Calypso tenta de dompter ses rougeurs et acquiesça. C'est ce qu'elle lui avait proposé et la raison de sa venue ici.
- Je sais que tu vas aimer, cher héros. Je n'ai aucune idée de ce que le monde est devenu, les mots d'Hermès ne sont pas suffisants, hélas.
- Peut-être qu'un jour tu pourras le découvrir par toi-même ?
- J'en doute... Zeus ne me laissera jamais quitter Ogygie... Par ailleurs, c'est chez moi et j'ai peur que si départ il y avait, retour il n'y aurait...
- Tout est entre les mains de mon père et lui seul sait ce dont il est capable.
- N'en parlons plus pour l'instant. J'ai des merveilles à te faire découvrir ! Tu as déjà pu profiter des dentelles de lune et des tonnelles fleuries mais as-tu vu les chevaux ?
- Des chevaux ?
- Suis-moi et je t'expliquerai !
Calypso se retourna et s'enfonça entre les feuillages. Le passage était assez dégagé pour qu'une personne s'y faufile. Ils devraient donc avancer en file.
- Tout ici est-il si étroit et louvoyant ? l'interrogea Caspian au moment où le sentier s'élargissait pour tourner en tête d'épingle sur la droite.
- Pas tout mais disons que c'est ce qui fait le charme d'Ogygie ! Tout est-il tout droit au XXIe siècle ?
- Pas tout mais disons que les villes sont plus organisées.
- Villes ? Me parleras-tu un jour de la vie là-bas ?
Caspian ne savait pas si c'était une bonne idée. Il ne voulait pas entraîner Calypso dans un cercle vicieux dans lequel elle se demanderait toujours ce qu'elle manquait. Mais en la regardant, les joues toutes roses, un sourire jusqu'aux oreilles, il ne put lui refuser ce plaisir.
- Cités, si tu veux. Bien sûr. Tant que cela ne te fait pas sentir malheureuse.
Calypso soupira.
- Tu sais, je crois que je serai toujours curieuse vis-à-vis de ce monde mais ce n'est pas le mien. Je ne pense pas vouloir m'habituer à un tout autre mode de vie. Certes, je m'ennuie, presque seule ici, mais j'aime cette existence.
- Des tas de personnes tueraient pour pouvoir poser le pied ici. Tout est tellement sombre dehors, tellement pollué, que cette terre, préservée, est un véritable trésor.
« Pollué » ? Calypso ne comprenait pas très bien ce que Caspian voulait dire. Elle ignorait tellement de choses. Mais elle le croyait. S'il pensait cela, il avait sûrement de bonnes raisons de le faire. Elle n'insista pas et continua à le guider jusqu'à ce qu'ils débouchent sur une clairière où paissaient une dizaine de majestueux chevaux, descendants de Scyphios, le premier cheval créé par Poséidon lorsqu'il disputait Athènes à Athéna.
- Ils sont magnifiques !
- Oui, et de si bonne compagnie. Veux-tu continuer la traversée sur le dos d'un d'eux ? Il m'arrive souvent de me balader avec eux, soit à pieds, soit sur eux.
Caspian en avait envie mais il ne savait pas s'il en était capable, les enfants de Zeus n'était généralement pas très bien vus par les créations de Poséidon, tout comme les enfants de la mer n'étaient pas les bienvenus dans les cieux. Comme devinant ses craintes, Calypso le devança.
- Si tu crains de te faire éjecter, il n'y a aucune raison. Je sais que tu es un fils du Ciel mais mes amis ne fonctionnent pas comme les autres chevaux. Ils ne te feront rien.
Décidant de faire confiance à la jeune femme, Caspian donna son accord et la suivit lorsqu'elle s'approcha du troupeau. Si tôt la jolie prisonnière repérée, les douze équidés vinrent en trottant. Un lien existait, c'était indéniable.
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Je reviendrai
RomanceTous les millénaires, Calypso voit s'échouer un héros sur le sable fin de son île, Ogygie. Et chaque fois, l'histoire se répète. Charmée malgré elle par les valeurs chevaleresques et la beauté hypnotique de ces jeunes hommes, Calypso finit toujours...