Whispers and screams (Jonathan)

64 8 49
                                    

Niveau d'angst : 9/10

Un silence de plomb régnait sur Hawkins. A la vue des étoiles qui saupoudraient le ciel nocturne, El pouvait déduire qu'il était près de minuit. Elle reconnut immédiatement la maison devant ses yeux : c'était celle des Byers. Elle y vivait presque à intermittence, et se sentit nauséeuse à l'idée de voir les secrets intimes d'un quasi membre de sa famille.

La jeune fille tourna la tête frénétiquement, tâchant de détourner le regard. Vecna s'en rendit compte et ricana :

-Ho ho... Tu es intimidée ? Eh bien, tu peux l'être, je suis plutôt fier de celui-là...

Elle sentit ses liens se resserrer et la forcer à observer la scène. Elle renonça à se débattre, ses yeux brûlaient d'une rage impuissante.

Il s'écoula encore quelques instants, durant lesquels rien d'autre ne troubla la sérénité nocturne qu'un concert pianissimo d'une multitude de craquements des bois et de chants d'insectes.

Puis finalement, la poignée de porte oscilla avec hésitation. Jonathan sortit de la maison, une veste passée par-dessus ses épaules, les mains dans les poches, l'air soucieux.

El laissa échapper un couinement désespéré. Dès l'instant où la maison des Byers avait été dévoilée, elle avait immédiatement pressenti que c'était de Jonathan dont il allait être question.

Le photographe s'éloigna furtivement de la maison, le visage fermé et sombre. Elle remarqua, intriguée, un détail troublant : Jonathan avait jeté sa vieille veste noire le mois dernier. Laissée trop près d'un feu de cheminée, elle avait légèrement brûlé. Or c'était sans aucun doute la même veste que le jeune homme portait en ce moment, et elle ne portait aucune trace de combustion.

El arriva à la conclusion que la scène se déroulait dans le passé. Et en y faisant attention, elle remarquait que les cheveux de Jonathan étaient un peu trop courts, ses traits un peu différents. Elle misait sur trois mois auparavant.

.

Jonathan avançait lourdement sur le parterre de feuilles séchées. Les poings enfoncés au plus profond de ses poches, le visage grave, il marchait d'un pas automatique. Son cœur battait de plus en plus fort et sa bouche s'asséchait. Il planta ses ongles dans sa paume et continua de marcher.

Je ne veux pas faire ça. Je ne veux pas. Pitié. Je ne veux pas.

Jonathan réfréna un gémissement lorsque le cabanon de bois se profila à l'horizon. Sa démarche ralentit encore, souhaitant de toutes ses forces que quelqu'un arrive -Hopper par exemple-, et lui dise de rentrer chez lui, le dissuade de s'y rendre.

Mais personne ne répondrait à ses prières.

.

L'homme du cabanon était sur le point d'allumer une cigarette lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Il reposa son briquet et observa le nouveau venu. C'était un jeune homme d'une petite vingtaine d'années, pas très grand, bien bâti, blond, des lèvres rouges, beau. L'air dur et fatigué, il referma la porte et s'essuya poliment les pieds sur le paillasson. L'homme le regarda faire sans sourciller, puis il lâcha en allumant finalement la cigarette :

-Tu es en retard

-Ouais, je sais, je suis désolé, se défendit le garçon. Mais mon frère... il a mis longtemps à s'endormir et je ne pouvais pas...

-Hey hey hey, ferme-la morveux, je m'en tape de ta vie, se moqua l'autre en tirant une bouffée.

Jonathan s'interrompit docilement, il n'était de toute manière pas venu là pour faire la conversation.

My little eyeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant