Chapitre 21 - Captifs

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― Montez, m'ordonne un garde lutin enpointant son sabre beaucoup trop tranchant dans mon dos.

― Oh ça va, je peux marcher toute seule,je réplique en m'exécutant.

Il ne manque pas de me rendre mon regardnoir et je grimpe à l'arrière de la charrette qu'ils ont ramenépour nous transporter. Elle est en majeure partie en bois, mais lesbarreaux qui font office de toit sont, à n'en pas douter, en métal.

― C'est pas vrai, mais c'est pas vrai,ronchonne le Schtroumpf Grognon en prenant place à mes côtés. Y ena marre d'être réveillés en pleine nuit !

― Tu trouves toujours un moyen de teplaindre toi, je lui lance.

― Peut-être, bougonne-t-il, maisaujourd'hui, je n'ai pas eu à chercher bien loin.

― C'est pas bientôt fini vous deux ?S'interpose Snoderim. Vous croyez vraiment que c'est le moment ?

Je lève les yeux au ciel et Romain enprofite pour marmonner dans sa barbe, mais nous cessons de nousdisputer. Pour l'instant.

Il faut dire qu'on a toutes les raisonsd'être sur les nerfs.

Thalion nous rejoint dans notre cage et unefois tous les prisonniers – autrement dit : nous – en lieusûr, les roues se mettent en marche sur le sentier de gravier. Ilsont pas inventé les amortisseur ceux-là ! On a à peine faittrois mètres que j'ai déjà mal aux fesses.

― Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?Chuchoté-je à l'intention de mes amis.

― Rien, réponds simplement CSE, unsourire en coin se dessinant sur ses lèvres minces.

― Comment ça, « rien » ?

― On attends qu'ils nous enferment,développe-t-il.

― Mais... ça va être encore pluscompliqué de nous échapper après ! Déjà qu'ils nous ont eufacilement à dix...

― Laurie Laurie Laurie, commence l'elfe –ma parole on aurait dit Gilderoy Lockart – d'un air entendu. Tu necrois quand même qu'on s'est fait battre par des peluches d'un mètrede haut ?

― Mais...

Je jette un regard interrogateur à Romain,tout aussi perdu que moi, puis à Snoderim qui m'adresse un signe detête pour confirmer les dires du prince de Chrysocolia.

― Réfléchi bien, m'intime la gnomide.Ils nous emmènent directement au château ! Une fois qu'on aurapu parler à Gildius, il n'y aura plus aucun problème.

Je hausse un sourcil dubitatif.

― Mouais, commente Romain, visiblementaussi convaincu que moi.

― Et dans le pire des cas, poursuit-elle,il nous suffira de nous évader.

― Tu parles comme si on allait acheter dupain à la boulangerie, remarqué-je amèrement.

― Je sais que ça peut paraître étrangepour vous, tente Thalion, mais je puis vous assurer que tout sepassera comme sur des roulettes.

Je croise les bras avant de ravaler toutesles remarques qui me viennent à l'esprit. J'y connaît pas grandchose en politique, mais ça m'étonnerait que les elfes, les gnomeset les lutins restent en bon termes si des représentant royaux desuns s'échappent de la prison officielle des autres. C'est à cedemander s'il veulent vraiment la paix.

Je jette un coup d'œil à notre escorte.Le chariot est tiré par deux bêtes grosses comme des chevaux. Jen'arrive toujours pas à me faire une idée sur l'apparence deslutins qui n'ont vraisemblablement aucun mal à voir dans le noir.Tango et Plume Noire suivent le cortège, juste derrière notre cageà roulette. Un corde passée autour du cou, ils se tiennent aussidociles qu'avec nous. A la réflexion, je ne me souviens pas de lesavoir vu participer au guets-apens... C'est sûrement Thalion quileur avait dit de ne pas attaquer. Se laisser prendrevolontairement ! On aura tout vu !

Laurie et l'oiseau de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant