AU-DELA DE TES OMBRES

Chapitre 13

Un petit mot pour toi, lecteur/lectrice : garde à l'esprit que ceci est un premier jet. J'essaie de le rendre le plus lisible possible, mais mon but premier est avant tout de poser l'histoire. Bonne lecture à toi :)

Jayden

Je ne sais pas ce qui m'a retenu de jeter Hailey en travers de la selle de Hunter sans autre forme de procès. Je deviens trop tolérant avec cette fille, ses blessures cachées n'excusent pas tout. Le bordel qu'elle fout dans ma vie depuis huit jours est loin de ce que j'imaginais quand j'ai pris la décision de révéler à son père la vérité sur la mort de sa femme. S'il s'est effondré, sa fille pour sa part pourrait bien me sauter à la gorge avec la même impulsivité qu'elle démontre depuis notre première rencontre.

Petite furie !

La baffe monumentale que je me suis prise alors que je ne cherchais qu'à la protéger, ses multiples attaques verbales, son intrusion dans ma vie privée, tout ça commence à peser lourd dans la balance des renoncements. Elle me fait tourner en bourrique avec ses gamineries. Moi qui pensais que sa jeunesse me permettrait de la manipuler facilement ! c'est tout le contraire. Je vais sans doute devoir déclarer forfait, me passer d'elle et trouver un autre moyen d'exécuter mon plan.

Quand je l'ai surprise dans la travée de l'écurie, accrochée à la crinière de Sweet Girl, la selle sans tapis sur le dos de sa monture, mal ajustée, mal sanglée, j'ai entrevu en deux secondes l'étendue du désastre. Non seulement j'étais face à une piètre cavalière, contrairement aux mensonges qu'elle me sert depuis son arrivée, mais sa monture était l'une des juments consignées dans leurs stalles jusqu'à nouvel ordre. Le mustang a été aperçu autour du ranch des Carter, à quinze miles de Falling Rocks. Il pousse le culot jusqu'à tenter de recruter aux abords des dépendances pour renforcer son harem d'une dizaine de juments.

Pour être honnête, la perte potentielle de ma jument n'est pas seule en cause. Il faudrait que je cesse de m'inquiéter pour la santé de cette fille, alors qu'elle pourrit la mienne depuis huit jours. Je me suis planté d'un bout à l'autre, jamais elle n'acceptera la vérité que je comptais lui révéler. J'aurais mieux fait de laisser faire son père. C'est un électron libre totalement ingérable. Et je ne suis même pas sûr au final que ce soit une question d'âge.

Si Jonas n'a pas décroché un mot quand j'ai réquisitionné deux hommes pour m'accompagner, l'envie le brûlait de me suggérer de ramener la rebelle à Great Falls dès son retour. La confier à sa garde n'était peut-être pas une très bonne idée. Je ne vois pourtant personne d'autre dans le rôle de garde-chiourme. Mes employés ont déjà en charge le travail au ranch et le groupe de touristes que je leur ai délégué.

Bennet revient vers moi au petit trot, les yeux fixés sur le cheval de Hunter et sa cavalière qui s'éloigne.

— Les traces partent vers le nord, m'informe-t-il. On a des chances de les rattraper avant la frontière si on ne traîne pas.

Nous suivons la piste de la horde sans trop de mal, les yeux rivés sur les traces qu'ils ont laissées au sol sur leur passage. L'air se rafraîchit drastiquement à mesure que nous grimpons, mais le temps semble se maintenir au calme.

En fin d'après-midi, sans être menaçant, le ciel se couvre d'une couche grise uniforme. La lumière baisse et il devient aléatoire pour les chevaux de s'aventurer plus loin dans la rocaille.

— On continue un heure de plus, avertis-je malgré tout Bennett. L'étalon lui aussi va trouver un endroit où passer la nuit.

Nous n'avons pas encore aperçu le groupe, mais les traces évidentes de sabots et de crottins frais nous prouvent que nous sommes sur la bonne piste. Une heure plus tard, il n'est plus possible d'avancer sans danger pour nos chevaux. Un renfoncement rocheux nous offre un coupe-vent acceptable pour la nuit. À cette altitude, nous ne sommes pas à l'abri d'un orage ou d'une tempête de neige. Et si une bête sauvage vient nous déranger, nos arrières seront protégés.