Chapitre 8 : Judith

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Accepter d'aller chez cet homme que je connais à peine était certainement une mauvaise idée. Toutefois, je sens que si je n'avais pas accepté, il m'aurait suivi jusqu'à ce qu'il soit sûr que je m'en sorte indemne.

Je n'arrive pas à comprendre pour quelle raison, en réalité.

Je ne suis pas tout à fait honnête non plus, si ça avait été une autre personne qui m'aurait aidée ce soir, je n'aurais probablement pas accepté de venir chez lui.

En fait, je suis quasi sûre que je n'aurais même pas ce putain de couteau planté dans l'épaule tout court !

Qui se balade avec ce genre de truc en soirée ? Parce que bien que je n'ai pas eu le temps de comprendre d'où il sortait à ce moment-là, je l'ai très vite compris après lorsqu'on a rejoint sa voiture et qu'il écrivait un texto sûrement pour prévenir ses amis qu'il rentrait plus tôt que prévu.

Ce qui me prouve qu'il était dans le même bar que moi.

M'a-t-il suivi ?

Je ne le remercierai jamais assez de m'avoir aidée avec ces gros porcs de riche, même s'il ne sait pas que j'en suis la fautive. Enfin... je suis la fauteuse de troubles, pas de l'agresseur.

Bien que ces hommes ont essayé de me faire avouer mon crime, je n'ai pas cédé et joué la carte de l'indifférence. Au début, ils ne me croyaient pas mais ils n'ont pas esquissé le moindre pas dans ma direction. Ils étaient juste lourds avec moi pour me faire parler mais dès lors que toutes les personnes étaient rentrés à nouveau dans le bar après avoir fumé leurs cigarettes, ils m'ont entraînée de force dans cette ruelle. Je me suis débattue comme j'ai pu et j'ai réussi à choper cette barre en ferail qui n'était pas très loin.

Puis il est arrivé, les mains dans les poches et la cigarette encore allumée. Il les a massacrés en l'espace d'un ou deux coups.

Alors certes il a dit qu'il faisait de la boxe mais certains de ses coups n'y ressemblaient pas le moins du monde.

J'imagine que lui aussi a un passé compliqué.

Tout ça pour dire que je me retrouve donc dans son salon alors même que je ne le connais ni d'Adam ni d'Eve, un couteau dans l'épaule douloureuse, son chien qui me regarde comme s'il voulait me bouffer et il a disparu dans la salle de bains à peine arrivés chez lui.

J'esquive un peu le Malinois tout en le gardant à l'œil au cas où lui aussi m'attaquerait et j'épie largement son appartement. Situé pas très loin du bar au final puisqu'on a mis à peine quinze minutes à arriver, son salon est plutôt vaste mais comblé. Tout est coloré que de trois couleurs : du noir, du gris et du blanc. Parfois il y a un vague mélange des trois, notamment sur son canapé d'angles qui possède des coussins marbrés. La décoration est simple mais très éléguante tandis que sa cuisine ouverte sur le salon apporte un éclair de couleur plutôt vif. Le rouge des placards et le noir des poignées sont une sorte de bouffée d'oxygène à l'appartement sombre et délicat. Je l'entends farfouiller dans des placards alors qu'il n'est pas revenu dans la pièce principale, je m'avance vers la porte qui jouxte la cuisine.

C'est une simple buanderie. J'imagine que le couloir qui mène là où il s'est évaporé se rapporte aux chambres et salle d'eau donc j'évite de m'y aventurer.

Je l'entends jurer alors que j'examine ma blessure qui saigne encore sur quelques côtés du couteau mais rien d'abondant puisque l'arme fait pression sur l'hémoglobine qui tente de s'y échapper.

— Tout va bien ? je demande alors que je prends place sur une chaise du bar de la cuisine.

— Ne bougez pas, m'ordonne-t-il.

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