CHAPITRE 18 : Judith

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"Merci pour les cours" sont les seuls mots que j'ai transmis au club de boxe à l'intention d'Axton sans jamais mentionner mon identité ni mon adresse sur l'enveloppement contenant l'argent qui lui a été envoyé pour payer les cours qu'il m'a donnés jusque-là. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il sache de qui ça vient et c'est mieux comme ça.

J'ai peut-être usé de ses services sans jamais qu'il ne me demande de payer mais je suis quelqu'un d'honnête lorsqu'elle ne vole pas pour survivre. C'est évidemment contradictoire mais je n'ai pas le choix.

Parce qu'être bonne et honnête lorsque je le peux permet de me sentir moi-même, d'avoir l'impression de contrôler cet aspect-là de ma vie.

En bref, cette enveloppe fut la dernière chose entre Axton et moi, mettant fin au début de la relation qui aurait pu s'installer si je n'avais pas pris les devants pour m'en éloigner.

Et depuis, pas de nouvelles.

Pas d'Axton.

J'imagine merveilleusement bien qu'il m'a déjà remplacée, oubliée. Que je n'étais qu'une cliente privilégiée le temps de quelques jours, semaines tout au plus depuis le jour de notre rencontre.

J'accepte, mais mon cœur ne bat plus aussi bien.

Il est défectueux depuis la mort d'Harper et le restera.

Ça fait maintenant deux semaines depuis la dernière fois que j'ai vu Axton, une semaine depuis l'envoi de l'enveloppe. Ma voisine devait rentrer mais... son avion a été annulé alors elle m'a écrit pour savoir si ça ne me dérangeait pas de garder Razmo un ou deux jours de plus.

J'ai bien entendu accepté mais si elle prolonge encore, je serai forcée de lui dire non car ma présence dans cette ville n'est pas définitive.

— Tu es mon seul ami, déclaré-je en regardant le chat noir de ma voisine dormir le ventre à plat sur le sol, face à mon corps assis par terre. Mon occupation de ce jour n'a été que Razmo.

Lui au moins, ne me juge pas, ne me traque pas.

Ne me fait rien ressentir à part de l'adoration devant sa bouille innocente. Je lui parle comme s'il me comprenait et peut-être bien qu'au fond, il me comprend.

Et c'est bien le seul.

Razmo se lève et s'approche de moi, se frotte contre mes genoux en faisant des allers retours tout en ronronnant.

C'est la première fois qu'il vient me faire un câlin de lui-même. Depuis le début il n'a été que vigilance et sur ses gardes, bien que je le nourrisse tous les jours et que je le fais jouer par ci par là avec ses jouets.

Il me rappelle moi.

Côtoyer le groupe de boxeurs était d'abord intimidant, j'étais sur mes gardes mais finalement, je me suis laissée ronronner par leur présence.

Le souvenir du sourire de Blake, les blagues nulles de Soren et Maxwell qui baise tout ce qui bouge - même les serveuses - me fait sourire tristement tout en caressant Razmo. Je ne les connais pas très bien mais... j'aurais souhaité le faire.

Tout comme passer plus de temps avec River, mais ce n'est pas possible.

Nous n'avons pas toujours ce que l'on veut, n'est-ce pas ?

C'est réel.

Je soupire et prends Razmo de force dans mes bras - lequel se débat instinctivement mais se laisse finalement faire - et lui fait pleins de bisous sur la tête.

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