CHAPITRE 1 : Judith

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Deux ans et deux jours plus tôt, Denver.

— Tu devrais me lâcher, je lui chuchote tant bien que mal. Maintenant.

Son souffle oscille entre alcool et odeur de nicotine qui m'arrache un juron lorsqu'il presse un peu plus sa main autour de mon cou tandis qu'il approche son visage encore plus près du mien.

Trop près.

Il me fait mal mais je ne lui fais pas le plaisir de lui montrer une grimace de douleur, même si je combats mon propre corps en cet instant.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? crier ? elle ne te croira jamais, sourit-il froidement. Il parcourt du regard mon corps en reculant de quelques centimètres sa tête de la mienne et son sourire s'agrandit encore plus lorsqu'il remarque mes mains trembler.

— Tu peux me mentir, Judith, mais ton corps ne ment pas.

J'essaie à nouveau de le repousser mais son corps est trop lourd pour que je puisse le faire reculer. Il empiète carrément sur mon espace vital alors je suis bouclée contre ce foutu mur alors qu'il possède le pouvoir de m'anéantir. Il a toujours eu le pouvoir de le faire car il sait que je ne dirais rien.

Pas même à Harper.

Lui révéler signifierait l'achever. Si elle apprenait que son cher et tendre copain me martyrisait pendant qu'elle avait le dos tourné, elle ne me croirait même pas. Pas parce qu'elle n'a pas confiance en moi, ça non, elle a confiance en moi comme j'ai confiance en elle.

Mais elle n'y croirait pas car son putain de mec joue le gentil et attentionné en sa présence.

Un loup déguisé en mouton dans la bergerie.

Et je suis coincée dans son piège comme à chaque fois que l'on se croise.

J'essaie de me dégager une nouvelle fois mais il presse à nouveau sa main autour de ma nuque et commence à serrer, me coupant la respiration par la même occasion. L'air me manque et ma vue se trouble. Je bouge les bras et les jambes, même les hanches y sont mêlées mais il ne bouge toujours pas.

—Eh bien, tu l'ouvres beaucoup moins d'un coup, me provoque-t-il, son air de connard toujours sur le visage.

—Lâ...lâche-moi, espèce d'ordures !

Je suffoque et je sens mon visage devenir aussi rouge qu'une tomate lorsqu'enfin, il abaisse sa poigne pour me permettre à nouveau de respirer. Il s'écarte d'un pas et mon corps se comprime, essayant de reprendre une bouffée d'oxygène complète tandis que je tousse par accoups.

— La prochaine fois que tu me parles comme ça, j'te jure que je n'arrêterai pas, m'avertit-il en se retournant pour sortir de la chambre, que tu sois la meilleure amie d'Harper ou pas j'en ai rien à foutre.

Sauf qu'avant qu'il quitte la pièce définitivement, je l'arrête sur le seuil tout en me redressant, la tête haute :

— Elle le saura un jour Dom, tu n'es pas tiré d'affaires. Et quand elle l'apprendra, tu peux être sûr que tu finiras seul pour de bon comme l'espèce de connard que tu es, le mérite.

Il se retourne vivement et s'approche dangereusement de moi, les sourcils froncés et les poings serrés. Je recule vivement face à son apparition rapide devant mon corps qui se remet encore de l'étranglement d'il y a quelques secondes mais le bruit de la porte d'entrée le stoppe immédiatement dans son élan. Il tourne la tête vers la cuisine de l'autre côté du mur qui sépare la chambre d'Harper et le salon et jure entre ses dents.

Harper est de retour, je ne crains plus rien et il le sait.

Je recule encore d'un pas avant de croiser les bras sous ma poitrine.

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