Chapitre 18

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Jayden

Je n'arrive pas à me rappeler ce que je fous ici. Tout est blanc du sol au plafond, des murs au mobilier. On dirait une chambre d'hôpital, elle en a l'odeur en tout cas. Sauf que je n'ai mal nulle part. Je me sens même particulièrement bien, pour ne pas dire cotonneux. En inclinant la tête du côté gauche, je repère le bandage qui entoure mon épaule et une partie de mon torse.

Et là, je me souviens.

Les images fondent sur moi à la vitesse d'une balle. J'en ressens l'impact physiquement. D'instinct, je sais que le projectile n'est pas ressorti.

— Jayden ! fuse une voix tout droit venue des abysses.

Putain !

Quand je tourne la tête en direction de la porte, une masse sombre se tient sur le seuil de la pièce. Des flammes dansent en crépitant dans son dos. Il affiche une paire de cornes au sommet du crâne. On dirait Rocket, mon taureau reproducteur. Sauf que les Black Angus n'ont pas de cornes.

Je cligne plusieurs fois des yeux sans parvenir à déclencher l'image suivante. Le film reste grippée sur la tête monstrueuse, un sourire machiavélique en étendard.

— Ne me regarde pas comme ça, mec, on dirait que tu as vu le diable en personne.

Re putain !

— Wow ! C'est Jonas, mec, atterris ! La morphine ne te réussit pas, on dirait.

Il s'en paye une tranche, toutes dents dehors, et il est bien le seul. J'ai beau l'éclairer pleins phares, j'ai du mal à renoncer à la vision qui s'est présenté à l'entrée de ma chambre.

— Depuis combien de temps je suis ici ?

— Trois jours. Il a fallu t'opérer deux fois. Des complications, le toubib t'expliquera. Sans compter que tu as perdu beaucoup de sang le temps qu'on te rapatrie à l'hosto.

— Hailey ?

Il balance sa main par-dessus son épaule. Je suis obligé de lutter pour que les mots sortent sans faire trop d'histoire. J'ai l'impression que quelqu'un s'acharne à les renvoyer dans ma gorge pendant que je le pousse dans l'autre sens. La question suivante, un peu plus complète, me prend trois plombes en s'étirant à l'infini.

— Qu'est-ce que tu as fait à Hailey ?

S'il l'a frappée, s'il l'a encore enfermée dans un box, s'il a... Putain, c'est quoi ce cirque ? Un démon femelle s'annonce à l'entrée de la pièce. Elle porte les mêmes cornes que Lucifer, une tenue en cuir rouge hyper moulante, et se traîne une queue de cinq pieds de long (1). Quand elle se dirige vers moi, son fouet en main, une flippe totale s'empare de moi.

— Comment allez-vous, monsieur Carlton ? La douleur est-elle supportable ? Vous n'abusez pas de la morphine, au moins ? Hmmm, je vois que le niveau a bien baissé.

Elle se plante près de mon lit, et c'est là que je prends conscience de tous les tuyaux qui me relient à une perche où sont accrochées des poches contenant toutes un liquide translucide. Je bredouille comme un minable, pendant que Jonas se marre en regardant la démone sous ses ordres tripoter ma pompe à morphine.

— Vous n'êtes pas raisonnable, monsieur Carlton. Je vais devoir diminuer et espacer vos doses bolus, (2) décide-t-elle.

Je rassemble toute ma volonté, la concentre sur ma main valide, que j'envoie dans la direction de la succube. Il n'est pas question que tous les malins de l'enfer contrôlent mon libre arbitre. Mes doigts se referment sur l'aiguille plantée dans mon bras, que j'arrache avant de tirer d'un coup sec sur le tuyau relié à la pompe.

AU-DELA DE TES OMBRESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant