Je reviendrai

Chapitre 13 - Face à faces

Ahhhh !

D'un coup franc, Caspian asséna son xiphos sur un des neuf cous de l'hydre qu'il était en train d'affronter. La tête tranchée roula sur le sol, l'acide mortel s'écoulant de sa bouche béante, tandis que les huit autres hurlaient et essayaient de le mordre ou de le désintégrer. A sa grande surprise, deux têtes se mirent à pousser à la place de celle qu'il avait coupée.

Non ! Quel idiot ! Ce n'est pas comme si Chiron nous l'avait expliqué des centaines de fois !

Le serpent géant - 12 mètres environ - se prépara à sa prochaine attaque. Caspian esquiva, le cerveau tournant à plein régime. Comment pouvait-on tuer l'hydre ? La mutiler ne servirait à rien. Le risque qu'il lui pousse d'autres têtes monstrueuses était trop grand. Il ne pouvait pas s'approcher trop près, l'haleine acidulée le désagrègerait sur le champ. Il roula sous le monstre et tenta de percer sa panse lorsqu'il se rua sur lui. Rien. La lame dérapa contre les écailles à l'épreuve des armes.

Fichue bestiole !

Se concentrant de toutes ses forces, Caspian visualisa son mentor. Le centaure enseignait à ses élèves les mythes et la façon dont les héros de tous temps s'y prenaient pour les vaincre. Il se vit parmi eux, écoutant distraitement. Il n'avait jamais été doué d'une grande attention. Il en payait le prix désormais. Cela lui rappelait également sa rencontre avec Calypso. Il ne se souvenait que d'une partie de son histoire, à ce moment. L'hydre ne lui laissa pas le temps de réfléchir davantage. Les têtes, furieuses, s'apprêtaient à le noyer sous le venin. Caspian invoqua alors un éclair qui ricocha contre le corps du monstre. Les étincelles, cependant, semblaient l'avoir effrayée.

Le feu ! C'est par le feu que Héraclès l'avait tuée !

Mais comment faire du feu ? Il ne faisait pas partie de ceux qui étaient dotés du don de feu, comme certains enfants d'Héphaïstos, dieu des forgerons. Apercevant un tas de branches sèches derrière le monstre, il eut une idée. Caspian s'élança dans les airs pour l'atteindre. L'hydre et ses dix têtes ne furent pas assez rapides pour le blesser. Le jeune héros invoqua un nouvel éclair qui embrasa le bois. Il sortit une branche du brasier et attaqua. Il n'y avait pas une minute à perdre.

Ahhhh !

Caspian mit feu à la première tête. La bête hurla de rage mais le feu se propageait déjà. Caspian profita de la confusion du monstre pour en embraser trois autres. Il en restait six. Le feu atteignit cinq d'entre elles.

Plus qu'une !

Toutefois, l'hydre ne se laissa pas faire. Bien qu'affaiblie, elle n'avait pas dit son dernier mot. Sur la défensive, la créature était impossible à approcher. Caspian pria les vents de lui être favorable et lança la torche en plein dans la tête restante. Celle-ci se consuma sous ses yeux. Le reste du corps s'affaissa et il n'en resta bientôt plus qu'un tas de cendres qui finit par rejoindre le Tartare.

Ouf...

Les mains sur les genoux, Caspian reprit son souffle. C'était déjà la troisième épreuve de Héra. La déesse avait monnayé sa mère contre une semaine de divertissement, ce qui signifiait pour elle, voir un héros se battre contre toutes sortes de créatures, possiblement jusqu'à la mort. Bien sûr, Caspian s'était empressé d'accepter. Il était prêt à tout pour délivrer Héléna. Le lendemain de sa venue sur l'Olympe, Héra l'avait téléporté il ne savait où, en pleine campagne. Là, il avait affronté un drakôn redoutable. Ancêtre du dragon, le drakôn se distinguait par sa taille beaucoup plus imposante et son absence d'ailes. En revanche, sa capacité à cracher du feu était aussi puissante. Après son combat, Héra lui était apparue afin de lui dire de continuer sa route toujours vers l'ouest, que son prochain opposant se dressera sur son chemin. Et depuis, c'est ce qu'il faisait. En effet, dès qu'il avait affronté un ennemi, il prenait le temps de se reposer, se remettait en route, toujours vers l'ouest et tombait sur le suivant. Après le drakôn, il avait dû combattre une meute de chiens des Enfers, féroces créatures qui ne lui avaient laissé aucun répit. Il en était venu à bout, fort heureusement, grâce à la ruse et à de bons coups d'épée.