Le lien est plus fort que tout

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Aujourd'hui, je me rends au fameux restaurant où « ma mère » m'a donnée rendez-vous. La bâtisse est en briques rouges, habillée de métaux noirs qui servent de décoration. Il est situé non loin de l'hôtel de ville.


A peine arrivée à l'intérieur, un serveur bien vêtu, m'accueille poliment. Je lui précise qu'une table à été réservé au nom de Reyes.


Il me guide vers celle-ci. Alors, tout en le suivant, j'admire la décoration qui est d'un style industriel. Composée de tables en bois verni et de chaises en métal noir. Je reconnais le morceau de musique joué par une enceinte vintage qui se trouve près des clients. Il s'agit de Troye Sivan. Et si je me souviens bien de son titre, c'est « Blue Neighbourhood Trilogy ».


En avançant vers une table près d'une fenêtre, je la reconnais immédiatement. Même de dos elle parait gracieuse. Je suis tiraillée entre le sentiment de bonheur de l'avoir trouvée et celui de la colère pour m'avoir abandonnée. Est-ce que son récit sera tout autre que celui de mon père ? D'ailleurs, Je ne lui ai toujours pas pardonnée. Le devrais-je ? Je suis un peu perdue. Il me faut du temps, je pense. Je n'arrive même plus à supporter son regard. Je suis dans l'incompréhension la plus totale face à leur décision, à sa décision.


- Ma chérie ! Tu es là ! Assieds-toi, je t'en pris. Je me suis permis de te commander une limonade en t'attendant, dit-elle en me faisant sortir de mes songes.


- Merci, lui répondis-je tout en m'asseyant face à elle.


- Je pense que tu es assez grande pour entendre la vérité. Et assez mature pour la comprendre. En tout cas je l'espère.


- Très bien. Je t'écoute, lui dis-je en croisant les bras tout en m'appuyant au fond de mon dossier.


Elle prend une grande respiration puis me déballe enfin son passé.


- Quand j'ai rencontré ton père, je suis totalement tombée sous son charme. J'avais à peine dix-huit ans et lui en avait vingt-trois. Malgré notre différence d'âge, le courant est immédiatement passé. Il était si doux et attentionné à mon égard, comment n'aurais-je pas pu craquer autrement. Nous nous sommes fréquentés pendant neuf mois avant d'apprendre que je faisais un déni de grossesse. J'en étais à mon cinquième mois. Ca m'est tombé dessus comme une bombe a retardement. Je n'avais que dix-huit ans quand j'ai appris que j'allais devenir maman. Ton père, lui était fou de joie mais moi, je l'ai pris comme une trahison. Tous mes projets d'avenir allaient tomber à l'eau. J'avais l'impression qu'on voulait m'enfermer définitivement dans une cage, me forçant à oublier qui j'étais et ce que je souhaitais devenir. Dans ma tête je n'étais pas assez mature pour devenir une mère. Je voulais profiter de ma vie tant que je le pouvais. Alors, la tension est montée entre ton père et moi. Un gouffre s'est formé entre nous et il n'arrivait plus à m'atteindre car je me suis laissé glisser dans une dépression. Mais tout ce mal être à disparu quand tu es arrivée au monde. A l'instant où on t'a posé dans mes bras. Tu étais si minuscule, si fragile. Je t'aimais déjà énormément.


- Alors pourquoi es-tu parti ? dis-je dans l'incompréhension la plus totale.


- Je voulais devenir une femme forte. Une mère sur qui tu pouvais compter. Alors quand je me suis séparé de ton père. Je t'ai fait la promesse de revenir au plus vite. Malheureusement, ça ne s'est pas passé comme je le voulais. Le temps que je monte les échelons dans mon travail, les années ont défilé. Et quand j'ai voulu te revoir. Tu avais déménagé sans laisser de trace.


- Mais pourquoi tu ne m'as jamais rendu visite ?


- J'ai essayé mais ton père m'en empêchait à chaque fois. Je ne pouvais te voir que de loin. Il avait peur que je perturbe ton équilibre. Mais sache que j'ai toujours pensé à toi. A chaque anniversaire, à chaque Noël, je t'envoyais une carte et un cadeau.

Et si c'était lui Où les histoires vivent. Découvrez maintenant