvenirs qui me reviendront en cours de route. Car de cela je suis certaine, tout n'est toujours pas bien ordonné dans ma mémoire en convalescence. Bien que les visions d'horreurs invoquées par Bhall dans mes songes aient disparues avec le sang qu'il a repris, des brides de mon passé me reviennent comme des débris sur la grève après une tempête. Parfois ce sont de fugaces visions, parfois à peine des sensations. Il m'arrive d'avoir des absences, de brefs instants de troubles alors que de nouveaux souvenirs prennent leurs aises.

Écrire le passé et le présent m'aidera, je crois, je le souhaite, à apaiser mon esprit.

Donc si le cœur vous en dit je vous emmène avec moi. J'ai bon espoir que nous ne nous ennuierons pas. Voyager en compagnie d'un vampire et d'une barde Drow tenterait déjà nombre d'aventuriers. Imaginez, ce vampire est tout aussi tranchant avec ses lames qu'avec ses mots et votre humble servante est une Drow jouissant de la magie froide des dragons blancs! Vraiment, quel audacieux pourrait refuser une telle compagnie?

C'est entendu, vous devez rester et poursuivre votre lecture.

Une histoire en Faerün.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant