Un lacet coincé entre les dents, je finis de serrer la manchette en cuir qui ceint la manche bouffante de ma chemise. Tu paresses, nu, allongé sur le ventre, la tête posée sur un bras au pied du lit. De ta main libre tu joues avec une de tes dagues, la faisant tourner sur elle même, la pointe de la lame piquée dans l'épais tapis de la chambre. Le soleil s'est levé depuis peu. Sa lumière trace une ligne dorée sur le parquet à quelques pas de toi. Sa progression se faisant, elle s'éloignera jusqu'à disparaître un peu avant la nuit.
— Tu pars tôt aujourd'hui, te plains-tu en me jetant un regard triste.
— C'est que je dois refaire le plein de provisions, trouver un maquignon disposé à vendre des bêtes en bon état... » J'enfile ma tunique et attrape mes ceintures. Serrant les boucles, je reviens vers toi. « Après il faudra acheter des selles et des sacoches ». Je m'enfonce dans le matelas à ton côté et enfile mes bottes jetées là hier. « Et je dois aussi trouver des parfums pour ma merveille... »
Je ne le vois pas mais j'entends ton sourire. Je pose doucement ma main dans le creux de tes reins.
— Et dès que la nuit sera tombée je t'emmène essayer ce que j'ai fait mettre de côté chez le tailleur.
— Comme il vous plaira ma reine.
Je caresse ces petites fossettes entre tes muscles, juste au bas de ton dos.
— Tu es d'humeur arrangeante aujourd'hui, dis-je avec malice.
— Tant que tu continues de me toucher ainsi je serai de bonne humeur ma douce.
Canaille. Sublime canaille. J'ai toute la journée, je peux traîner un peu.
Je m'installe mieux et masse doucement tes muscles le long de ta colonne. Ton allure svelte et féline est trompeuse, tout ton corps est dessiné avec précision. Sur tes attaches fines, tes muscles sont tout aussi denses que souples. Tu laisses échapper un ronronnement quand j'écarte mes doigts pour faire rouler tes trapèzes. Ta peau est douce. Parfaite. Sauf évidemment là où Cazador l'a marquée.
Tu es vampire. Ta peau aurait dû guérir. Sans surprise, la lame inscrivant les modalités d'un pacte diabolique ne pouvait qu'être diabolique. Je continue mes mouvements, appuyant du pouce sur les côtés de tes vertèbres, faisant rouler doucement l'épiderme le long de tes flancs. Mais invariablement mon attention se fixe sur les reliefs de ta cicatrice. À chaque fois que ma peau entre en contact avec ces lignes maudites, je souffre en songeant à ta peine; un picotement qui pince mon cœur. La manière dont l'épiderme demeure rouge sur les lignes scarifiées. Encore cette douleur qui serre mes entrailles. Une douleur. Une douleur physique. Je fais glisser très, très doucement mes mains le long de ce stigmate.
— Tu ne me ments pas j'espère, cela ne te fais pas mal?
Tu as dû lâcher ta dague. Tu ramènes ton autre bras sous ton menton et tournes légèrement la tête. Je discerne l'éclat de ta pupille.
— Je ne t'aies pas menti, réponds-tu calmement.
Je reporte mon attention sur mes sensations. C'est là. Un très léger frémissement, une magie qui irrite celle qui coule dans mes veines. L'horreur qu'il t'a fait subir heurte autant mes sentiments que mon corps. Je perçois ce pouvoir sombre qui empêche ta peau de vampire de se rétablir. J'hésite. Je ne voudrais pas te donner de faux espoirs.
— Si c'était possible, tu souhaiterais qu'on les fasse disparaître?
Alors tu te retournes. Je lève ma main et ton torse glisse sous ma paume. Tu croises tes bras sous ta tête.
— Ce serait... Tu crois que...
— La lame elle-même devait être maudite pour pouvoir marquer votre peau sans que vous puissiez guérir.
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Une histoire en Faerün.
FanfictionFanFiction se déroulant dans l'univers du jeu Baldur's Gate 3, prenant pour principaux personnages l'elfe Astarion ainsi que l'une des enfants perdues par Bhaal, Riss. Deux siècles d'esclavage et de violence pour lui. Un destin de sang et de meurtre...