Chapitre 3

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Marine enfourna son plat de travers de porc accompagnés de pieds de porc à la graisse de porc. Elle sortit d'un placard un saucisson de porc et attrapa un couteau pour le trancher. Marine était une militante née : elle mangeait du porc à tous les repas pour se battre contre l'islamisme. Elle essuya ses mains sur son tablier.

« Jordan, mon chou ! cria-t-elle en direction du salon. Viens mettre la table, papa va arriver ! »

Jordan soupira. Il n'aimait pas que Marine se prenne pour sa mère. En plus, Marine était une femme, c'était à elle de s'occuper de la maison. Il obéit cependant et se leva du canapé pour installer trois couverts sur la nappe bleu-blanc-rouge. Ce soir, Jean-Marie avait été invité à dîner chez Marine. Celle-ci avait demandé à Jordan d'être présent lui aussi, mais il ne savait pas trop pourquoi il était là. Elle voulait probablement le faire sortir de son antre de déprime, où il pensait jour et nuit à Gabriel en s'astiquant parfois sur des images mentales de son ancien amant. Jordan aurait quand même préféré qu'elle lui change les idées en l'emmenant au cinéma ou au parc d'attraction. Le vieux Jean-Marie, toujours pas mort malgré son grand âge et complètement sénile, n'était peut-être pas la meilleure solution, même si Jordan l'admirait.

L'insupportable sonnette ne tarda pas à retentir dans la maison, faisant sursauter Jordan.

« Ah ! Jordan, va ouvrir à Papa ! ordonna Marine

- Mais Marine... C'est ton père, pas le mien.

- Et alors ? Vas l'accueillir enfin ! Quel malpoli, celui-là... »

Jordan se leva une nouvelle fois du canapé, soufflant et marchant à pas lourds comme un enfant capricieux. Il ouvrit la porte. Jean-Marie se tenait derrière, un grand sourire aux lèvres dévoilant des dents bien blanches, bien alignées, bien refaites. Marine lui ressemble tant, pensa Jordan. Ils me rappellent tellement ce dessin animé japonais, là... Celui avec des titans...

« Bonjour, Monsieur Lepen. » le salua Bardella

Jean-Marie répondit par quelque chose qui ressemblait à un grognement. Il n'était plus tellement capable de s'exprimer avec des mots clairs. Mais peu importe, c'était un homme puissant au passé riche, victorieux et tortionnaire, et c'est tout ce qui comptait. Malgré son état actuel, il méritait toute la reconnaissance de Jordan et des autres fascistes. Que seraient-ils tous, sans lui ? Probablement rien. Sans Jean-Marie, la France serait nord-africaine, islamiste, gangrénée par le wokisme et la propagande LGBT depuis longtemps déjà. Mais grâce à lui, la France était restée la France pendant bien des années, et c'était à Jordan de reprendre le flambeau pour que la France reste encore la France.

Le vieil homme pénétra dans le salon et s'assied à table après avoir échangé une bise avec sa fille. Le repas se passa dans une ambiance joyeuse et chaleureuse pour tout le monde, même si les pensées de Jordan restaient sans-cesse occupées par son ex-socialiste. Marine faisait des blagues racistes et Jean-Marie riait aux éclats en avalant ses 50 nuances de porc. Parfois, Jordan intervenait pour dire du mal des arabes ou de Jean-Luc Mélenchon et les Lepen approuvaient.

« Une fois qu'on aura tué tous les arabes, réussit à articuler Jean-Marie, ce sera le tour des pédés ! »

Le sang de Jordan ne fit qu'un tour. Il enfonça son dos dans sa chaise.

« Papa, enfin, rétorqua Marine. Je te trouve un peu extrême, là. On pourrait simplement leur retirer le droit au mariage, au pacs, et dépénaliser l'homophobie ! Il me semble que c'est largement suffisant.

- Nan, faut tous les tuer ! »

S'en était trop pour Jordan. Il se leva de la table, s'excusa, et sortit de la maison dans la pénombre nocturne. Bien sûr, le RN et lui-même n'avaient jamais été pro-LGBT, au contraire. Mais il réalisait maintenant que si Jean-Marie et les électeurs d'extrême droite venaient à apprendre sa relation avec un autre homme, il serait déchu de son statut pour sûr. Il essuya une larme coulant sur sa joue. Ses pas inconscients le menèrent jusqu'à Matignon. Il aurait tout donné pour que Gabriel le réconforte, l'embrasse, le prenne dans ses bras et le prenne tout court. Mais que faire si son amour le rejetait ? Que faire s'il se retrouvait seul encore une fois ?

Jordan frappa trois coups secs contre la porte.

L'urne ou l'amour [Bardella x Attal]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant