Vengeance

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Niveau d'angst : 9/10

Enfin, le lourd sac de toile qui étouffait Ted se leva. L'homme poussa un râle de délivrance : il cuisait sous son masque depuis bien trop longtemps, et son visage rouge suintait de sueur.

Ses mains et ses chevilles étaient liées à l'aide d'une grosse corde, et tous ses mouvements étaient raidis par une longue immobilité. Il émit un couinement d'inconfort et se trémoussa pour ajuster ses lunettes sur son nez.

Il regagna petit à petit la vue. Il était enfermé dans une pièce recouverte de papier rouge, si bien qu'il lui était impossible de deviner où il était. Les néons au plafond se réfléchissaient sur la texture, baignant la salle dans un halo rougeoyant terrifiant.

Surtout, ce qui lui coupait le souffle et le prenait à la gorge, c'était cette abominable odeur de sang. Et le cadavre dégoulinant à ses pieds.

Le corps était couché sur le ventre, inerte, et se vidait lentement de son sang. Ted ne reconnaissait pas l'homme devant lui, et ne voyait pas ce qui pourrait le lier à la victime. Il gémit piteusement :

-Pitié... !

-Il est trop tard pour la pitié, annonça une voix sourde en colère.

L'homme se tordit le cou pour apercevoir son interlocuteur. Il se retrouva nez à nez avec une adolescente de quatorze ans, les cheveux en bataille, le visage tâché de sang, les yeux irradiants de fureur. Ted prit peur :

-Je n'ai rien fait ! Je suis... vous devez avoir tort, je ne sais rien de vous, je n'ai rien à faire avec...

La fille le coupa d'un grognement agacé. Elle rapprocha son visage du sien.

-Tu aurais pu savoir qui je suis. Si tu t'intéressais un peu plus à ton fils.

-Mon fils... Ted haleta. Mike ? E... écoutez, si vous cherchez Mike, je peux vous l'apporter, je peux... vous voulez de l'argent ? J'ai de l'argent. Je peux vous donner ce que vous voulez, je...

Son agresseuse émit de nouveau un sifflement de mécontentement et effectua un geste de la main qui écrasa la tête de l'homme contre le mur. Il n'eut même pas le temps de se demander par quelle sorcellerie elle y était parvenue qu'elle continua de plus belle :

-Je te veux. Mort.

Un frisson d'horreur parcouru le dos du cinquantenaire. Sa bouche resta sèche comme du papier buvard.

Puis il se força à reprendre ses esprits et à agir méthodiquement : la police était sûrement en train de le rechercher en ce moment même. Il fallait juste qu'il gagne du temps pour empêcher cette folle de passer à l'action. 

-Pourquoi ? Qui es... qui est-il ? demanda-t-il en désignant le cadavre.

La folle renifla et lâcha :

-Mauvaise personne. Il a touché Jonathan. Il l'a insulté. Il l'a abusé. Celui là aussi. Et celui-là. En fait, tous ceux-là.

Elle désigna d'un large geste de la main quatre autres corps entassés dans le coin que Ted n'avait pas vu. L'homme frémit et se retint de vomir.

Il repensa à toute vitesse à ce qu'elle avait dit.

Jonathan. Jonathan Byers ? Qu'entendait-elle par là ? Elle secoua la tête :

-Il n'y aurait pas dû avoir de sang. Ca ne sonne plus comme un accident à présent. Mais j'ai perdu le contrôle avec celui-ci.

Elle esquissa une grimace terrifiante tandis qu'elle repoussait le visage du macchabée avec son pied.

My little eyeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant