CHAPITRE 2 : Judith

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Ce matin je me lève de bonne humeur car c'est mon jour de repos. Le mercredi, c'est Patricia qui gère l'accueil de l'hôtel alors j'en profite pour me poser chez moi ou dehors s'il fait beau pour écrire dans mon journal intime.

Alors oui, avoir un journal intime est peut-être ringard de nos jours mais je m'en fiche. Ça me permet de me sentir comprise et entourée même lorsque je suis seule. De décharger ce que je ne peux dire à voix haute ou parler à la place de mes sentiments avec les mots. Harper trouve cette idée géniale et me demande toujours si elle peut le lire mais je n'ai jamais craqué.

C'est confidentiel, personne ne le lira. Du moins, pas avant ma mort.

Je ne sais pas quoi faire, je suis au pied du mur ce matin. Mes pensées s'entremêlent entre elles, je n'arrive pas à exploiter les mots pour définir l'ordure qu'est Dom.

À part être le virus qu'obsède Harper, il n'est rien de bon.

J'ai maintes fois essayé de le dire à Harper, lui dire qui était véritable ce mec sorti de nulle part il y a quelques mois. Au début, elle était trop sceptique, elle me disait que j'étais parano parce qu'elle sait que j'analyse absolument tous les détails chez ses conquêtes depuis que l'on se connaît.

Et peut-être que je pensais être parano aussi au début, avant qu'il pointe son flingue sur ma tempe et m'ordonne de me taire, à défaut, j'en subirai les conséquences.

Alors, je me suis tu et j'ai plus jamais tenté de le dire à Harper, pour sa sécurité comme pour la mienne.

Sauf qu'aujourd'hui, ça va trop loin, c'est trop dur.

Je ne sais même pas me défendre et les seules choses que j'ai appris avec ce connard c'est la peur lorsqu'il s'approche de moi. Mes réflexes de protection n'ont jamais été aussi élaborés que depuis ces dernières semaines où il devient de plus en plus violent avec moi si j'ose ne serait-ce qu'être présente dans la même pièce que lui.

Tout ce que j'espère, c'est qu'il ne traite pas Harper de la même manière que moi.

Mais au vue de ce que j'en vois sur son corps ou de ce qu'elle m'en dit sincèrement, il n'a pas l'air de l'avoir touchée.
Pas encore.

Sauf que ça ne peut plus durer, il faut que je fasse quelque chose, mais quoi ? C'est trop délicat.

Je griffonne quelques notes dans mon calepin pendant encore une bonne demi-heure avant de le refermer et le glisser sous mon matelas de lit avec le stylo accroché à la pochette transparente de la première de couverture. J'ai décidé de prendre un carnet soft et sans détails au cas où quelqu'un tomberait dessus un jour et comprenne qu'il s'agisse de ce qu'il s'agit véritablement.

Seule Harper le sait et maintient ma volonté de ne pas le lire, même si elle me le demande tous les jours quasiment.

Et tous les jours c'est la même réponse : Non.

Je traîne encore un peu dans mon appartement en location, un joli T2 qui me suffit amplement. La plupart du temps, je squatte chez Harper qui possède un plus grand logement étudiant que moi. Son père se démène au travail depuis la mort de sa femme pour subvenir aux besoins primordiaux d'Harper et de ses frères.

Avoir un appartement de quatre chambres n'était pas primordial mais il faut croire que Monsieur Davis ne fait pas les choses à moitié, me souffle ma conscience.

Toutefois je suis contente pour elle qu'elle maintienne ses liens familiaux comme avant. Je n'ai jamais été très proche de mes parents en tant que fille unique de la famille Fox. Nous entretenons de très bonnes relations mais rien de comparable à celles des Davis. Notre famille est aimante, la leur est à la fois aimante et soudée. On s'appelle beaucoup avec papa et maman de temps à autre, on s'envoie des messages et on essaie de se voir deux fois par mois.

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