Chapitre 9 : Judith

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Me réveiller dans un appartement inconnu n'est pas la partie qui me dérange le plus lorsque j'émerge du sommeil léger qui m'a habitée toute la nuit. Ce n'est pas non plus le fait que je sente son odeur dans la chaleur de la pièce - un mélange sucré salé qui envenime mes sens - et ce n'est pas non plus les aboiements du chien que je n'ai pas l'habitude d'entendre au petit matin.

Non, ce qui me dérange vivement c'est le t-shirt que je porte actuellement comme si j'étais proche de cet homme dont j'ignore tout et dont il ignore tout de moi en retour. Je ne sais même pas pourquoi il souhaitait m'aider ainsi.

Est-ce parce que je lui ai fait un doigt d'honneur devant le bus et que cela a éveillé ses sens de prédateur ?

Ou bien est-il comme tous les autres : il veut se faire la nana qu'il trouve belle ?

Pathétique.

Je ne sais pas à quoi je m'attendais de sa part mais ce n'est certainement pas ce comportement.

Si c'est mon impolitesse qui lui plait, je devrais avoir peur pour lui s'il rencontre le sosie de Carlo dans Bob l'éponge un jour.

Ou peut-être suis-je déjà le sosie de Carlo.

C'est tellement bizarre comme situation que je fonce hors du lit et me défait de ce satané vêtement en chopant les bords du bas et en le relevant rapidement au-dessus de ma tête pour le retirer. Je le jette contre la porte mais une douleur me ramène rapidement à la réalité lorsque mon épaule me brûle et qu'un "aie" franchit mes lèvres.

J'avais presque oublié ma plaie.

Je ferme les yeux tout en reprenant un semblant de souffle normal comme si je ne venais pas de me "battre" avec ce vêtement qui n'a rien demandé à personne.

Tout comme moi.

Toutefois, je me trouve ridicule à cet instant-là, juste en soutien-gorge à lancer des flammes de colère en regardant ce haut. Je trouve rapidement mon haut à sequins d'hier que j'ai laissé tomber sur la chaise de son bureau face au lit et l'enfile rapidement en faisant attention de ne pas frôler ma blessure avec le haut comme je l'ai fait en me battant avec ce haut de démon.

Je m'en prends qu'à moi-même, j'ai été brusque et la blessure me l'a rendue : c'était totalement justifié.

J'entends vaguement du bruit dans l'appartement donc j'imagine que Monsieur le sauveur est réveillé, son malinois avec.

"Nous n'aurons pas à nous voir" ses paroles me reviennent en mémoire et je croise les bras comme s'il était en face de moi en ce moment-même.

— Espèce de menteur.

Après cinq bonnes minutes à me demander si je dois sortir de cette chambre et l'affronter ou bien attendre qu'il parte pour sortir, je me dévoue enfin à sortir quand bien même je le croiserai. Je ne compte pas m'attarder ici alors autant en finir rapidement.

Je vérifie une dernière fois mon allure physique avant de l'affronter car je n'ai pas envie qu'il pense qu'il héberge une dépravée - bien que son avis ne m'intéresse pas - je souhaite quand même paraître bien lorsque je partirai comme une femme sûre de ce qu'elle fait après une telle soirée.

Lorsque j'arrive dans le salon, il est adossé contre le plan de travail les bras croisés et regarde son chien dévorer l'assiette de pâté qu'il lui a fourni. Je sais qu'il m'a entendu arriver mais il ne relève pourtant pas la tête lorsqu'il engage :

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