26. La machine infernale

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Lorsque nous entrons dans le centre commercial, j'ai l'impression que le temps n'a plus d'emprise sur ce lieu.

Le plafond partiellement vitré projette des puits de lumière sur les boutiques laissées à l'abandon. Dans un magasin de vêtements, les mannequins jonchent le sol, démembrés, tandis que le seul survivant encore debout sert de nichoir à un couple d'oiseaux. Le lierre s'est insinué partout, sur les colonnes, les rambardes des balcons, même dans l'escalator que nous empruntons pour prendre de la hauteur.

Le centre est bien trop calme. Hormis quelques pépiements d'oiseaux, pas un bruit ne vient déranger l'ambiance lugubre de ce lieu.

Nous nous frayons un chemin entre les caddies, dans le silence le plus absolu. Je cherche un peu de courage dans le regard de braise de Katsuki, mais il est concentré sur la mission.

Je surveille du coin de l'œil un manège pour enfant, dont les chevaux de bois sont en piteux état. Il ne manquerait plus qu'il se mette mystérieusement en marche et nous serions officiellement dans un film d'horreur.

Soudain, un bruit mécanique résonne sur les parois du centre commercial. Au début, cela ressemble à un bruit de turbine que l'on allume, puis d'un moteur qui tourne. C'est comme si un avion s'apprêtait à décoller.

Nous accélérons le pas et débouchons en hauteur sur la place principale du centre. S'étalant sur trois étages de galeries, la place est gigantesque. Nous ne sommes qu'au premier étage et la machine s'impose devant de toute sa largeur. Touchant presque le plafond, le monstre de métal s'ébranle et s'agite.

Nous n'avons plus beaucoup de temps.

一 Lâchez-moi ! Lâchez-moi, vous me faites mal !

Mon cœur se serre au son de la voix fluette et je me penche en avant sur la balustrade pour observer en bas. Au pied de la machine infernale, Green Madness tire violemment par le poignet la petite Eri pour la traîner vers une sorte de capsule, incrustée dans l'assemblage de pièces détachées. Le collier se balançant autour du cou de l'enfant.

Elle est là.

Nous l'avons retrouvée.

Sans attendre une seconde de plus, j'enjambe la balustrade et saute pour atterrir dans une pluie de particules sur le sol du rez-de-chaussée, suivi de près par Midoriya, Eijiro et Katsuki. Les autres se répartissent tout autour du premier étage, prêt à riposter à distance.

一 C'est fini, Takeshi, déclare Deku, le One for All crépitant autour de lui.

J'avais oublié que Midoriya et Mirio avaient fait des recherches sur son identité à partir du portrait-robot que je leur avais dressé. Green Madness s'avère être en réalité Kyōki Takeshi, un ancien ingénieur en biologie cellulaire. Il a consacré toutes ses études sur l'origine des alters et sur une formule capable d'inverser le processus.

Green Madness enferme Eri dans la capsule et se retourne, les mains en l'air, sa canne toujours vissée dans sa main droite. La jeune fille plaque les mains sur le hublot de la capsule, se mordant la lèvre inférieure en observant la scène, prise au piège.

一 J'aurais dû me douter que vous viendriez compromettre mes plans, dit-il en haussant les épaules. Vous manquez un peu de folie, si vous voulez mon avis.

Je frissonne en observant son gant métallique. C'est de là qu'il projette son alter, rendant n'importe quel alter hors de contrôle. Je dois à tout pris éviter ses attaques. S'il ne fait que m'effleurer, il y a de forte chance que je disparaisse complètement. J'ai déjà du mal à contenir l'ensemble de mes pixels en place, constamment, alors perdre le contrôle se serait... mauvais. Vraiment mauvais.

Aïko - New HeroesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant