Chapitre 14

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Hailey

Le dénommé Hunter remonte en selle et pousse son cheval dans ma direction. Il m'offre son étrier dans lequel je glisse mon pied à contre-cœur. Je fulmine de rage à la seule pensée de mon plan échoué, mais je ne vais pas rentrer à pied ou m'enfuir en courant dans la montagne.

Dire que tout avait si bien commencé, que j'avais obtenu la complicité d'une Carlita plus que mitigée à l'idée de trahir son employeur, que j'aurais réussi mon coup sans cette saleté de cheval sauvage. J'espère que Jonas le corbeau n'exercera pas sa vengeance sur Carlita, et que Jayden ne la congédiera pas à son retour pour son manque de loyauté. De toute manière, je me demande où elle pourrait bien aller, elle vit sur les terres du ranch.

— Accroche-toi à moi, ma belle, si tu ne veux pas meurtrir ton joli petit cul, me susurre mon cavalier, son profil mal rasé tourné vers moi.

— Protège plutôt le tien si tu ne veux pas te le faire botter par ton patron !

Il glousse comme un abruti en talonnant son cheval et m'affirme que si j'avais passé la soirée avec lui l'autre jour, au lieu de baffer le mâle alpha, j'en aurais gardé un meilleur souvenir que celui des quatre murs de ma chambre. J'ai droit aux détails plus dégueulasses les uns que les autres de ce que j'ai manqués et qu'il se promet de me faire découvrir si le cœur m'en dit. Cœur qui tout le long du chemin loge dans ma gorge, baignant dans la bile écœurante de ses propos salaces.

Quand nous arrivons en vue du ranch, je commence à flipper sérieusement. Jayden n'est pas là et son ordre de me confier à Jonas tourne en boucle dans ma tête. Peut-être aurais-je dû m'allier la protection de mon cavalier au lieu de rembarrer ses tentatives lourdingues de séductions.

Le cow-boy passe une jambe par-dessus l'encolure de son cheval et m'offre ses bras pour m'aider à descendre. Je balance un court instant entre ce secours providentiel et la vision horrifique de Jonas, encadré par ses deux acolytes, dont les silhouettes viennent d'apparaître sur le seuil de la maison. Je choisis le premier recours dans un élan d'urgence.

— Hunter, pourriez-vous m'accompagner jusqu'à ma chambre, s'il vous plaît ?

Le gars m'envoie l'œillade la plus perplexe de sa panoplie d'expressions. Il se demande à quoi il doit mon soudain revirement de politesse, et comprend assez vite quand son regard suit le mien en direction de la cour.

— Alors là, ma jolie, je ne peux pas grand-chose pour toi, se désole-t-il comme un gros lâche.

Quelqu'un se met à gémir à l'intérieur de ma poitrine. Je crois bien qu'il s'agit d'une réplique de moi-même, la plus raisonnable, celle qui m'exhorte à tout bout de champ de cesser mes provocations dangereuses. Jonas s'arrête à notre hauteur, imité par ses hommes.

— Qu'est-ce que tu as encore fait comme conneries ? s'intéresse le corbeau maléfique, sur le ton qu'il emploierait pour partager son avis sur les prévisions météo.

La manière dont il ajuste ses gants de cuir noirs, doigt après doigt, me flanque des frissons d'appréhension tout le long de l'épine dorsale. Je sais déjà que je vais passer les prochaines heures dans ma chambre jusqu'au retour de Jayden. C'est ça être sous la garde de Jonas. Ce cinglé de cow-boy se venge de ma désobéissance par personne interposée.

— Va te faire foutre, sale con ! Je n'ai pas de comptes à te rendre !

— C'est ce que nous allons voir. Tu te souviens de ce que je t'ai dit la dernière fois ?

Je m'en souviens parfaitement. Je suis un problème qui contrecarre ses projets avec Jayden et il a l'intention de m'éliminer. Je me tourne vers Hunter, la bouche grande ouverte comme un poisson hors de l'eau. Le gars baisse les yeux, bafouille deux ou trois mots à l'intention de Jonas.

AU-DELA DE TES OMBRESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant