pdv Romain
Nous enchaînons les couloirs déserts du palais elfique au pas de course alors que Thalion nous explique sa fameuse piste pour sauver Laurie.
― Tu as bien dit que c'était la dernière page qui était arrachée ? M'interroge-t-il, ses mèches blondes virevoltant dans l'air sec.
― Oui, il me semble, réponds-je sans deviner où il peut bien vouloir en venir.
― Peut-être que les mots se seront imprimés dans la couverture, m'éclaire-t-il, le regard obstinément braqué vers son objectif.
Je fixe son profil d'un air indécis, avant que Mao n'intervienne.
― Cela m'étonnerait vraiment, je ne pense pas que ce Docteur Amerigo ait suffisamment appuyé.
― Ça vaut le coup de vérifier quand même, non ? Riposte Astal, cherchant l'approbation générale.
Plusieurs hochent la tête. Nous négocions un virage à 90°.
― Le Docteur aura peut-être appuyé volontairement, au cas où, suppose le prince.
― Il n'y a qu'un moyen de le savoir, conclue-je en ouvrant sans ménagement l'un des imposants battants de la porte de la bibliothèque.
Sans ralentir, Thalion saisi le journal abandonné sur la table et un crayon posé là tout en s'asseyant sur la première chaise venue. Nous nous tassons tous les huit autour de lui alors qu'il recouvre la troisième de couverture d'une fine couche grise en penchant la mine de son outil d'espionnage. Tous retiennent leur souffle, surtout quand de maigres courbes blanches apparaissent à la surface du papier cartonné.
― Rah... C'est illisible, ronchonne Thalion.
Lyam s'éloigne de la table pour donner un coup de pied rageur dans le vide en marmonnant quelque chose à propos « d'une nouvelle fausse piste » pendant que les larmes remontent dans les yeux de mes amis. Je passe une main nerveuse dans mes cheveux en m'efforçant de ne pas tirer un bon coup pour les arracher.
Mathilda soupire et récupère le journal pour mettre fin à nos spéculations.
― Il se fait tard, la nuit est déjà tombée. Vous avez tous eu une journée éprouvante et je vous propose de reprendre nos recherches demain matin, après le repos complet.
Le regard d'émeraude qui nous scrute ne laisse pas voix à la protestation et nous capitulons à contre-cœur après qu'elle nous eut promis de continuer les recherches encore quelques heures avec ses conseillers et de reprendre aux premières lueurs de l'aube.
Je me retire donc dans ma chambre, en sachant très bien que je n'arriverais pas à dormir, mais en faisant comme si. Enfin seul, je sors un chandelier d'un des meubles ornés de fioritures à la mode elfique et les allume pour continuer ma lecture d'un ennuyeux livre d'histoire sur les relations entre les elfes et les ogres.
Les heures défilent au même rythme que mon efficacité diminue. Mes paupières sont lourdes, autant que mon cœur qui me somme de persévérer. Pourtant le sommeil me gagne petit à petit et je finis par m'assoupir sur le volume aux pages jaunies.
꧁꧂
― Aller debout la marmotte !
Une pensée embrumée se faufile dans mon esprit : je ne savais pas qu'il y avait des marmottes dans le Monde de l'Imaginaire. On me secoue légèrement l'épaule, et, voyant que je ne réagis pas, accentue les secousses. Je grogne, sans pour autant daigner ouvrir les paupières.
VOUS LISEZ
Laurie et l'oiseau de feu
Paranormal« Deux possibilités. Deux choix. L'amour ou la haine. Le bien ou le mal. La lumière ou les ténèbres. Pour Laurie, le choix est évident. Mais a-t-elle vraiment le choix ? Ou son destin est-il écrit à l'encre indélébile quelque part dans l'Univers ? ...