Chapitre 7 - Caprices

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Sur le mont Olympe, l'ambiance était loin d'être aussi douce

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Sur le mont Olympe, l'ambiance était loin d'être aussi douce. Zeus venait d'entrer dans une rage noire. Il n'était pas inhabituel de le voir pester mais cette fois-ci, il venait de passer un degré supérieur.

- Comment a-t-il osé ? Comment est-ce possible ? tempêta-t-il.

Il se leva de son trône avec précipitation et foudroya une des colonnes de la salle qui s'effondra avec un fracas retentissant.

- Rien ni personne ne peut se dresser contre mes châtiments ! Aucun homme ne pourra jamais réciproquer les sentiments de cette petite écervelée ! Et mon propre fils ! Mon propre fils me trahit !

Le gigantisme de ses pouvoirs lui avait permis d'évaluer avec certitude la sincérité de Caspian après avoir pensé que ce petit idiot se fourvoyait, qu'il n'était pas réellement amoureux. À son âge, son espèce avait tendance à prendre pour de l'amour la plus insignifiante des affections.

Zeus fulminait. Tout n'allait pas comme il le désirait pour la première fois depuis des siècles et il n'en comprenait pas la raison.

- APHRODITE !

Avant de se déchaîner sur le monde, il voulait savoir si une solution pouvait lui être apportée par la déesse de l'Amour elle-même. Déjà des éclairs aux grondements furibonds déchiraient les cieux, accompagnés de gros nuages gris et d'une pluie torrentielle. Ces deux petits traîtres allaient bientôt comprendre ce qu'ils avaient réveillé !

Aphrodite, qui savait ne pas contredire son roi, fit son entrée dans la salle saccagée par la furie de Zeus.

- En quoi puis-je t'aider, ô Zeus ?

Elle n'avait pas pour habitude de se laisser dominer mais quelque chose lui disait qu'elle ne gagnerait rien à le titiller.

- Vois ! Regarde ! J'ai envoyé mon fils, Caspian, à Ogygie afin de tourmenter Calypso mais contre toute attente, il est tombé amoureux ! Sincèrement ! C'est pourtant impossible ! Rien ne s'oppose jamais à mes punitions !

Aphrodite s'approcha de la vision et observa les deux jeunes gens s'enlacer en se murmurant des mots d'amour et comprit.

- Tu es impuissant, ô Zeus, parce que voir séparés ces deux tourtereaux n'est pas la volonté des Moires. Tu as beau détenir un pouvoir incommensurable, elles sont la destinée et rien ne peut se dresser en travers, tu le sais.

Voyant la vérité en face, le corps de Zeus sembla gonfler et gonfler jusqu'à que son essence rejoigne le ciel, devenu noir d'encre, en une gerbe d'étincelles.

À Ogygie, Calypso et Caspian s'étaient rendu compte de la fureur du roi des dieux et n'avaient pas mis autant de temps que lui à saisir l'origine de ce miracle : le destin. Rassurée, la jeune femme se laissait aller à la chaleur des bras de son amant. En quelques heures, sa vie avait pris un tout autre tournant, laissant la place à l'espoir. L'espoir d'être enfin pleinement heureuse. L'espoir d'aimer et d'être aimée en retour. L'espoir de se marier. L'espoir de porter et de donner la vie.

Pelotés l'un contre l'autre dans le lit de Calypso, ils avaient cessé de regarder le ciel se déchaîner.

- Il est furieux mais il ne peut rien contre nous pour le moment. Il a dû comprendre lui aussi mais tôt ou tard, il reviendra avec un plan, il faut que nous nous y préparions, mon amour. Mais pour le moment, profitons...

Caspian caressa sa joue du dos de la main puis saisit sa mâchoire pour l'embrasser à pleine bouche. Le baiser, passionné, leur fit tourner la tête. Le désir grondant qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre menaçait de déchirer sa carapace. Mais il ne fallait pas, pas encore, se dit Caspian. Elle était si pure, si douce, il ne voulait pas qu'elle pense qu'il avait dit tout ce qu'il avait dit pour l'attirer dans son lit. À contrecœur, il se détacha de sa bouche et posa son front contre le sien. Les yeux dans les yeux, les amoureux se perdirent dans le regard de l'autre.

- Tu es magnifique, ma douce...

Caspian était bien incapable de détacher son regard d'elle. Il aimait la voir s'empourprer en réaction de ses compliments. Elle était tout ce dont il avait toujours rêvé. Elle était à la fois douce et combattive, timide et passionnée, belle et aimante, elle était celle qu'il attendait, sans en avoir vraiment conscience jusque-là.

- Merci... Tu es très beau, toi aussi...

Ces rougeurs s'accentuèrent, ce qui le fit sourire. Lui-même sentit ses joues chauffer. Il avait conscience de son apparence mais jamais une femme ne lui avait dit aussi franchement qu'elle le trouvait beau.

- Merci, ma douce.

Son nouvel état d'homme amoureux le poussait à l'envelopper de tout son être, à la garder tout contre lui pour toujours. Il déposa un petit baiser sur le bout de son nez, ce qui parut surprendre la jeune femme. Cela ne devait pas faire partie des marques d'affection qu'elle connaissait. Cependant, elle oublia vite sa surprise et vint se blottir dans le creux de son épaule. N'en ayant pas encore assez, Caspian la saisit pour la déposer sur son torse, de façon à ce qu'elle soit complètement allongée sur lui. Calypso gigota un peu pour être plus à l'aise et se nicher tout contre lui.

- Je t'aime, Calypso... Tu ne seras plus jamais seule, je te le promets.

Elle avait tellement envie de le croire, elle l'aimait si fort, elle aussi. Mais pouvait-elle vraiment se fier à sa parole ? Sans remettre en doute l'honneur de cet homme, on ne pouvait jamais être certain de ce qui allait arriver, surtout après la colère que venait de manifester Zeus.

- Je t'aime aussi, Caspian...

Elle sentit son étreinte se resserrer dans son dos et elle expira, prête à lâcher prise. Caspian inspira son parfum et ferma les yeux. Ils étaient si bien, ainsi.

Sur l'Olympe, l'ambiance s'était apaisée. Zeus avait retrouvé son sang-froid et avait, comme il en avait l'habitude, rebondi. Si le plan initial n'incluait pas les sentiments de son fils, le Roi des dieux avait bel et bien prévu de le laisser sur l'île suffisamment longtemps pour qu'il fasse succomber Calypso. Au moins une partie avait fonctionné. Maintenant, après avoir réfléchi à l'adaptation de ses projets, Zeus était prêt à lancer la deuxième phase de son plan : laisser les deux amoureux se rapprocher un peu plus, afin que leur séparation soit plus déchirante – il adorait cela – avant de rendre ses souvenirs à Caspian. En effet, il lui en avait effacé certains, modifiant un peu sa mémoire pour parfaire ses projets. Une fois ses souvenirs de retour, son fils ne pourrait pas s'empêcher de vouloir repartir, son devoir et ses sentiments le lui ordonneraient. Satisfait par ce que son esprit retors était encore capable d'inventer après des millénaires d'activité, Zeus éclata d'un rire tonitruant qui fit trembler le monde entier. Il claqua des mains, ordonnant à une nymphe de venir.

- Que le nectar coule à flot ! 

Je reviendraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant