13. La Cavalerie est là !

14 2 0
                                    


Combien de jours se sont écoulés depuis ma disparition ? Combien d'heures ai-je passées dans cette obscurité étouffante, affamée et désorientée ?

J'ai perdu l'espoir de revoir le soleil et sa caresse apaisante. Dans ces ténèbres, j'en oublie que la lumière existe.

Je m'accroche à ce que je peux ; au visage de Molly lorsqu'elle est concentrée sur ses créations, au sourire de Mina, au regard bienveillant d'Ami... Je m'imagine n'importe où, loin d'ici, espérant oublier, ne serait-ce que quelques minutes, ma condition misérable.

Je me sens impuissante.

Je me sens souillée.

Je me sens disparaître.

Cela fait un moment que Green Madness et ses hommes semblent s'être lassés de ma présence. Je n'ai plus de visite à mon plus grand bonheur, mais lorsque des pas précipités se font entendre dans le couloir, mon cœur tambourine contre ma poitrine.

Je ne veux pas que cela recommence.

Lorsque la porte s'ouvre, je ferme les yeux, redoutant la lumière aveuglante du néon. Et, peut-être que, si je garde les yeux fermés, la personne qui est entrée s'effacera de la pièce, peut-être serai-je encore seule.

一 Aïko !

Je sursaute de surprise et relève la tête pour apercevoir Mina se précipiter vers moi. Elle tombe à genoux à mon chevet, prend mon visage entre ses doigts et à ce simple contact, je fonds en larme.

Derrière elle, Izuku m'observe, le regard affolé et grave à la fois, tandis que Ochaco et Bakugo surveillent en silence le couloir sombre. Seules leurs lampes torches projettent un peu de lumière dans ce sous-sol des ténèbres.

一 Aïko, on va te sortir de là, dit Mina en se pinçant la lèvre inférieure. Mon Dieu, que t'ont-ils fait ?

Ses mains se posent alors sur mes chaînes et elle sécrète de l'acide qui les dissout lentement. Elle répète l'opération sur mes chevilles et je suis enfin libre.

Libre...

Lorsque Izuku m'aide à me relever, c'est à peine si je sens mes jambes. La tête me tourne et la drogue n'arrange en rien mon équilibre. Mon costume est couvert de poussière et les cheveux qui encadrent mon visage collent sur mes joues moites.

一 Je... je crois que c'est un piège, tenté-je d'articuler.

Mais les mots rappent sur ma langue et j'ignore s'ils ont entendu quoi que ce soit.

Lorsque nous rejoignons Ochaco et Bakugo à l'entrée de la cellule, ce dernier coule un regard dans ma direction, puis serre les poings avant de s'engouffrer dans le couloir.

一 Je trouve étrange que nous n'ayons croisé personne, s'énerve-t-il. Il n'y a pas un renard ici.

Toujours appuyée sur Izuku, je commence à retrouver des sensations dans mes jambes. Poser un pied devant l'autre devient de moins en moins pénible, même si j'ai la furieuse envie d'étendre le contenu de mon estomac sur le sol bétonné. Nous continuons d'avancer dans un dédale souterrain, troué par endroit de portes. Cet endroit est un véritable labyrinthe.

一 C'est. Un. Piège, répété-je cette fois avec un peu plus de voix.

Ochaco se retourne et croise les bras sur sa poitrine.

一 Ne t'en fais pas, Aïko, on est prêt à se défendre, crois-moi. Les autres sont dehors, ils surveillent le quartier.

J'acquiesce, sans grande conviction. Je n'arrive toujours pas à saisir le plan de Green Madness. Il attendait que les autres viennent me chercher, mais pourquoi ?

一 Comment vous m'avez retrouvée, demandé-je, tentant de m'éclaircir les idées.

一 Ami a suivit les traces du voleur qui s'avère être un homme renard, commence Mina, mais je suis sûre que tu le sais déjà. Après des mois à disparaître comme un fantôme, notre voleur s'est laissé distraire par ton enlèvement et a été repéré sur de nombreuses caméras. Ses allées et venues ont été fréquentes dans le quartier près de la zone industrielle. Il nous a fallu un moment avant de trouver son terrier.

C'est beaucoup trop facile. Pourquoi un type qui ne laisse jamais de trace ferait l'erreur de les conduire directement dans son repère ? Cela me conforte dans l'idée que Green Madness souhaitait que l'on me retrouve. Je ne suis qu'un pion dans son jeu d'échecs.

一 As-tu des informations sur ce voleur ? Sais-tu pourquoi il rassemble ses pièces ? Tu as forcément entendu quelque chose, non ? demande Mina.

Je m'apprête à lui répondre quand un détail attire mon attention dans ce long dédale. Depuis que je suis sortie de cette cellule sombre, toutes les portes que nous rencontrons sont closes, mais celle-ci est légèrement entrouverte.

Je m'écarte d'Izuku qui s'arrête et m'observe avec inquiétude.

一 Aïko ? Qu'est-ce que tu...

J'ouvre le battant et mon instinct me pousse à y entrer. Je me tourne, prend la torche de Mina et la pointe à l'intérieur, le cœur serré. Cette pièce est immense et presque vide. À l'exception d'une grande table métallique et d'un mur recouvert de photos et d'articles de journaux. J'oriente le cercle de lumière vers ce mur et me fige, essayant de comprendre.

Il y a au moins une trentaine de photos de Eri, à l'école, avec sa famille d'accueil, avec Deku, Mirio, Molly...

Les articles de presse remontent aux affrontements contre Overhaul, parlant d'Eri et de ses capacités de rembobinage humain. Mon cerveau fuse à la recherche d'un lien avec mon enlèvement et lorsque je comprends, j'étouffe un cri.

Eri est en danger.

Molly l'est aussi.

Toute son collège l'est, en vérité.

一 Une distraction, murmuré-je.

Voilà pourquoi il n'y a personne ici. Voilà pourquoi le renard les a conduits jusqu'ici grâce aux caméras.

Je ne suis qu'une distraction.

Et ils vont agir maintenant.

Bakugo s'approche, m'ayant entendu. Je fais volte-face, prête à partir en courant, mais il me retient par le bras, en fronçant les sourcils.

一 Où tu vas comme ça.

Je me dégage le bras de sa poigne et chancelle. J'en oublierai presque mon état, mais il n'y a pas de temps à perdre.

一 Je ne suis qu'une putain de distraction pendant que Grenne Madness récupère Eri en détruisant toute l'école au passage ! Il faut agir et vite !

J'ai bien trop peur pour Molly.

J'ai bien trop peur pour tous ces enfants.

Je balaie la pièce du regard, cherchant le soutien d'Izuku. S'il y a bien quelqu'un qui comprend l'urgence de la situation, c'est bien lui. Il connaît trop bien le pouvoir d'Eri et le danger qu'elle représente si des vilains s'en emparent.

Une flamme s'allume dans les yeux du porteur de One for All et il acquiesce en silence.

一 Dans ce cas, ne perdons pas de temps, je vous en pris, dis-je en me remettant à courir.

Tiens bon, Molly ! 

Aïko - New HeroesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant