Chapitre 14 - Tugurolumnia

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― Les voyez-vous ? Nous interroge Iverbyl, un doigt pointé vers le ciel.

― Oui ! Je m'exclame toute contente en discernant des formes sombres et rectangulaires dans le branchage. Mais on ne les remarque presque pas avec le feuillage.

En effet, la cabane est quasiment invisible depuis le sol. Personne ne pourrait remarquer Tugurolumnia, à moins de connaître son emplacement.

― Comment on monte ? Demande Romain en examinant l'immense tronc de l'arbre, suspicieux.

― Facile, répond Thalion avec suffisance.

― Et bien vas-y, si c'est si simple, se vexe mon ami en lui lançant un regard furibond.

L'Elfe souris d'un air supérieur avant d'entamer son escalade. Il s'éloigne un peu de l'arbre pour prendre de l'élan puis cour dans sa direction et grimpe contre le tronc. Il atteint la première branche sur laquelle il se hisse avec facilité et nous nargue d'un sourire satisfait.

― On est pas prêt pour Ninja Warriors nous ! Je lui crie. Il va falloir trouver une autre solution !

― Ne vous inquiétez pas, il y a un moyen, rit la reine Gnome qui a suivi notre échange en souriant.

Nous l'interrogeons du regard. Pour toute réponse, elle s'approche et pose une main sur l'arbre plusieurs fois centenaire. Une mélodie semble emplir l'air, l'atmosphère se remplissant peu à peu de sons harmonieux. À notre grande fascination, le bois commence à craquer, résultat du déplacement des immenses branches. L'une d'elles se plie jusqu'au sol, formant une échelle naturelle praticable.

― Trop bien ! S'écrie Romain avant de s'approcher pour tester la solidité de notre escalier improvisé ; il ne bouge pas d'un pouce.

― Merci, dis-je en adressant un grand sourire à la Gnomide.

― Avec grand plaisir, acquiesce-t-elle en me le rendant. Je vous laisse vous installer.

Elle part, nous laissant seul avec un arbre à ascensionner, de nuit. Je rejoins Romain, toujours immobile malgré les indications contradictoires que lui donne Thalion depuis son perchoir.

― Les dames d'abord, m'affirme-t-il en faisant une révérence exagérée.

― Ah mais quel gentilhomme, tu n'aurais pas peur que les branches cassent par hasard ?

― Pff, bien sûr que non.

Sans protester davantage – parce que si je m'y mets, on est pas sortis de l'auberge – je pose un premier pied sur « l'échelle ». Un pas. Après. L'autre.

― Pourquoi on demande pas à Tango et Plume Noire de nous emmener jusqu'en haut ? Je demande en me hissant difficilement aux côtés de Thalion.

― Parce que se serait pas drôle, affirme le prince.

Je soupire et continue mon ascension, facilitée par la position étrange des branches. Après ce qui me semble une éternité de souffrances musculaires, j'arrive enfin sur la passerelle en bois. Je m'écroule sur le plancher, les jambes encore dans le vide. Romain me rejoint, essoufflé comme un buffle et m'imite avant de fermer les yeux. Un bruissement parcourt le vent quand l'arbre reprend sa forme initiale.

― C'est en dépassant ses limites qu'on progresse, claironne Thalion, un sourire en coin.

Un majeur se lève au-dessus de la tête de Romain et je pouffe en voyant l'incompréhension de l'Elfe. Heureusement, il ne sait pas ce que ça veut dire.

― Je préfère ne pas connaître la signification de ce signe, nous indique GTI.

― C'est mieux en effet, affirme Romain.

Laurie et l'oiseau de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant